Immigration et découpage électoral : comment la gauche est avantagée

bureau de vote - élections

Les republications de l'été dans la presse ont du bon : elles permettent de découvrir des articles passés inaperçus et qui prennent après coup une importance nouvelle. Ainsi, Le Canard enchaîné a-t-il eu la bonne idée, cette semaine, d'aller repêcher un passionnant article du Figaro de janvier dernier intitulé : « Carte électorale : les biais politiques d’un critère démographique à bout de souffle ». L'auteur y rendait compte d'une passionnante étude de l'ancien ministre Alain Marleix, instigateur du dernier redécoupage des circonscriptions en 2009-2010, et de l'universitaire Thomas Ehrard, maître de conférences en science politique à l’université Panthéon-Assas, auteur d'une thèse sur le découpage électoral sous la Ve République. Ces lanceurs d'alerte prenaient à témoin l'opinion publique et les responsables de droite sur le caractère inégalitaire et antidémocratique du critère démographique de la population pour le découpage électoral.

En effet, la carte des circonscriptions doit être régulièrement révisée en fonction des évolutions démographiques : certaines perdent des habitants, d'autres en gagnent. L'égalité des citoyens devant le suffrage exige donc que chaque circonscription rassemble un même nombre d'habitants. Environ 120.000, selon les calculs actuels, avec une marge de plus ou moins 20 %, pour tenir compte des autres critères (géographiques, un député minimum par département, etc.).

Mais voilà : le critère principal retenu, en France, pour ces redécoupages périodiques « n’est pas basé sur la nationalité ou sur l’inscription sur les listes électorales, mais sur le nombre total d’habitants, dont une partie n’a pas le droit de vote », expliquent-ils, pointant le poids de l'immigration dans certains départements, qui leur confère de facto des sièges en plus. Sont donc avantagés les départements des grandes métropoles à forts flux migratoires, comme la Gironde, la Haute-Garonne, la Seine-et-Marne et le Val-d'Oise, par exemple. Or, pour Marleix et Ehrard, dans ces départements, cette immigration croissante entraîne « des inégalités de représentation entre circonscriptions ». Leurs calculs fournissent des exemples parlants : « La voix d’un électeur de la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis vaut deux fois plus (1 voix pour 57.421 inscrits, ratio de 38,6 %) que celle d’un électeur de la 3e circonscription de Vendée (1 voix pour 134.805 inscrits, ratio de 92,2 %), alors que les deux circonscriptions, qui élisent 1 député chacune, comptent sensiblement le même nombre d’habitants, soit 148.794 pour la première, contre 146.273 pour la seconde. » Vous pourrez aller consulter les autres exemples et constater que la gauche est la grande gagnante de l'affaire : sur les 20 circonscriptions dont le nombre d'inscrits sur les listes est faible par rapport à la population, 18 avaient, en 2022, un député de gauche !

Alain Marleix, ex-député UMP du Cantal et père d'Olivier Marleix, réélu en juin dernier en Eure-et-Loir, tenait en janvier un discours radical : « La conséquence politique de cette situation est une grande distorsion dans la représentation au Parlement. On ne peut pas continuer comme cela, car la ruralité, déjà mal en point, risque de l’être encore plus. Plus les étrangers sont nombreux en France, plus notre système électoral est faussé. Cela pose un problème démocratique. » Il ne croyait pas si bien dire et les résultats du 7 juillet dernier ont encore confirmé ce rapt antidémocratique de la gauche.

Surtout, les deux auteurs nous mettent en garde sur l'amplification de cette distorsion démocratique pour le prochain redécoupage. En s'appuyant sur la comparaison entre la Haute-Garonne (10 sièges pour 937.729 inscrits) et la Seine-Saint-Denis (12 sièges pour 800.507 inscrits), ils affirment que « la présence d’étrangers favorise le nombre de sièges accordés aux départements qui en comptent le plus ». Le nombre total de députés étant plafonné, le même problème se posera par exemple à Mayotte, soumise à une immigration incontrôlable.

La solution est connue : comme dans de nombreux pays du monde, il faudrait « retenir le nombre de citoyens ou d’inscrits sur les listes électorales plutôt que celui des habitants ». C'est justement ce qu'avaient proposé Alain Marleix et le gouvernement Fillon, en 2009, dans une formulation nuancée. Mais voilà, cette disposition avait été censurée par... le Conseil constitutionnel.

Vu l'absence de majorité, il est peu probable qu'un gouvernement ne s'engage sur cette question minée et les prochaines législatives, en 2025 ou 2027, se tiendront certainement avec le même découpage. Mais cela ne doit pas empêcher la droite et le RN de songer sérieusement à cette question quand ils disposeront d'une majorité solide.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Premier problème à résoudre pour la droite patriotique, supprimer le Conseil Constitutionnel , composé de gens qui ne sont pas élu au suffrage universel, donc non représentatif du peuple. Ensuite s’attaquer à l’immigration non réglementée, ce qui revient à stopper cette dernière par des mesures non conventionnelles.

  2. Il y a une autre option, celle de plafonner le nombre de députés par département à 10. Mais ça réduira de plus de moitié le nombre de députés du Nord et de presque autant ceux de Paris. Ou sinon, autre possibilité, un seul député par ville. Les villes de plus de 120 000 habitants auront un député pour eux tous seuls, et fini cette aberration actuelle sur les petits villages à 30 km soient représenté par un député urbain.

  3. Sidérant dans la perversité ! Et que dire de ce « conseil » constitutionnel cafard qui nous plombe pour tout ..

  4. On ne peut pas demander au conseil constitutionnel habité par la gauche d’être objectif, et encore moins sensé ! Tous ses membres ont été nommés par les derniers présidents qui ruinent la France depuis Mitterand …

  5. Une véritable escroquerie constitutionnelle avec la bénédiction du même conseil constitutionnel qui n’est plus qu’une chambre de copains coquins.

  6. Je tombe des nues ; il me semblait tellement évident que le critère retenu était le nombre de citoyens français, sans y ajouter les étrangers. Ceux-ci bénéficient donc déjà un peu du droit de vote.

  7. Ces avantages sont logiques puisque ce sont les gauchistes qui ont fait les découpages … qui continues à avantager McRond et sa bande.

  8. Tiens …? Comment peut-on imaginer que cette situation électorale à l’avantage de la gauche se soit développée à l’insu de tous? Nous sommes en tous cas convaincus que cette pertinente étude débouchera sur un rétablissement démocratique !

    • Je crains que vous ne rêviez et pour quelques temps encore malheureusement. La France n’est plus une démocratie

  9. La gauche ganelon n’aime pas les français d’origine car seule une minorité d’entre eux vote pour elle. Le capitalisme gaulliste socialisant ne créait plus suffisamment de pauvres et la droite Gargamelle avait besoin de main d’oeuvre moins chère. Ils se sont donc mis en collusion pour favoriser l’immigration qui leur permettait de créer des français de papiers électoraux pour s’assurer la préservation de leur prébendes électorales. Les gauchos ne sont pas des humanistes car ils ont besoin de pauvres pour des raisons prétendument opposées. La pseudo gauche ce sont des escrocs anesthésiant les français pour les pro politiques au groin dans l’auge . Leurs électeurs des naïfs au mieux, des niais au pire.

    • la gauche islamo-écologiste se permet en outre cette contradiction désarmante d’approuver l’immigration de remplacement et de conspuer les puissances d’argent !

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