Le phénomène du squat devient récurrent, en France. La hantise de rentrer de vacances et de retrouver son foyer occupé par des inconnus est passée du cauchemar à la réalité pour de nombreux Français. Dans la plupart des cas, les propriétaires peinent à récupérer la possession de leur domicile et la préfecture de police met plusieurs jours, sinon plusieurs mois, à expulser les occupants qui, bien souvent, laissent derrière eux de lourds dégâts.

Vendredi dernier, un propriétaire de logement squatté à Toulouse, accompagné d’un journaliste de La Dépêche du Midi, ont été agressés, insultés et caillassés par une vingtaine d’individus venus soutenir les squatteurs. Ces actions de squat sont, aussi, de plus en plus violentes et les occupants illégaux n’hésitent pas à s’approprier les logements de personnes âgées, comme en février dernier : Roland, 88 ans, avait retrouvé sa maison occupée par une dizaine d’individus.

Qui sont donc ces squatteurs et comment s’y prennent-ils pour réquisitionner des lieux illégalement ? Boulevard Voltaire a enquêté.

Tout d’abord, il semblerait que le squat s’inscrive dans une démarche à la fois politique et économique. Économique car, parmi les squatteurs, certains le font par incapacité à payer un loyer mensuel et ne trouvent pour se loger que l’occupation illégale du foyer d’autrui. Une cause reprise par la gauche. Mais c'est aussi une démarche politique : les squatteurs, issus dans de très nombreux cas des mouvances antifascistes, entendent ainsi combattre le principe de propriété privée, une notion trop capitaliste. Dans cet élan d’autolégitimation, des antifas-squatteurs ont mis au point une brochure d’une trentaine de pages afin de recenser toutes les techniques permettant d’ouvrir la porte d’un logement.

Un site Internet qui fait référence au sein des mouvances les plus radicales de l’antifascisme français publie ainsi ce document intitulé Toutes les portes s’ouvrent. Publié le 15 novembre dernier, il présente notamment des indications très précises et complètes sur la manière de crocheter les serrures des portes d’entrée et diffuse une liste de conseils pour pénétrer efficacement dans un logement clos. Le texte accompagnant la brochure explique : « D’abord il existe mille autres manières de rentrer dans un bâtiment vide que la porte principale, donc pas besoin de s’en faire une obsession. En regardant bien, tu trouveras peut-être un accès par un jardin, derrière des volets, une fenêtre, une cave ou un toit. »

La même brochure propose également des solutions pour fabriquer son propre matériel de crochetage ainsi qu’un « petit cours introductif sur les alarmes » pour déjouer les éventuels systèmes de sécurité.

Ces antifas et squatteurs assument donc totalement l’illégalité de leurs actes, ils s’enorgueillissent même de développer un véritable savoir-faire. Au fil de notre enquête, nous avons pu réaliser à quel point l’antifascisme et la culture du squattage illégal étaient intimement liés, et ce, depuis des dizaines d’années. En 2003, déjà, un collectif nommé « squattregor » avait publié un manuel intitulé Barricadons nos squats dont le but était « d’organiser une véritable défense vis-à-vis des keufs lors de l’expulsion d’un squat et de faire croire à une débauche de moyens défensif dans l’objectif de faire dépenser un max de thunes à l’ennemi ».

Alors que nous entrons en période de trêve hivernale, il est fort probable que, se sachant protégés par la loi française, les squatteurs multiplient les effractions. Un phénomène explosif lié à l’expansion et à la radicalisation du mouvement antifa en France. Le sujet du squat risque fort de s’inviter à la table des débats présidentiels…

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07 décembre 2021 à 21:20

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