Il y a 30 ans, la chute du mur de Berlin (1/5)
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Auteur de Le Mur de Berlin, histoire et chute, Marc Geoffroy revient, pour Boulevard Voltaire, dans une série de cinq articles sur les jours qui précipitèrent l'effondrement du mur.
De 1949 à 1961, trois millions de citoyens, attirés par le confort de vie et la liberté à l’Ouest, fuirent la République démocratique allemande, la vidant ainsi de ses forces vives. La moitié avaient moins de vingt-cinq ans. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités communistes érigèrent un mur pour entourer la partie ouest de la ville et endiguer cet exode continu. 10.315 jours plus tard, le « mur de la honte » s’effondra dans les dernières minutes du 9 novembre 1989, sans combat. Cette chute précipita l’impensable : la fin de l’URSS, une nuit de Noël 1991, et la transition des pays sous le joug communiste vers un régime démocratique.
Pour en arriver à ce dénouement heureux, les « Montagsdemonstrationen » (« manifestations du lundi ») furent une étape importante du bras de fer opposant les citoyens est-allemands à leurs dirigeants sclérosés. La première d'entre elles se déroula le 4 septembre. Un groupe d’étudiants se rassembla, à l’occasion de la Foire internationale de Leipzig (la deuxième ville de RDA), pour réclamer la liberté de voyager librement. La sinistre Stasi réprima brutalement cette manifestation. Le pasteur Christian Führer proposa, pour le lundi suivant, une prière pour la paix. Les étudiants s’y rendirent nombreux. Devant la ferveur de la prière collective, l’homme d’Église les invita à revenir tous les lundis soir. Chaque lundi, le nombre de fidèles s'accrut.
Le 7 octobre, le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, reçu par son homologue Erich Honecker, assista à Berlin à la commémoration du 40e anniversaire de la RDA. Tandis que les jeunes du parti unique défilèrent, la foule scandait « Gorbi, Gorbi ». Le 9, 70.000 personnes manifestèrent à Leipzig, martelant « Keine Gewalt » ou « Wir sind das Volk » (« Pas de violence », « Nous sommes le peuple »). Désemparées, les autorités ne réagirent pas et l’Armée rouge resta dans ses casernes. Le 17, Honecker fut destitué et remplacé par le jeune Egon Krentz (52 ans). La veille, 120.000 personnes avaient manifesté et réclamé des élections libres. Le 23, ils furent plus de 200.000. Les jours suivants, les rassemblements devinrent quotidiens. Le 27, l’annonce d’une amnistie générale pour les manifestants emprisonnés fut saluée par l’opposition comme « un premier signal, longtemps attendu ».
Le 30, plus d’un demi-million de personnes participèrent, à travers le pays, au rituel défilé du lundi soir, dont 300.000 à Leipzig. Un nouveau slogan apparut : « À bas le mur ! »
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