Il y a 250 ans, Marie-Antoinette épouse par procuration le futur Louis XVI

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Elle n’avait pas encore quinze ans lorsque, ce 19 avril 1770 (il y a tout juste 250 ans), Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, épousait par procuration à Vienne Louis Auguste, Dauphin de France. Trois jours avant, l’ambassadeur de France, le marquis de Durfort, avait fait la demande officielle de mariage. La cérémonie religieuse eut lieu aux Augustins, paroisse des Habsbourg. Le marié était représenté par l’archiduc Ferdinand, frère de la mariée. Le mariage du siècle, pourrait-on dire : la « fille des Césars » s’unissait – ou plutôt était unie - au fils de Saint Louis.

Mariage du siècle imaginé par le ministre Choiseul, alors que la France sortait affaiblie de la guerre de Sept Ans (1756-1763) face à un royaume de Grande-Bretagne et une Prusse en pleine ascension. C’est l’impératrice Marie-Thérèse (1717-1780), dernière des Habsbourg, qui conduisit à l'autel l’avant-dernière des seize enfants qu’elle avait eus de son mari, François de Lorraine (1708-1765), empereur du Saint-Empire. Marie-Antoinette était « souriante et presque gaie », écrit Maurice Boutry (1868-1931) dans Le Mariage de Marie-Antoinette (1904). Les anneaux furent bénis par le nonce du pape et la musique de la Cour entonna le « Te Deum ».

Le lendemain, des courriers partent pour la France afin d'annoncer la nouvelle. Marie-Thérèse joint une lettre plus personnelle pour Louis XV. « En perdant un si cher enfant, toute ma consolation est de le confier au meilleur et le plus tendre père. Qu’Elle [Votre Majesté] veuille la diriger et lui ordonner ; elle a la meilleure volonté, mais à son âge j’ose La prier d’avoir de l’indulgence pour quelque étourderie ; sa volonté est bonne de vouloir mériter ses bontés par toutes ses actions. Je la lui recommande encore une fois comme le gage le plus tendre qui existe si heureusement entre nos États et Maisons. »

Et le 21 avril, à 9 heures du matin, Marie-Antoinette quittait Vienne. Elle ne reverra jamais sa mère et sa patrie. Un cortège de 57 voitures et 386 chevaux et bidets, pas moins, s’ébranle alors, transportant 132 personnes (dames d’honneur, secrétaires, pages, chirurgiens, gardes du corps, etc.). Le voyage durera 24 jours jusqu’à Versailles. Pour ceux qui s’intéressent aux coulisses de l’Histoire, mentionnons que notre poste à cheval accomplit une véritable « prouesse logistique », comme on dirait de nos jours, afin d’assurer les relais de cet imposant convoi, une fois arrivé sur le territoire français. Ainsi, on alla jusqu’à emprunter la moitié de leurs chevaux aux postes des routes de Bordeaux, Toulouse et Aix-en-Provence ! Cela donne une idée de l’importance de l’événement.

La « remise » de Marie-Antoinette à la France devait se faire en territoire neutre selon l’étiquette. Alors, à proximité de Strasbourg, on neutralisa une île sur le Rhin sur laquelle on construisit un pavillon composé d’une antichambre, côté autrichien, d’un cabinet, de la salle de remise, d’un cabinet et d’une antichambre, côté français, dans un esprit de parfaite symétrie. Le 7 mai à 11 heures, Marie-Antoinette descendait de sa voiture pour entrer dans ce « pavillon de remise ». Celle qui était officiellement Madame la Dauphine depuis le 19 avril dut, non seulement se séparer des personnes de son entourage, mais aussi se dépouiller de tous ses vêtements. « On l’habilla à la française des superbes atours envoyés de France, elle parut mille fois plus charmante », raconte la baronne d’Oberkirch dans ses mémoires. « En se soumettant, la Dauphine pleura », raconte Boutry.

À quoi ressemblait cette jeune adolescente ? Toujours la baronne d’Oberkirch. « Madame la Dauphine était, à cette époque, grande et bien faite, quoiqu’un peu mince… Ce même visage allongé et régulier, ce nez aquilin bien que pointu du bout, ce front haut, ces yeux bleus et vifs. Sa bouche, très petite, semblait déjà légèrement dédaigneuse. Elle avait la lèvre autrichienne plus prononcée qu’aucun de ceux de son illustre maison. Rien ne peut donner une idée de l’éclat de son teint, mêlé, bien à la lettre, de lis et de roses. Ses cheveux, d’un blond cendré, n’avaient alors qu’un petit œil de poudre. Son port de tête, la majesté de sa taille, l’élégance et la grâce de toute sa personne étaient ce qu’ils sont aujourd’hui. »

Le 14 mai, à Compiègne, eut lieu la rencontre entre les deux époux qui reçurent la bénédiction nuptiale, deux jours après, dans la chapelle du château de Versailles.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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