À l'occasion de l'organisation de la Coupe du monde de football, depuis le 14 juin, tous les projecteurs sont braqués sur la Russie.

Au micro de Boulevard Voltaire, Héléna Perroud explique en quoi cet événement sportif permet de faire découvrir une face méconnue du pays.

La Coupe du monde de football organisée par la Russie touche à sa fin. Elle avait fait beaucoup de débats, notamment autour de la capacité de la Russie à l'organiser dans de bonnes conditions. D’après vous, Vladimir Poutine s’en est-il bien sorti ?

Il me semble que, de l'avis général, la Coupe du monde se passe très bien. Je note que les supporters ont pu entrer en Russie sans visa. C'est une innovation majeure, y compris par rapport aux Jeux olympiques de Sotchi. Et ces passeports portent même une petite mention "Non au racisme", ou quelque chose dans ce goût-là.
Pour l'instant, il n'y a eu aucun incident et la Russie a montré qu’elle était capable d’organiser une compétition de ce niveau dans onze villes différentes. C’est beaucoup plus compliqué que l’organisation des Jeux olympiques de Sotchi. De surcroît, la Coupe du monde de football dure deux fois plus que les Jeux olympiques, avec un mois contre quinze jours.
Le bilan est très positif d’un point de vue de l’organisation. Au-delà de cette capacité d’organisation, il y a une question d’image. C'est ce qu'on appelle, en bon français, le « soft power ».

Le hooliganisme était une vraie question au début de la Coupe du monde. Nous connaissons la ferveur des supporters russes, surtout lorsqu'il s'agit de sport. A priori, les consignes ont été respectées et il n'y a eu, a priori, aucun cas d'action raciste de hooligans russes.

Si le hooliganisme existe malheureusement dans le sport en Russie, il existe aussi ailleurs sur la planète. Toutefois, non seulement il n'y a eu aucun cas, mais il y a eu, au contraire, une ouverture totale de la part des Russes à des populations très diverses. Cela a permis aux Russes de donner aux étrangers une vision de la Russie beaucoup plus juste que celle que l’on voit d’habitude par le truchement des médias occidentaux.
Les onze villes qui ont accueilli ces matchs sont situées dans des régions très différentes du territoire russe. Les Russes ont montré, de cette façon-là, leur propre diversité ethnique, culturelle et religieuse.
La ville de Kazan, par exemple, qui a accueilli le premier match de l’équipe de France, est une ville pour partie musulmane depuis très longtemps. Les Russes ont cette diversité ethnique sur leur territoire depuis de longs siècles. Mais cette facette de la Russie est très méconnue des Occidentaux.
Et si une nation multiculturelle a accueilli, ces dernières années, une Coupe du monde de football, c’est bien la Russie.

D’un point de vue plus international et moins sportif, cela a été aussi l’occasion, pour la Russie, d’être au centre de l’actualité internationale. Cela a permis à Vladimir Poutine de montrer une image de son pays auquel l’Occident n’était pas habitué. Vladimir Poutine a-t-il marqué des "buts" politiques pendant cette Coupe du monde ?

Sur le point international, c’est évident.
Un grand nombre de chefs d’État ont fait le voyage qui de Moscou, qui de Saint-Pétersbourg, comme Emmanuel Macron pour la demi-finale.
Les projecteurs du monde entier sont braqués sur la Russie depuis le 14 juin dernier. Une Coupe du monde de football n’est évidemment pas seulement un événement sportif, mais c’est aussi un événement diplomatique majeur.
Il y a, également, un intérêt strictement national que Poutine exprime d’ailleurs tout à fait librement et très régulièrement avec des interlocuteurs étrangers et ses propres compatriotes. Poutine a besoin de développer la pratique du sport dans son pays. Très honnêtement, le football n’était pas, jusqu’à présent, un sport national russe aussi populaire en Russie que l’est le hockey sur glace.
Il ne faut pas oublier quelle est la réalité du climat russe. Pour avoir une herbe verte douze mois sur douze partout dans le pays, c’est tout simplement impossible.
La Coupe du monde a permis la réalisation de travaux gigantesques au moins dans les onze villes qui accueillaient la Coupe du monde et, par des techniques sophistiquées, de garantir une herbe verte douze mois sur douze dans ces stades-là.
Poutine insiste en permanence sur la nécessité d’avoir une population saine. Il s'adresse, notamment, à la population masculine davantage tentée que la population féminine de fumer, de boire ou de se droguer. Poutine dit sans cesse que le sport a la vertu d’éloigner toutes ces pratiques.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:16.

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10 juillet 2018 à 20:53

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