M. Macron fait de la réforme des retraites le chantier n° 1 de l’an II de son quinquennat.

Mais il a mal démarré : il a laissé entendre qu’on allait toucher aux 31 milliards des pensions de réversion. L’argumentaire se déployait, implacable : ces pensions étaient injustes, incitaient les femmes à rester à la maison plutôt que de travailler. En outre, les pacsés et les concubins n’y avaient pas droit ; bref, les pensions de réversion sentaient le soufre dans l’univers de M. Macron. Mais il y a eu une révolte unanime de l’opinion publique, Jupiter s’est effondré dans les sondages et il a dû faire machine arrière.

Mais d’autres menaces persistent et je ne vois absolument pas l’intérêt d’une réforme des retraites. M. Macron promet qu’elle sera indolore. Pourquoi la faire, alors, si elle ne changera rien pour les Français ? Je pense plutôt que transformer les règles de jeu des cotisations retraite fera, en fait, peu de gagnants et beaucoup de perdants. En revanche, cette réforme sera très intéressante pour l’État car, en prenant prétexte d’un déficit réel ou imaginaire, le pouvoir baissera autant qu’il le souhaitera la valeur du point de retraite (actuellement, il ne peut pas diminuer les pensions existantes).

On a vu, avec la CSG, que le gouvernement (de quelque bord qu’il soit) considère les seniors comme des vaches à lait qu’on dépouille sans vergogne, en les insultant s’ils renâclent trop lorsqu’on les vole. Les fonctionnaires seront également les grands perdants de ce nouveau système qui renflouera les caisses de l’État. Certes, on tiendra compte de leurs primes, qui se montent parfois à 30 % de leur rémunération, mais comme on se basera sur le nombre de points acquis sur toute la carrière et non sur les six derniers mois, les retraites des fonctionnaires chuteront d’une manière difficile à quantifier mais importante.

Dans un entretien à L’Opinion, M. Boulhol, de l’OCDE, avoue que le système actuel est quasiment à l’équilibre et que le déficit n’est pas inquiétant. Il devrait se résorber dans les dix à vingt ans, une fois les papy-boomers décédés, même s’il est impossible de faire des prévisions, vu que les pensions sont indexées sur le prix et que les cotisations retraite le sont sur les salaires, et qu’on ignore comment ces derniers progresseront. Et moins il y aura de chômage, plus le déficit sera faible, mais personne ne sait combien la France comptera de sans-emploi en 2022 !

Sans donner aucun argument, M. Boulhol se prétend favorable au système par points, en imposant néanmoins un âge minimal pour partir à la retraite de 63 ans. On pourrait, en effet, permettre à chacun de partir quand il le souhaite dès qu’il sera satisfait du montant de sa pension, mais selon M. Boulhol, le résultat serait catastrophique, car on a toujours tendance à sous-estimer ses besoins et à privilégier le court terme aux dépens du long terme. Beaucoup trop de personnes partiraient à 55 ans et seraient dépendantes des systèmes d’aide sociale à 80 ans.

Mais M. Boulhol souhaite indexer la valeur du point sur l’espérance de vie. Plus elle sera élevée, moins vous toucherez. Sa vision est celle d’un technocrate comme l’est M. Macron. La réforme que ce dernier préconise est sans intérêt pour le futur retraité, et est même dangereuse pour lui. L’adopter permettra aux gouvernements du futur de spolier les seniors bien plus facilement que maintenant.

Il faut arrêter toute discussion et garder notre système actuel, qui est aussi performant que celui de la Suède, dont on nous rebat les oreilles. Et si le royaume nordique prenait exemple sur nous ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/08/2018 à 20:05.

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11 juillet 2018 à 9:21

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