Kit Harington, l'acteur qui joue Jon Snow dans la série Game of Thrones, se dit pressé de voir l'aventure se terminer. Nous aussi.

Game of Thrones a commencé comme une série de droite : un monde sans pitié où les idéalistes naïfs et ceux qui font preuve de clémence envers leurs ennemis finissent décapités - comme Ned Stark.

Or, insidieusement, au fil des saisons, l'idéologie gauchiste prend le pouvoir, jusqu'à pervertir le jeu des acteurs - de plus en plus forcé - et sombrer dans une dualité manichéenne. Le machiavélisme et l'humour grinçant du nain (Tyrion Lannister) en faisait un personnage moralement ambigu ; cette complexité s'efface au profit d'un sermonneur s'efforçant de convaincre Daenerys de ne pas lâcher ses dragons sur ses ennemis de la capitale : il y aurait trop de pertes civiles…

De même pour Jaime Lannister qui, de jeune fauve arrogant n'ayant aucun scrupule à précipiter un enfant du haut d'une tour - afin de protéger le secret de son amour incestueux -, se transforme en gentil garçon, quelque peu naïf. Quant à Cersei, elle devient un monstre au visage déformé par la haine.

L'auteur-réalisateur se singularisait en mettant à mort ceux des héros s'éloignant un peu trop des règles du "Jeu du Trône" - de la realpolitik. Or, au fil des saisons, une main invisible se fait de plus en plus interventionniste : les personnages sombrent dans les eaux glacées avant de refaire surface, ils sont sauvés de leur stupidité par des cavaliers - et des dragons - surgissant in extremis. Quant à Jon Snow, victime de son manque de sens politique, il est purement et simplement ressuscité. À mesure que la moraline prend le pas sur les lois de la vie, les scènes de combat se font de moins en moins réalistes - la palme revenant à l'avant-dernier épisode de la saison 7.

Le progressisme de Game of Thrones avance désormais à visage découvert. Le féminisme est triomphant, le nombre de reines et de femmes de guerre va croissant et le guerrier le plus accompli est une femme, qui fait mordre la poussière à des épéistes de légende.

L'absence de mariage dans une lointaine contrée ? "Libérateur". Même la théorie du genre fait son entrée : Arya, qui déplore la soumission sociale des femmes, affirme s'être pleinement épanouie depuis qu'elle est capable de se changer en homme.

Le multiculturalisme, l'antiracisme et l'antiesclavagisme sont glorifiés. Longtemps, la principale inquiétude de Daenerys est de trouver une flotte pour transporter son armée. Mais lorsque les dirigeants d'une cité qu'elle assiège lui offrent leur marine, elle exige qu'ils libèrent en plus tous leurs esclaves. Cette femme blonde platine à la peau laiteuse se laisse alors porter au-dessus de l'immense foule métissée des esclaves affranchis. Et c'est à la tête d'une horde de cavaliers nomades qu'elle marche à la conquête du continent, planifiant ainsi une invasion étrangère.

Le relativisme civilisationnel n'est pas en reste : pour Jon Snow, les "sauvageons" qui livrent des raids meurtriers au sud de la "Grande Muraille" - érigée, précisément, pour s'en prémunir - sont "simplement nés du mauvais côté du mur". Soit le type d'inversion causale prisée des tiers-mondistes, qui consiste à prendre les réalisations découlant de notre supériorité technologique pour les causes de cette supériorité - la colonisation et le "pillage" des ressources du Sud expliqueraient la domination européenne du XIXe siècle.

La dernière saison défend l'idéal sans-frontiériste d'une communauté de destin entre tous les hommes. Les luttes de pouvoir entre familles apparaissent désuètes et rétrogrades. On ouvre enfin les yeux : nous sommes tous des humains qui devons lutter ensemble contre notre seul ennemi véritable : le changement climatique - pardon, l'armée des morts.

Pour unifier les belligérants, les réalisateurs se sont bien gardés de faire intervenir une menace étrangère ou même, comme dans Le Seigneur des anneaux, une autre espèce humanoïde - ils préféreront des zombies aux ordres des "Marcheurs Blancs". Le seul dénouement qui sauvera cette série du politiquement correct est une victoire du seul personnage faisant encore preuve d'intelligence politique : Cersei.

Notons, enfin, qu'on ne compte plus les hommes de pouvoir qui "ne sont partis de rien". Quant à l'Église, elle est dépeinte sous les seuls traits de l'Inquisition.

Il est urgent de constituer un "Hollywood occidental", subventionnant des œuvres qui soient réellement de droite.

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21 octobre 2017 à 17:41

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