Les librairies sont fermées et les concerts annulés. Pourtant, il y a des artistes qui s’en sortent mieux que d’autres ; François Hollande, par exemple. Afin d’assurer la promotion de son dernier livre, Leur État expliqué aux jeunes et aux moins jeunes, l’ancien Président, non content d’avoir participé à plus de treize émissions de radio et de télévision en à peine une semaine, part maintenant en tournée alors que les Rolling Stones et Eric Clapton - pour ne citer que ces vedettes de moindre importance - ont dû reporter les leurs aux calendes hellènes.

Bien sûr, ce ne sera pas la tournée des grandes salles, même s’il se croit encore au zénith de sa carrière, mais celle des écoles. Le but ? Parler de « démocratie et de laïcité », l’ouvrage en question ayant vocation à être une sorte de manuel d’éducation civique à l’usage des jeunes générations. Car, affirme-t-il dans Paris Match, « c’est le rôle d’un ancien président de la République, s’il est invité, de montrer que la politique est accessible et de parler aux jeunes ».

À ce compte, il aurait pu aussi engager Valéry Giscard d’Estaing en première partie de son spectacle, afin d’honorer quelques dates supplémentaires dans les maisons de retraites, et histoire de « montrer que la politique est accessible et de parler aux moins jeunes ». Voilà qui aurait au moins eu le mérite de ressusciter le fameux duo formé par Statler et Waldorf, les vieux rigolos du « Muppet Show ».

D’ailleurs, le show présidentiel semble être mieux que rodé. Mylène Farmer et Fabrice Luchini n’ont plus qu’à bien se tenir, tel qu’en témoigne la qualité des prestations présidentielles, au service d’un texte de très, très haute volée.

« Comme chef d’État, j’ai eu la responsabilité de prendre des décisions, mais l’État n’appartient pas au Président. Il existait avant lui et demeurera après lui. » C’est beau comme du Plutarque, mais en un peu mieux. Toujours dans une semblable veine : « Quand il y a une crise, ce sont les plus fragiles, les plus précaires qui la paient. » Vraiment ? On peine à le croire. Enfin, les écoliers, eux aussi, ont bien le droit de rigoler, François Hollande n’étant pas loin de battre Jamel Debbouze dans l’art difficile du stand-up. Si, après ça, les décrocheurs ne reviennent pas à l’école en courant, c’est à n’y plus rien comprendre.

Pourtant, il n’est pas interdit, même dès le plus jeune âge, d’être sensibilisé à la gravité des noirs enjeux qui s’annoncent dans la nuit obscure. Et François Hollande de prévenir, la mine pénétrée : « Dans les prochaines années, vous aurez une responsabilité particulière. Vous serez dans un pays qui va souffrir et attendre des réponses fortes. On voit bien comment les populistes peuvent utiliser la peur et l’inquiétude. » La blague du populisme n’est pas neuve ? Qu’importe, c’est souvent avec leurs vieux sketchs que les comiques explosent l’applaudimètre.

Pour demeurer dans le registre du show-biz, il est de plus en plus murmuré, dans ces cercles donnés pour être bien informés, que François Hollande tenterait bien un come-back, mais en politique, cette fois-ci. Ce vendredi 13 novembre, sur France Inter, il prétend ainsi : « Le message que j’essaye de faire passer est qu’Emmanuel Macron ne peut pas y arriver seul. » Alors qu’avec son aide providentielle, ce serait inzepocket et fingerzinzenose, on imagine. Du coup, Julien Dray, naufragé du strauss-kahnisme et, depuis, recyclé sur CNews, risque ce diagnostic : « Il y a un vide à gauche et dans ce vide, tout est possible. François Hollande peut espérer le combler face à Emmanuel Macron. » « Espérer », c’est le mot.

Mais il en faudrait plus pour décourager notre homme qui, après avoir joué à guichets fermés au collège Saint-Pol-Roux de Brest, affirme au reporter de Ouest-France : « Je n’ai jamais perdu la flamme ! » Julie Gayet ne devait pas penser autre chose en lisant le dernier numéro de Voici.

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19 novembre 2020 à 17:39

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