La venue de Poutine à Versailles doit être, pour la France, l'occasion d'innover enfin une véritable politique étrangère. Or, assurer, comme l'a fait le Président Macron, que les discussions avec le chef du Kremlin seront "sans concessions" est franchement une aberration tout simplement parce que cela signifie qu'il n'y a pas, de la part de notre pays, de volonté de jouer le rôle qui lui revient sur le plan international mais celle de se cantonner dans le rôle d'enfant obéissant de l'OTAN, comme il l'a été jusque-là.

La France doit, partout dans le monde, assumer le rôle fondamental de décrispation. Or, les crispations, ce n'est pas ce qui manque et ce qui va manquer demain, sachant l'hurluberlu qui dirige les États-Unis, lui qui voit le monde uniquement comme un marché. La décrispation, elle doit commencer chez nous en Europe. La France doit faire tout son possible pour que Poutine ne soit plus obsédé par son rêve de grandeur. Mais elle doit aussi taper du poing sur la table vis-à-vis de l'Ukraine : le problème fondamental vient en grande partie de ce pays qui a voulu imposer la langue ukrainienne du côté de Doniets. Notons que, sur le plan de la corruption, il se situe au 131e rang mondial... comme la Russie, d'ailleurs. Il faut arrêter de dénigrer les Russes. Notre rôle doit absolument consister à faire que les liens entre eux et les pays de l'Est se détendent. Les Estoniens, par exemple, ont tout à gagner à "faire copains" : jusque-là, ils vendaient du lait, du fromage, de la viande de porc aux Russes. Combien de millions de dollars ont-ils perdus suite aux sanctions ? Et qu'ont donc apporté les sanctions ? Crisper encore plus les crispations !

Nous devons retirer des pays baltes nos troupes, qui seraient rapidement débordées si la Russie décidait d'attaquer. D'après un stratège russe, il ne faudrait que 48 heures à la Russie pour occuper l'ensemble des pays baltes. Notre présence est donc une opération suicide en puissance, en plus d'être une opération nourrissant la crispation. La France doit aller jusqu'à créer dans l'esprit des pays de l'Est et de la Russie un espace Schengen en les incitant à créer le maximum de relations, commerciales, culturelles, linguistiques... Il n'est pas possible de croire que les tensions vont ainsi continuer ad vitam aeternam. Là est notre rôle. Nous avons bien fini, nous, par l'assumer avec l'Allemagne après tant d'années et d'années de haine. En un mot, la France doit être réparatrice de l'Histoire.

Angela Merkel a pu juger, lors du G7 en Sicile, le niveau d'intelligence et, donc, la dangerosité de Trump. Maligne comme elle est, elle n'a pas hésité à se positionner comme chef de file de l'Europe, en affirmant clairement ce qui désormais nous différenciait des États-Unis. Il ne faut pas laisser l'Allemagne s'assigner un nouveau rôle diplomatique. Chaque fois, cela a fini par une catastrophe. S'il faut porter haut, sur le plan mondial, le rôle de l'Europe, c'est à la France de le faire, surtout pas à l'Allemagne, trop brutale, comme l'a montré l'Histoire. Et, là encore, notre rôle de décrispation est fondamental.

Nous avons tous un ennemi commun : c'est, bien sûr, l'islamisme, et là, les Russes sont indispensables. Ils doivent être nos partenaires. Mais, bien sûr, décrispation ne signifie pas génuflexion.

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31 mai 2017 à 1:12

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