Le fragile rebond de la croissance…

La croissance, en France, devrait dépasser 1,5 % cette année, pour la première fois depuis 2010. Ce n’est pas un exploit. Mais c’est moitié plus que la décennie précédente. C’est moins que la moyenne de la zone euro : 1,9 %. C’est beaucoup moins que l’Espagne, qui atteindrait 2,8 %. La croissance mondiale atteindrait, hors Union européenne, 3,7 %.
 
Trois constats viennent conforter le diagnostic. Premièrement, "les hommes et les femmes qui font l’économie ont le moral au plus haut depuis une décennie", écrit Jean-Marc Vittori dans Les Échos du 11 septembre. Deuxièmement, "les entreprises embauchent en masse. En un an, leurs effectifs ont grossi de près de 300.000, plus forte hausse en une décennie." Troisièmement, "la croissance vient de France et non plus de l’étranger".
 
Il ne s’agit plus de l’effondrement des cours du pétrole, de la baisse des taux d’intérêt et de la baisse de l’euro. L’investissement des entreprises joue : il a progressé de 3,6 %. Les entreprises y consacrent 22 % de leur valeur ajoutée. Le suramortissement fiscal du précédent gouvernement a gonflé le chiffre.
 
"Une croissance solide", pour reprendre la note de l’INSEE. Il s’agit d’un simple rebond. Le tourisme repart après une année marquée par le terrorisme. L’agriculture redémarre après un printemps exécrable. Et l’aéronautique a résolu des problèmes ponctuels. Quels autres secteurs prendront le relais ? 
 
Les bombes laissées par le gouvernement Valls interdiront les bonnes nouvelles sur le déficit public. Il y a une préférence française pour le déficit et la dette, comme dans les pays en voie de sous-développement. En 2012, treize pays avaient un déficit au delà de 3 % en zone euro. En 2018, il n’y aura plus que la France à dépasser cette limite du traité de Maastricht. 
 
Pour réduire le déficit, il faudra sabrer dans les dépenses. Ce gouvernement, qui dit tout et son contraire, aura du mal. Et notre commerce extérieur ! Nos échanges extérieurs se creusent et la mondialisation limite notre production nationale. Les pays qui font du dumping monétaire, salarial, social, juridique et environnemental nous tuent à petit feu. 
 
"Un tiers des chefs d’entreprise ont du mal à trouver les compétences dont ils ont besoin", écrit Vittori. Dans un pays qui compte 18 % de chômeurs dans les catégories de Pôle emploi. Notre système scolaire n’enseigne plus les fondamentaux, l’écrit et l’arithmétique. Il porte une responsabilité dans l’effondrement.
 
L’euro remonte et n’a jamais été aussi haut depuis le 19 décembre 2016, où il était à 1,04, contre 1,20 aujourd’hui. Ce n’est pas bon pour nos exportations. Le site zerohedge et John Sussman prévoient un effondrement de 60 % des marchés en raison des bulles entretenues par les banques centrales. Olivier Delamarche, viré de BFM TV, n’en pense pas moins.
 
Ce rebond est donc très fragile.

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Mylène Troszczynski
Député européen du groupe ENL

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