Folie immobilière : plus de 10.000 euros le m2 à Paris, et bientôt des cercueils pour logement !
Querelle de chiffres, ce lundi, entre les professionnels de l’immobilier. Querelle qui dégage comme un parfum d’indécence, à vrai dire, sachant que l’on se bat pour une poignée d’euros sur des sommes extravagantes.
Objet de la querelle : le prix moyen du mètre carré dans l’ancien, à Paris, a-t-il oui ou non franchi le seuil emblématique de 10.000 euros ?
Oui, répond, dans Le Parisien, le réseau Century21, affirmant que le prix moyen, tous arrondissements confondus, s’établit désormais à 10.005 euros le mètre carré. Non, lui répond Meilleurs agents, qui établit le mètre carré à 9.536 euros « seulement ». En revanche, pour Seloger.com, on a carrément crevé le plafond, avec une moyenne à 10.027 euros.
Quoi qu’il en soit, cela met les toilettes parisiennes au prix d’un beau studio en province… et bientôt, sans doute, d’un deux-pièces car, disent tous ces braves gens, il n’y a aucune raison pour que ça s’arrête. En effet, il faut rappeler que la moyenne était de 6.157 euros début 2009, soit une hausse de 62,5 % en dix ans… et si Seloger.com dit vrai, une hausse de 6 % pour la seule année 2018.
En cause, dit le président de la chambre des notaires du Grand Paris, la situation particulière de la capitale, véritable « marché de la pénurie où la production de logements [est] essentiellement tournée vers le logement social ». Occasion de rappeler que la mairie de Paris, sous la houlette de madame Hidalgo, a effectivement préempté des terrains à Montmartre et dans le XVIe arrondissement à 12.000 euros du mètre carré… pour y construire du HLM.
Autre volet : l'effet pervers de la baisse continue des taux d’emprunt. Comme l’explique un courtier : « Quelques grandes banques ont baissé leur taux de 0,2 % en mars. Tous leurs concurrents ont suivi. Désormais, on a des taux d’emprunt aux alentours de 1,2 % sur 20 ans (alors qu’on était à 3 % en 2015). On passe même des dossiers au taux de 0,9 % ! Ça ne permet évidemment pas de compenser la cherté des prix parisiens, mais ça suffit à déclencher psychologiquement la volonté d’achat », dit-il. « Plus les prix montent, plus on se dit qu’il est urgent de signer… avant de ne plus en avoir les moyens. »
Cette folie immobilière n’est évidemment pas de nature à ravauder le tissu social, la situation devenant explosive pour des classes moyennes, voire moyennes+, renvoyées vers des fonds de banlieue où les prix se mettent, là aussi, à flamber. Et que dire des propriétaires obligés de brader des biens en dessous de 1.000 euros le mètre carré dans des régions transformées en déserts économiques ?
Alors, forcément, il y a des petits malins pour en tirer profit. Et si l’on connaît les marchands de sommeil qui logent des malheureux à prix d’or dans des gourbis infâmes, on voit maintenant arriver sur le marché la « version high-tech » du taudis. Un reportage de France Info nous apprend ainsi que les marchands de « cellules » arrivent en Europe. Première étape Barcelone où, bien que la mairie y soit opposée, des immeubles proposant ces logements d’un nouveau genre sont apparus en banlieue.
Dans nos métropoles où les chambres de bonne sont désormais des logements de luxe, on propose un couchage en cellule, comme à Tokyo. Surface moyenne : 2 m2 au sol. Vous avez bien lu. Dans l’immeuble de Barcelone, la boîte fait 1,20 mètre de large sur 1,20 mètre de hauteur (impossible, donc, d’y tenir debout) et 2 mètres de longueur. Un cercueil, en somme. Sans fenêtre, évidemment. Loyer : 200 euros par mois. Une cuisine pour quinze personnes. Sanitaires itou, je suppose…
Je ne vous surprendrai pas en vous disant que le génial entrepreneur de ces « logements à bas prix » (sic) a bien l’intention de s’installer à Paris et à Londres. La mairie fera sans doute comme celle de Barcelone : elle prendra une posture offusquée pour commencer, et puis elle fermera les yeux.
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