Le spectateur maso-culturel — occasionnel, fidèle ou pédagogue - du Festival In 2018 d’Avignon — celui du théâtre de l’entre-soi — a de la chance : après celle du rejet de l’autre, puis celle de la lutte contre le fascisme et le populisme, cette année sera LGBT ou ne sera pas.

Du 6 au 24 juillet, ce « moment de réflexion collective », où "les artistes sont là pour traduire l'air du temps", comme l’affirme à l'AFP l’un des créateurs participants, offrira la possibilité à tous les heureux festivaliers de réfléchir sur l’essence du drag king ou de l’artiste transgenre. Est-il un homme, une femme, qu’est-ce que le masculin, le féminin ? Grâce à Olivier Py et à sa programmation populaire d’excellence internationale et autoproclamée, il pourra se le demander et même assister à des "témoignages déconstruisant la masculinité".

Dans les journaux en sont abondamment cités, et en vrac, les temps forts : une pièce de Didier Ruiz, TRANS (Més Enllà) sur la transidentité, tandis que l'Iranien Gurshad Shaheman parlera des exilés à cause de leur orientation sexuelle.

"Romances inciertos, un autre Orlando", de François Chaignaud et Nino Laisné, entraînera le festivalier culturel dans un spectacle-concert autour de personnages androgynes, et le metteur en scène suisse Milo Rau le glacera d’effroi à l’évocation d'un fait divers, l'assassinat d'un homosexuel à Liège en 2012 — ce qui change tout, car l’assassinat d’un simple et banal hétérosexuel ne mérite pas un spectacle à Avignon. Sans oublier Phia Ménard, artiste née en 1971 dans un corps d'homme, qui présentera Saison sèche, où sept femmes sont "amenées à “détruire”" une maison symbolisant le patriarcat.

Et déjà, bien sûr, on se prépare à "être attaqué par la fachosphère et par des groupuscules religieux un peu extrêmes", comme le déclare David Bobée, qui présentera le Feuilleton d'Avignon, axé sur la discrimination du genre. Lequel a tout de même espoir que ça n'arrivera pas… Mais, à la vérité, tous en salivent d’avance et attendent avec délectation ses réactions et celles des archevêques, qui seront les preuves par neuf de leur génie novateur et déconstructeur et les valoriseront aux yeux du monde de la culture ! Ah ! que deviendraient-ils, tous ces iconoclastes subventionnés et embourgeoisés, sans cette fachosphère qui peuple leurs fantasmes d’adolescents espiègles restés pour l’éternité en 68 ?

Donc, après les Tristesse et Les Damnés, adaptés du film de Visconti, qui ont fait trembler le bobo imaginant sur son siège le retour d’Adolf Hitler, c’est à la lutte contre l’une des discriminations à la mode que le festivalier maso-culturel sera convié : celle de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ne font pas partie des hétérosexuels ; lesquels, a contrario, deviennent une catégorie à présent honnie et discriminée en retour, bientôt pourchassée, à l’image de l’homme blanc de plus de cinquante ans du ministre de la Culture, voué, semble-t-il, à devoir disparaître de la surface du globe.

Et même si la plupart des homosexuels n’aspirent qu’à une chose, c’est qu’on leur fiche la paix, ces victimes de la discrimination se retrouvent aujourd’hui victimes et instruments de leurs défenseurs ministériels et culturels ou, comme on dit aujourd’hui à tout propos, prises en otages par les artistes officiels et subventionnés.

C’est si vrai que, dans un en même temps très macronien et dans un élan novateur digne des grands avant-gardistes d’État du Festival In, la région Occitanie a, elle aussi, créé récemment, après les cercles jaunes brevetés art contemporain qui ornent la cité de Carcassonne, un label gay-friendly pour assurer tous les homosexuels qu’ils seront particulièrement bien accueillis. Venez, venez, homosexuels, après Avignon, venez participer à la prospérité touristique de la région ! Nous vous attendons dans la joie et la fraternité !

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05 juillet 2018 à 20:02

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