Karine Jean-Pierre a tout pour réussir en politique. La quarantenaire a été nommée, ce jeudi, porte-parole de la Maison-Blanche par le président des États-Unis. Dans une époque où l'exercice du pouvoir n’est vu qu'au prisme des privilèges ou des discriminations, Karine Jean-Pierre coche toutes les cases. « Elle sera la première femme noire et ouvertement LGBTQ+, a tweeté la porte-parole sortante Jen Psaki. Elle donnera une voix à de nombreuses personnes et elle permettra à beaucoup d'avoir de grands rêves. »

La nomination de Karine Jean-Pierre intervient alors que la popularité de Joe Biden diminue. Cette popularité atteint environ 40 %, ce qui est faible pour un président américain. En nommant une personne issue des « minorités » ethniques et sexuelles, il espère améliorer son image. « Il y a une volonté de Biden de jouer sur l’intersectionnalité, comme pour son choix de la juge à la Cour suprême, qui est une femme afro-américaine », estime Nicolas Conquer, le porte-parole des Republicans Overseas joint par Boulevard Voltaire.

D’un autre côté, Jen Psaki tenait le rôle de « press secretary » depuis un an et demi. Mission : déminer les phrases chocs du président américain sur Vladimir Poutine. Cette femme avait joué les pompiers quand Joe Biden avait lancé « espace de connard » à un journaliste de Fox News. Un poste usant, elle-même avait indiqué qu’elle passerait la main en cours de mandat.

La nouvelle porte-parole veut incarner la version woke de l'« American Dream ». Née en Martinique de parents haïtiens qui sont allés vivre aux États-Unis, elle pose ses valises avec sa famille à New York. Rapidement, elle va être un exemple d’ascension sociale en décrochant un diplôme de la prestigieuse université Columbia et fait rapidement son entrée en politique en participant aux deux campagnes de Barack Obama (2008 et 2012).

Malgré un CV riche, Karine Jean-Pierre préfère jouer la carte de la victimisation. Dans un livre publié en 2019, elle a évoqué la « pression de la réussite liée au fait de grandir dans une famille immigrée ». « Cette pression est devenue si grande, et mon sentiment d'échec si fort, que j'ai pensé que ma famille se porterait mieux sans moi. J'ai essayé de me suicider », a-t-elle raconté à la chaîne MSNBC. « C’est hypocrite. Il n’est plus du tout handicapant d’être une femme, noire ou lesbienne pour réussir aux USA, c’est presque l’inverse aujourd’hui », réplique Gérald Olivier, spécialiste des États-Unis et chercheur associé à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe, contacté par Boulevard Voltaire.

Quand la plupart des titres de la presse s’intéressent uniquement à la couleur de peau et à l’orientation sexuelle, on passe à côté d’informations bien plus importantes. Karine-Jean Pierre est en couple avec une femme, journaliste pour la chaîne très progressiste CNN. Un média connu pour ses prises de position très orientées. En avril 2021, Charlie Chester, le directeur technique de CNNavait avoué que « sans CNN, je ne sais pas si Trump aurait été viré […] Notre objectif était de faire démettre Trump de ses fonctions par tous les moyens. » De son côté, la porte-parole sortante, Jen Psaki, devrait rejoindre la chaîne de télévision MSNBC. Deux exemples qui confirment, si besoin était, que, aux États-Unis comme ailleurs, les médias sont tout sauf neutres et indépendants. « Il y a des postes à la Maison-Blanche, qui servent de tremplin pour la sphère médiatique, plus lucrative », explique Gérald Olivier.

La si vertueuse Karine Jean-Pierre se prépare surtout une belle carrière.

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06 mai 2022 à 18:00

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46 commentaires

  1. Ça nous rappelle la Sibeth , porte parole jupiterienne et son incommensurable compétence ….revoir la vidéo où elle nous explique entre autres , qu’elle ne sait pas mettre un masque ffp2 !! Du grand spectacle !!

  2. Son diplôme de Columbia, elle l’a eu avant ou après les lois sur la discrimination positive et les quotas ethniques dans les universités prestigieuses?
    L’histoire de savoir si elle doit quoi que ce soit à un hypothétique talent ou si elle a raison de ne présenter que sa victimisation aux médias.

  3. Cet éditorial marque bien dans quels affres se débâtent actuellement les USA écartelés entre les idées mondialistes et ultras progressistes, et l’Amérique profonde qui voie leurs Etats se déliter.

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