Féminisation des noms de métier : révolution sous la Coupole
Un vent d’égalité et de féminité soufflerait sous la Coupole. On bousculerait, sinon culbuterait, la dame du quai Conti. Selon des « sources sûres » dont L’Express, l’Académie « se résoudrait », enfin, à féminiser les noms de métier : ce qu’elle n’avait jamais fait, comme chacun le constate, en lisant les déclarations de la docte assemblée en date de 1984, 1990, 2002, 2014 (après le putsch de l’an 1999) auxquelles nous renvoyons !
Dernière à « se moderniser », alors que le Québec, la Belgique, la Suisse, le Luxembourg — berceaux de notre langue, avec l’Afrique (depuis que Macron l’a dit) — l’ont fait depuis belle lurette ! Enfin la fin du pouvoir masculin et de la misogynie ! Le temps est venu de « l’après-Lévi-Strauss », cet affreux anthropologue, colonialiste, essentialiste, européocentré. Voici le temps de l’académisme idéologique, made in 68, des sciences sociales et « des lingouistes de haut vol », selon l’expression consacrée. Un vent de modernité souffle bien sur nos cimes argentées.
Cette « reconnaissance » de la féminisation serait « imminente ». On ressort des exemples chauds : présidente, députée, informaticienne, préfète, procureure, rectrice. Pour cheffe et chefferie, médecine, le problème est réglé.
En tant que « linguiste », par mes études et, au premier « chef », de droit divin puisque poète, auteur, romancière, écrivain et chroniqueuse… sans oublier correctrice, car on n’imagine pas de donner à son éditeur/rice un manuscrit bourré de confusions entre « quoique » et « quoi que », « quel que » et « quelque » — qu’il me soit permis de rappeler que le genre grammatical n’est pas le sexe mais un principe de classification. Que la théorie de la sexuisemblance est une invention de Damourette et Pichon. Que le masculin a une fonction « extensive » et n’est pas le foudre de guerre qui « l’emporte ». Que c’est l’article qui, en l’absence de tout autre critère formel, est la seule marque du genre. Qu’un métier, ce n’est pas la même chose qu’un titre et une fonction. Que nos femmes sont reconnaissables entre mille. Que l’Académie féminise son lexique depuis toujours et toilette plus que ménagère au monde sans que, pour autant, le taux de chômage baisse.
Heureusement, d’ailleurs, que le mot France est féminin. Avec le mot « autrice », employé au XVIIe siècle, qui réapparaîtrait, on utilise le suffixe latin -trix, correspondant au suffixe masculin -tor. Parfait ! Sauf qu’on fait d’un acte créateur un métier. Quant à « la procureur(e) », mot masculin du lexique qui désigne une fonction, que ferait-on, sinon indiquer naïvement le sexe de la dame qui l’occupe ? Laissons (donc) « faire le temps, ta vaillance et ton roi » (Le Cid). C’est-à-dire l’usage… et l’élégance, comme aime à le rappeler « Madame le Secrétaire » de l’Académie. Nos femmes réfléchissent-elles qu’elles se « discriminent » en demandant une féminisation des fonctions dont le lexique donne, avec l’article, le genre grammatical ?
Un terrorisme intellectuel règne en milieu artistique, littéraire, à l’université. L’idéologie décoloniale et inclusive sévit. C’est grâce à l’écriture inclusive qu’on acquiert, on le sait, du galon à l’université : une promotion canapé new-look. Quand on vous dit qu’on est dans le nouveau monde !
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