Féminicides : en accusant violemment les chasseurs, Sandrine Rousseau a-t-elle passé les bornes ?

Sandrine Rousseau

La Fédération nationale des chasseurs va porter plainte contre la néo-députée NUPES Sandrine Rousseau : elle lui réclame 100.000 euros de dommages et intérêts, suite à des propos tenus, l’hiver dernier, dans lesquels elle affirmait : « Un féminicide sur quatre est lié à une arme de chasse. »

L’affaire remonte au mois de février. Celle qui n’était pas encore députée et qui, au moment des faits, venait de perdre l’investiture présidentielle de son parti EELV s’était fendue d’une sortie particulièrement polémique. Interrogée sur une affaire de tir accidentel lors d’une chasse dans le Cantal, Sandrine Rousseau avait répondu : « Moi, je pense qu’il faut arrêter la chasse complètement. Ce n’est pas un loisir que d’aller tuer des animaux le week-end avec des fusils. Et par ailleurs […], le reste de la semaine, on peut aussi le braquer contre sa femme. On a vu qu’un féminicide sur quatre est lié à une arme de chasse, un féminicide sur quatre. »

Outragé par des propos jugés stigmatisants, Jean-Michel Dapvril, le directeur délégué en charge des affaires juridiques de la Fédération nationale des chasseurs, réagit dans la presse : « […] Affirmer que nous sommes intrinsèquement violents, ça, nous ne l’acceptons pas. Une ligne a été franchie. » Sept mois plus tard, l’indignation a donc laissé la place aux poursuites judiciaire. Selon nos confrères de L’Obs, qui ont pu consulter la plainte des chasseurs, la FNC déplore des « propos abjects » et « particulièrement dénigrants ».

« Un féminicide sur quatre est lié à une arme de chasse », vraiment ?

Les chiffres avancés par Sandrine Rousseau peuvent en effet laisser sceptiques, tout comme la conclusion qu’en tire la députée. Cette dernière se base sur les « féminicides » (un terme politiquement chargé et sémantiquement contesté) comptabilisés par le collectif « Féminicides par compagnons ou par ex » sur l’année 2021. Selon ce collectif, 25,44 % des 106 crimes conjugaux comptabilisés en 2021 ont été commis à l’aide d’un fusil de chasse. Fondés sur une revue des articles de presse évoquant des meurtres conjugaux, ces chiffres n’ont donc rien d’officiel et semblent n’être accrédités par aucune étude statistique fiable.

Quand bien même ces chiffres s’avéreraient corrects, légitimeraient-ils le rapprochement fait par Sandrine Rousseau entre les chasseurs et les auteurs de crimes conjugaux ? Selon le ministère de l’Intérieur, il existe en France 4 millions d’armes de catégories C, soit les armes utilisées pour la chasse (carabines et fusils notamment). Mais ce comptage est délicat pour plusieurs raisons. D'abord, avant 2011, l’achat d’un fusil de chasse classique, à deux coups, n’était soumis à aucune forme de déclaration. À ce flou s’ajoutent toutes les armes achetées et revendues sur le marché de l’occasion qui, pendant de nombreuses années, sont passées en dessous des radars du ministère de l’Intérieur. Enfin, il existe de nombreux Français, sans être titulaire du permis de chasser, qui possèdent une arme de chasse léguée par transmission ou par héritage. « C’est un gros raccourci […], estime Jean-Michel Dapvril. Il n’y a évidemment pas que les chasseurs qui possèdent un fusil de chasse. » De quoi relativiser a minima les affirmations péremptoires de Sandrine Rousseau.

Mais, pour la Fédération nationale des chasseurs, le mal est fait. Contactée par Boulevard Voltaire, Sophie Baudin, cadre de la FNC, affirme : « Ces propos de Mme Rousseau constituent un dénigrement qui stigmatise les chasseurs. Ils doivent être qualifiés de "faute intentionnelle" ayant occasionné un préjudice moral pour tous les chasseurs. » Préjudiciables et insultants, les mots de la députée écolo font espérer aux chasseurs une condamnation symbolique de 98.879 euros, soit 10 centimes de réparation pour chaque chasseur. Rendez-vous le 21 septembre prochain pour une première audience. En attendant, Sandrine Rousseau se dit prête pour la bataille : « La confrontation va avoir lieu et je ne compte pas me laisser intimider par ces gens », répond-elle à L’Obs.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/08/2022 à 21:35.

Vos commentaires

47 commentaires

  1. elle a deconstruit son mari, elle veut stigmatiser les chasseurs, mais comment arrive t on a trouver des individus comme cela en liberté a notre époque

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