« Il faut supprimer ces allocations qui partent financer le terrorisme islamiste! »

La députée de l'Hérault Emmanuelle Duverger-Ménard dénonce le refus du gouvernement de supprimer les allocations familiales des familles terroristes qui, pour une part, vont financer les tueurs islamistes de Daech. Et son incohérence entre les propos de Mme Parly, qui souhaite la mort des terroristes français, et cette attitude du gouvernement.

"En deuxième lecture, je reviendrai à la charge. S'il le faut, nous écrirons aux différents ministres concernés. Les Constructifs avaient aussi déposé un amendement mais ils n'étaient pas dans l'Hémicycle pour le défendre."

Emmanuelle Ménard, pourquoi l'Assemblée a-t-elle repoussé votre proposition de supprimer les allocations familiales pour les familles de djihadistes ?

Je ne comprends pas cette incohérence.
D'un côté, la ministre des Armées déclare que les Français partis combattre en Syrie ou en Irak se sont mis en marge de la société française. Puisqu'ils se sont déclarés ennemis de la France, elle ne voit aucun inconvénient à ce qu'ils soient abattus sur place.
Quand il s'agit de couper les allocations familiales des familles de ces djihadistes restées sur place, alors là, on mégote, on discute, on tergiverse.
Je rappelle qu'une enquête a mis en lumière qu'environ 20 % des combattants français identifiés sur la zone de guerre en Syrie et en Irak continuaient à recevoir des allocations sociales françaises. Avec de tels chiffres, je ne comprends pas que la question puisse même encore se poser.

Faut-il faire payer aux familles le fait qu'un de leur membre soit parti en Syrie contre leur avis ou contre leur gré ?

C'est l'argument que m'a opposé le rapporteur lorsque j'ai défendu mon amendement.
Soit les femmes des djihadistes sont d'accord avec ce que font leurs maris. Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi il faudrait continuer à leur verser des allocations, d'autant qu'une partie d'entre elles partent en zone de guerre. C'est inadmissible.
Soit ces femmes ne sont pas d'accord. Dans ce cas, il y a une procédure assez simple en France qui s'appelle le divorce. Je ne pousse pas particulièrement au divorce, mais si une femme est à ce point en désaccord avec ce que fait son mari, il y a des choses qui se justifient.
Le rapporteur me dit qu'en supprimant les allocations sociales à ces familles-là, les enfants seraient privés de cantine. Je suis désolée, mais la réponse est hors sujet. Il s'agit ici d'argent qui part en zone de guerre et finance directement le terrorisme. Ce même terrorisme va permettre de combattre notamment les Français. Il ne faut pas se tromper de combat.
Je ne veux pas supprimer les allocations qui servent aux enfants pour aller à la cantine, mais je souhaite supprimer ce qui sert à nourrir et payer le terrorisme.

Si on en croit votre parallèle avec la CSG, selon vous, l'économie devrait se faire sur ces allocations plutôt que sur la hausse de la CSG.

En effet, je ne comprends pas l'attitude du gouvernement sur ce point.
D'un côté, il n'y a aucun état d'âme à augmenter la CSG pour les retraités dits "aisés", c'est-à-dire ceux qui gagnent plus de 1.200 euros par mois. De l'autre, le gouvernement a des états d'âme pour couper les allocations familiales des familles de terroristes.
On marche sur la tête !

Considérez-vous que la cause est entendue ou reviendrez-vous sur ce point ultérieurement ?

Vous pouvez compter sur moi en deuxième lecture pour poser la question à nouveau, car je trouve cette position inadmissible. L'article a été adopté en l'état et cette proposition d'amendement sur les allocations a été refusée. Il ne vous a pas échappé que je ne suis pas majoritaire à l'Assemblée.
S'il le faut ensuite, nous écrirons aux ministres concernés pour savoir quelles raisons objectives ils peuvent opposer à ce genre de propositions.

Avez-vous eu des retours positifs de vos collègues, y compris par ceux qui ont voté contre par discipline parlementaire ?

J'ai eu des retours plutôt extrêmement négatifs. Je ne comprends pas.
Il y avait trois propositions d'amendement en ce sens. Il y avait une proposition d'amendement pour le groupe FN déposé par le groupe FN et défendue par Sébastien Chenu, la mienne et celle déposée par Les Constructifs. C'est étonnant, cette dernière n'a pas été défendue, car il n'y avait personne pour la défendre dans l'hémicycle.

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Emmanuelle Ménard
Journaliste et essayiste - Députée de l'Hérault.

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