Emmanuel Macron vient de déclarer que les aides sociales coûtent "un pognon de dingue".

Jean-Baptiste Leon réagit au micro de Boulevard Voltaire aux propos du président de la République : dénonçant notamment des frais de gestion bien trop élevés, il plaide pour une unification des aides sociales et une diminution de leur nombre.

 

 


Selon Emmanuel Macron, « les aides sociales coûtent un pognon de dingue ».
Chez Contribuables associés, partage-t-on l’avis présidentiel ?

Oui, les aides sociales coûtent cher. Nous n’avons pas attendu le président Macron pour dénoncer ce qu’on peut parfois appeler à raison « l’assistanat ».
Ça coûte plus de 700 milliards d’euros par an. C’est un tiers du PIB et la moitié des dépenses publiques. Dans ces dépenses, certaines sont justifiées et d’autres moins. On tombe alors dans le problème de l’assistanat à outrance.


Derrière cette annonce, Macron passait pour le président des riches. Nous avons vu tous les cadeaux fiscaux qu’il a faits aux plus grosses fortunes de France.
Peut-on comprendre que ces paroles aient du mal à passer auprès de l’électorat français ?

Oui, on peut le comprendre surtout quand il ne montre pas forcément l’exemple. L’Élysée va acheter pour plus de 500 000 euros de vaisselle. Symboliquement, ce n’est pas le meilleur signal envoyé aux Français.
Mais au-delà même du président des riches ou non, ce qui se passe concrètement est plus inquiétant. Le président parle de diminution des dépenses publiques. C’est justifié et même indispensable pour que la France aille mieux. Cependant, on constate dans le même temps que depuis l’élection de monsieur Macron, il y a de plus en plus de dépenses publiques et d’impôts.

Que proposez-vous pour limiter les dépenses publiques sans pour autant priver les Français de sécurité sociale et de toutes ces choses qui font la spécificité du système français ?

La spécificité du système français est parfois bonne et mauvaise. Certaines allocations et aides sociales sont évidemment totalement injustifiées. Il est hors de question de sabrer dans les retraites ou les allocations chômage.
Un aspect cependant est souvent peu évoqué, les frais de gestion. Il existe des centaines d’aides sociales dont certaines font doublon et sont mal encadrées. En effet, l’État et la sécu versent certaines aides sociales, mais les collectivités locales également. Une des façons de réduire la dépense publique serait de mieux gérer. Nous évaluons les frais de gestion de ces 700 milliards de dépenses sociales entre 40 et 50 milliards. Cela correspond à presque 10 %. C’est énorme.
Il faudrait créer un fichier regroupant l’ensemble des prestations sociales. Il est aussi possible de les unifier, c’est-à-dire diminuer leur nombre, et choisir un guichet unique de versement. Qui dit différents guichets dit évidemment beaucoup de dépenses et des frais de gestion assez conséquents.
Nous pouvons vraiment rationaliser cela et faire mieux avec moins.

Vous semblez demander un choc de simplification des prestations sociales.

Il y a un vrai besoin de ce côté-là, dans ce domaine comme dans d’autres. Il existe bien actuellement un répertoire national commun de la protection sociale. Il est censé référencer l’ensemble des prestations dont bénéficient les ayants droit. Mais il est très mal fait. Toutes les prestations, montants et revenus des bénéficiaires n’y apparaissent pas. Il n’y a aucun contrôle. Nous savons qu’il y a des abus, mais ce fameux répertoire national mis en place il y a plusieurs années n’est pas du tout efficace. Il y a beaucoup à faire et notamment pour lutter contre les fraudes. La diminution des fraudes ferait faire beaucoup d’économies.

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13 juin 2018 à 19:38

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