Faible « diversité » dans les grandes écoles militaires. Et pourquoi ?
Veille de 14 Juillet, Libération titrait sur la question de la diversité dans les armées : « La diversité est très faible dans les grandes écoles militaires ». Et d’évoquer, à l’autre bout de la carrière, un haut commandement qui reste fortement « blanc, catholique, hétérosexuel », pour reprendre les propos du « chercheur » Elyamine Settoul.
Une remarque préalable : on serait intéressé de savoir comment il a trouvé tout cela, ce « trouveur ». Découvrir qu’il y a plus de généraux blancs que noirs, on imagine que ce n’est pas trop difficile. Une photographie réunissant les commandeurs de l’armée de terre, par exemple, peut être un assez bon indice. Là où ça se complique un peu, c’est pour le certificat de catholicité. On connaît la réponse qu’aurait faite, au moment de l’affaire des fiches, le colonel Pétain, qui n’était pourtant pas spécialement calotin, à un fonctionnaire qui lui demandait les noms des officiers de son régiment qui allaient à la messe : « M’y tenant au premier rang, je n’ai pas l’habitude de me retourner. » Quant à savoir si les officiers sont hétérosexuels ou homosexuels, on ne sache pas que cela ait un quelconque intérêt opérationnel.
Qu’il n’y ait pas beaucoup de « diversité » aux plus hauts échelons de la hiérarchie s’explique tout simplement par le recrutement que les armées ont fait il y a plus d'un quart de siècle. Quand le ministre des Armées Florence Parly déclare « Diversité et mixité, c’est le même combat », elle n’a pas tort. À condition d’ajouter qu’il faut partir de ce constat : on ne nomme pas un général de sexe féminin si on n’a pas recruté des jeunes femmes dans les grandes écoles, il y a trente ans ; de même, on ne « fabrique » pas un général « issu de la diversité » par génération spontanée. À la différence de ce qui peut se faire parfois dans d’autres administrations à travers le fameux « tour extérieur ».
Qu’il n’y ait pas beaucoup de « diversité » en entrée de carrière est sans doute aussi une réalité. Elyamine Settoul évoque des freins sociologiques de la part des armées - notamment l’armée de terre et la marine nationale -, « davantage tournées vers la valorisation de leur héritage historique et le passé » que l’armée de l’air, de création plus récente. Il y a pourtant une réalité sonnante et trébuchante : le passage des concours. Car on n’entre pas dans une grande école - y compris militaire ! - sans passer un concours. Et le fait d’être « issu de la diversité » ne donne pas encore des majorations de points...
On pourrait peut-être alors se poser un certain nombre de questions que le chercheur Settoul se garde bien d'évoquer devant le journaliste de Libération. Quelle est la part de jeunes « issus de la diversité » parmi les jeunes Français passant les concours des grandes écoles militaires (Saint-Cyr, Navale, Air) ? Quel est, alors, leur pourcentage de réussite ? Autre question qui pourrait être posée : qu’est-ce qui motive, aujourd’hui, un jeune Français à se présenter aux concours des grandes écoles militaires ? Dans l’article de Libération est évoqué l’« endorecrutement », avec ce que cela sous-entend de reproduction sociale. Mais derrière cet « endorecrutement » se cache bien souvent la transmission, dans les familles, de « valeurs », notamment le patriotisme, le service aux autres, l’esprit de sacrifice, le code de l’honneur, etc. C'est mal ? Toutes choses que l’on peut, d’ailleurs, recevoir dans n’importe quel milieu, pour peu, aussi, que l’école apporte aussi son appui, ce qui est une autre affaire… On découvre rarement le patriotisme par hasard et on ne se présente pas à un concours d’entrée à une grande école si on n’a pas le niveau d'étude requis. Tout cela relève, évidemment, de la lapalissade.
Tout cela, enfin, pour dire que s’il n’y a pas beaucoup de « diversité » dans les grandes écoles militaires, la raison n’est pas à chercher dans les armées mais ailleurs. Et c’est un autre sujet, bien plus vaste et qui ferait peut-être moins plaisir aux adeptes inconditionnels du vivre ensemble…
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