Européennes : Macron ne trouve personne pour conduire sa liste contre Bardella

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Un ou une inconnue ? Ou bien un éléphant ? Un politique ou un « société civile » ? Nul ne sait quel nom sortira du chapeau présidentiel : comme pour le remaniement, dont elle est en fait un épisode, la recherche de la tête de liste pour la majorité aux européennes tourne au casting sans fin. Le feuilleton a, en fait, commencé très tôt, dès cet automne, et c'était Stéphane Séjourné, chef du parti macroniste, qui était pressenti. Mais cette personnalité falote a trouvé mieux : le Quai d'Orsay. Entre une défaite annoncée face à la liste RN de Jordan Bardella et le début d'une carrière ministérielle de haut niveau, son choix a été vite fait. Car ce qui paralyse Emmanuel Macron pour ce choix, c'est bien cette avance de dix points de la liste RN, confirmée par tous les sondages, y compris le dernier (Elabe pour BFM TV et La Tribune Dimanche du 13 janvier dernier où la liste Renaissance est même en recul de 1,5 point, à 16,5 %). Le pétrole n'est pas loin et la majorité peut se dire que le plancher est atteint et que cette dégringolade est aussi due à l'absence de tête et d'incarnation. Une fois connue, elle pourrait créer une dynamique, en bénéficiant d'un effet de surprise.

L'embarras pour le choix de la locomotive confirme, au sens propre, que la Macronie est bien devenue un canard sans queue ni tête.

Les grands anciens ?

Le remaniement, en jetant la confusion sur la ligne gouvernementale, par exemple à l'Éducation nationale, a toutefois élargi le champ des possibles, dans cette Macronie où, dès qu'on est viré, on est immédiatement recyclé ou recasé. Mais la perspective d'une défaite historique n'a attiré ni Élisabeth Borne ni Clément Beaune, qui ont préféré retrouver - sans élection - leur siège de député à l'Assemblée. Ils avaient pourtant le profil et le CV.

Macron a aussi fouillé, selon Le Parisien, dans le rayon des grands anciens, mais Le Drian et Richard Ferrand ont décliné. Ils ont accouché le macronisme triomphant, ils sont visiblement moins intéressés pour l'enterrement. Le Président s'est aussi tourné, comme pour Matignon avec Attal, vers la jeune garde de ses fidèles : Julien Denormandie, ancien ministre pas trop abîmé. Mais il aurait aussi refusé.

Bernard Guetta ? Fin de la blague

Toujours selon Le Parisien, le choix devrait être fait fin février, après réunion des trois chefs de parti de la majorité : Stéphane Séjourné (Renaissance), François Bayrou (MoDem), Édouard Philippe (Horizons). Et surtout après le Salon de l'agriculture, jugé délicat : l'heureux élu n'aura pas à s'imposer cette épreuve. De quoi susciter des candidatures ? Oui, vendredi matin, c'est un député européen élu en 2019, l'ex-journaliste Bernard Guetta, qui a publiquement proposé ses services sur France 2 ! Journaliste, 73 ans, pontifiant : pas vraiment le gars à savoir parler aux agriculteurs. Option immédiatement abandonnée. Mais cela en dit long sur la déliquescence du macronisme, en perpétuelle recherche de nouveaux produits d'appât, incapable de constance.

Un Breton ?

Ah, si, il paraît qu'Emmanuel Macron a en tête le portrait-robot de ce nouveau produit : « C’est en Bretagne que se joue l’élection, je veux un Breton. » Pas faux en termes de géographie électorale : la Bretagne et l'Ouest socialistes et centristes, en dehors des métropoles, constituent le terroir du macronisme, mais il est de plus en plus grignoté par le RN qui y a réalisé des bonds spectaculaires en 2022. Il sera d'ailleurs intéressant de regarder le score de la liste Bardella en Bretagne, en juin.

En tout cas, du côté du RN, on n'a pas ces soucis de casting : non seulement on a la tête de liste, mais on a aussi le Breton. Et la Bretonne.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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