À peine viré, Pap Ndiaye recasé : quand Macron abuse du « fait du prince »

Pap Ndiaye

Le suspense aura duré à peine une semaine. Écarté du nouveau gouvernement et acculé par les critiques pour son bilan déplorable à l’Éducation nationale, Pap Ndiaye a finalement trouvé un nouveau point de chute grâce à un coup de pouce présidentiel. Par décret, signé de la main d’Emmanuel Macron, on apprend ainsi que « M. Pap Ndiaye est nommé ambassadeur, représentant permanent de la France auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg, à compter du 1er août 2023 ». Une nomination qui ne manque pas de faire grincer des dents sur les bancs de l’opposition.

Vives réactions à droite

Les Républicains, par voie de communiqué, demandent ainsi au « président de la République de renoncer à nommer Pap Ndiaye ambassadeur de la France ». Selon eux, « l’influence de la France en Europe mérite mieux ». Julien Aubert, ancien député LR de Vaucluse, va plus loin et s’inquiète des conséquences d’un tel choix. « Au vu des ravages de l’Open Society [fondation financée par l’homme d’affaires George Soros, NDLR] dans la jurisprudence de la CEDH, il est patent que ce n’est pas la nomination de Pap Ndiaye, réputé favorable au wokisme, qui va envoyer un signal contraire… », écrit-il sur son compte Twitter. Dans les rangs du Rassemblement national, ce énième parachutage agace. Julien Odoul, député de l’Yonne, dénonce « une prime à la médiocrité ». Nicolas Dupont-Aignan, de son côté, fustige cette « République des copains ». Dans une courte vidéo postée sur ses réseaux sociaux, le fondateur de Debout la France s'emporte : « C’est insupportable ! […] L’incompétence est récompensée. » Même son de cloche chez Reconquête. Certains des membres du parti d’Éric Zemmour ne cachent plus leur agacement : « Les Fran8çais n’en peuvent plus de cet entre-soi et de ces privilèges de caste. » La gauche, en revanche, d’habitude si prompte à réagir contre les « privilèges », se montre cette fois-ci bien silencieuse. Sans doute parce que sans l’avouer, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, bien que macroniste, lui plaît bien…

Des nominations abusives

Si les réactions sont si vives, après l’annonce de la nomination de Pap Ndiaye au poste d’ambassadeur, c’est que ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron recase ses ministres évincés. Ainsi, la nomination d’Amélie de Montchalin, ancien ministre de la Transition énergétique, devenue ambassadrice de la France auprès de l’OCDE, malgré sa cuisante défaite aux élections législatives, quelques mois plus tôt, a déjà été longuement évoquée par Boulevard Voltaire. Un cas loin d’être isolé, puisque Brigitte Bourguignon, ancien ministre de la Santé, et Emmanuelle Wargon, ex-ministre du Logement, toutes deux battues lors des dernières législatives, ont également reçu en récompense un joli poste. La première décroche le poste d’inspectrice générale des affaires sociales tandis que la seconde se retrouve propulsée à la tête de la Commission de régulation de l’énergie. À croire que les ministres d’Emmanuel Macron ne sont jamais perdants.

Malgré un bilan plus que mitigé, Christophe Castaner, démis du ministère de l’Intérieur et battu aux législatives en 2022, a pour sa part hérité, en novembre dernier, du siège de président du conseil d'administration de la Société concessionnaire française pour la construction et l'exploitation du tunnel routier sous le Mont-Blanc ainsi que d’une place au sein du conseil de surveillance du grand port maritime de Marseille « en raison de ses compétences », précise l’arrêté. Jean Castex a lui aussi bénéficié des grâces du prince Macron. Après près de deux ans de bons et loyaux services, le voilà nommé au poste de président-directeur général de la Régie autonome des transports parisiens (RATP). Un bon cadeau de départ pour celui qui a épaulé le Président dans sa politique de lutte contre le Covid. Florence Parly, ensuite, ancien ministre des Armées, un temps pressentie pour accéder à la présidence d'Air France, a finalement été nommée présidente du conseil d'administration du Conservatoire national des arts et métiers. Reste, enfin, Agnès Buzyn, toujours mise en cause dans le cadre du dossier sur la gestion de la pandémie, qui a réussi à récupérer le poste de conseillère maître à la Cour des Comptes.

On a désormais hâte de découvrir, dans les jours ou les mois à venir, ce que deviendront Marlène Schiappa et François Braun, également mis sur la touche lors du dernier remaniement.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/08/2023 à 22:35.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

95 commentaires

  1. c’est surtout une petite armée de petits soldats qui devront lui en être reconnaissant et qui seront a ses ordres même quant il ne sera plus au pouvoir. Et accessoirement, la démocratie la dedans ???? c’est encore un ensemble de pouvoir attribué a des gens non élus.

  2. Les politiques qui perdent leurs postes n’ont qu’a traverser la rue pour trouver du travail c’est bien ce que Macron a dit aux Français .

  3. Le nouveau monde macroniste n’a rien à envier à l’ancien . Toujours ces mêmes magouilles pour recaser en récompensant ses soutiens . Schiappa bientôt à la tête de l’ex-CSA ou bien de Playboy ? L’avenir nous en dira plus sur le fait du prince . Tiens l’abstention gagne du terrain , on se demande bien pourquoi !

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