États-Unis : Les 40-60 ans, génération classée la plus « trumpienne »

Quelle est la génération la plus « trumpienne », au sens démographique, outre-Atlantique ? C’est la question posée par le journal Politico, cette semaine, qui s’est penché sur le sujet. Après analyse des enquêtes d’opinion et de caractéristiques sociologiques par classes d’âges, la réponse n’est autre que la génération X, regroupant les personnes nées – en gros – entre 1965 et 1980. Il s’agit donc de la génération bien calée entre les fameux « boomers » (1945-1965) et première génération Internet, la génération Y (1980-2000).

Classe d’âge toutefois peu étudiée par les sondeurs, contrairement à celle des millenials, par exemple, peu d’enquêtes de fond sont effectuées sur ces forces vives. Qu’en est-il donc, dans les chiffres ? En 2020, l’institut Edison Research publiait un sondage de sortie d’urnes ayant fait beaucoup de bruit dans les sphères de gauche. Celui-ci révélait que Trump dépassait Biden uniquement sur les plus de 45 ans. Et, si en 2020, les baby-boomers et la génération silencieuse des plus de 75 ans ont en très faible majorité voté Trump, leur proportion dans l’électorat ne fait que décroître du fait de la pyramide des âges. Comme le montre le célèbre institut Pew Research, réunies, ces deux classes sont passées de 52 % de l’électorat américain, en 2016, à 44 %, en 2020. La majorité électorale est donc désormais aux mains des moins de 60 ans.

Aussi, si les enquêtes montrent que, dans leur majorité, les générations Y et Z sont acquises aux idées du camp démocrate, la génération X devient donc plus que stratégique pour la droite, seule capable de faire contre-poids à l’avenir. Dans ce sens, en septembre 2020, peu avant les présidentielles, le New York Times s’aventurait à titrer « Génération X, dernier bastion de la droite ? », précisant que les 40-60 ans représentaient le futur du parti républicain. L’éditorialiste Ross Douthat expliquait effectivement qu’y « réside désormais la force la plus évidente du président Trump ». Et d’ajouter : « Les conservateurs de la génération X deviendront de plus en plus le rempart du soutien républicain. »

Comment expliquer ce phénomène ? Le journaliste politique (anciennement chez Bloomberg), Noah Smith en donne des raisons historiques. Parmi elles : « La génération X a grandi à l’époque du réveil du christianisme, notamment évangélique. » Notons également l’influence du pontificat de Jean-Paul II (1978-2005) chez les catholiques. « Tandis que les baby-boomers ont grandi avec les émeutes, le mouvement de protestation de la guerre du Vietnam, etc., la génération X a grandi dans une nation qui se stabilisait rapidement sous le régime conservateur. »

Cette atmosphère joue sans doute pour beaucoup dans la prise de conscience récente de la génération X et le fait que les 40-60 ans se considèrent de plus en plus comme « républicains ». À leur (presque) majorité, ils vivaient la fin de la guerre froide et Ronald Reagan (1981-1989) était président des États-Unis. Faut-il rappeler que le slogan de sa première campagne présidentielle n’était autre que « Let’s Make America Great Again » ? Donald Trump n’ayant fait que reprendre la célèbre expression de celui dont il se voulait l’héritier en politique. Le parallèle pourrait en effet continuer sur leurs politiques économiques.

Culturellement aussi, et comme le souligne le journal Politico, l’ambiance américaine de la fin des années 1980 et début des années 1990 (non encore « wokisée » ou soumise au politiquement correct) semble avoir façonné cette génération. Dans les programmes de télévision, on trouvait encore des séries compatibles aux valeurs conservatrices (la série Family Ties, par exemple, où un adolescent épris de Ronald Reagan affrontait ses parents « baby-boomers » de gauche). Cet environnement plutôt « apolitique » a sans doute insufflé aux Américains de la génération X son esprit d’indépendance et son attrait pour le candidat anti-système Donald Trump, comme l’était du reste en son temps Ronald Reagan.

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