Entre le marteau et l’enclume : dur dur, d’être un LR…

Christian_Jacob_-_29-08-11

Dur, d’être LR, par les temps qui courent. Pendant que le parti promet à Macron qu’il va voir ce qu’il va voir, des anciens se pressent pour cachetonner… au gouvernement ! Le remaniement aura illustré, une fois de plus, la déchirure qui détruit l'ancien parti de Sarkozy. L’ambitieux Franck Riester, qui fut un jeune espoir de la droite, vanté à demi-mot dans les rédactions, avant de devenir ministre de la Culture d’Édouard Philippe et ministre délégué chargé de l’Attractivité et du Commerce extérieur durant deux ans sous Macron, incarne merveilleusement cet opportunisme qu’on appelle macronisme. Il poursuit donc l’aventure sur le navire du mondialisme à la française en compagnie des joyeux membres de l’équipage, Darmanin ou Le Maire, eux aussi venus des rangs LR. Et la sortie accidentelle de Damien Abad n'enlève rien à l'ambiguïté qui touche désormais l'image de LR. Riester prend ainsi le ministère des Relations avec le Parlement. Malin, de la part de Borne et Macron.

Se distinguer de ces renégats ou mourir : telle est désormais l’équation de la droite LR. Ce qui reste du parti s’y est courageusement attelé. Avant le Conseil des ministres, le parti de Christian Jacob, qui vient de démissionner, s’est donc fendu d’une lettre de deux pages adressée au Premier ministre Élisabeth Borne : la lettre indique les conditions décidées par LR avant d’octroyer son vote sur le package du pouvoir d’achat au gouvernement. Des conditions bien concrètes : une baisse des taxes sur le carburant qui ne doit pas dépasser 1,50 euro le litre.

LR réclame aussi la baisse des charges sur les salaires, charges patronales et salariales et l’annulation de la hausse de la CSG pour tous les retraités. De quoi se faire des amis – et des électeurs ! La lutte contre le tonneau des Danaïdes de la fraude fiscale et sociale complète le dispositif.

On saisit l’idée : des mesures concrètes, de droite, qui vont dans le sens d’une coupure du cordon ombilical étatique qui fait mourir le pays à petit feu en le rendant dépendant à tous égards. Il faut arrêter de taxer plus pour distribuer plus, va expliquer LR, dans un pays qui compte déjà parmi les plus taxés du monde développé. Cela sera-t-il suffisant pour redonner un souffle au parti ? On ne le jurerait pas !

Car les 89 députés RN, en votant au coup par coup pour les projets favorables à la France et aux Français, ont une ligne officielle proche des LR. Mais ils sont plus puissants au plan numérique et plus nets : il sera difficile de se démarquer pour la droite classique alors que personne ne doutera que le RN reste dans l’opposition.

Comment incarner l’anti-macronisme et l’alternance quand tant d’anciens participent au saccage macroniste ? S’ils votent les mesures en faveur du pouvoir d’achat, les LR (qui ont appelé à voter Macron au deuxième tour de la présidentielle) passeront définitivement, aux yeux de l’opinion, dans le camp macroniste, avec les partisans d’Édouard Philippe. S’ils ne le font pas, ils endosseront le rôle de l’opposant stérile, un rôle dont le RN ne veut pas. Et sortiront du jeu. Le chemin est donc étroit pour LR. Sauf si le RN trébuche ou si Zemmour retrouve la puissance de sa campagne à l’occasion des européennes. On n'en est pas là...

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Ce parti s’st tiré une balle dans le pied, depuis « tout sauf le RN ».
    Il est appelé à être le supplétif de Macron.
    Le reste s’ils sont intelligents et un brin patriote feront alliance avec la droite patriote, sinon les électeurs iront au RN.

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