[Enquête] Des paysans face à la folie antispéciste : terreur à la ferme (2/2)

campagne normande

(Deuxième volet de notre enquête)

Les militants vegans ne s’en vantent pas, mais c’est une réalité. Plusieurs actions de « libération », comme ils les appellent, ont tourné au drame. Le 14 avril 2019, des militants de Boucherie Abolition - dont la figure médiatique est Solveig Halloin - ont provoqué un massacre de grande ampleur dans un élevage. « Cette nuit-là, les militants sont entrés dans le bâtiment sans prendre aucune précaution et en criant », relate Anne Richard, directrice d'ANVOL, l'association nationale interprofessionnelle de la volaille, à nos confrères de /a>L’Express. « Ils n'ont pas voulu les tuer, évidemment, mais ils ont provoqué un mouvement d'affolement qui a conduit les dindes à se précipiter les unes sur les autres : 1.430 d'entre elles sont mortes étouffées. »

À chaque fois, le scénario se répète. Ainsi, le 8 décembre 2019, des partisans de l’abolition de toute forme d’élevage s'étaient introduits dans un clapier en Belgique, pour une opération de « libération ». Résultat : une centaine de lapins ont été relâchés mais, avec le stress et le froid, tous les animaux sont morts.

Sans parler de la violence des mots. « Libération animale », « assassins » : ce sont les termes dessinés sur les murs de la ferme de Christophe Guicheux, au sud d’Évreux. Les individus se sont filmés en train de dérober sept agneaux âgés de trois semaines, un très jeune âge où ils doivent rester avec leur mère car ils ne sont pas sevrés. « Ces agneaux vont certainement mourir dans les quinze jours qui arrivent car ils ne sont pas habitués à être nourris au biberon », constate le fermier sur France 3 Régions.

Tandis que la liste des attaques s’allonge, une question demeure, celle du choix des moyens. Pour quelles raisons les antispécistes préfèrent-ils l’action violente à la lente infusion des idées ? « Face à ce que les militants antispécistes radicaux perçoivent comme une injustice insoutenable, la parole ou l'action dans le respect de la loi ne suffisent pas », explique un professeur agrégé de philosophie, spécialiste de l’antispécisme. « Il devient donc nécessaire pour eux de mener une action plus radicale, jugée plus efficace. Si les conditions matérielles d'exploitation des animaux disparaissent (abattoirs, lieux d'élevage, etc.), alors, pensent-ils, l'exploitation cessera. »

En attendant, ces populations le plus souvent issues des grandes villes, très loin des réalités de la vie des éleveurs traditionnels, frappent fort. Mais ces actions coup de poing coûtent cher, notamment sur le plan judiciaire. Les militants de l’abolition de la hiérarchie entre l’homme et l’animal ont alors cherché à se recycler. Sur le site de L214, une rubrique nommée « politique & animaux » interpelle. L’association répertorie une liste des hommes et femmes politiques qui « ont agi pour les animaux » et ceux qui « ont agi contre ». Les internautes sont invités à interpeller les différents candidats ou élus français qui ne vont pas dans le sens de l’antispécisme. Ces groupuscules mettent en scène un véritable combat métapolitique. Certains élus sont félicités pour leurs actions, d’autres sont pointés du doigt. Leurs coups partent en tous sens. Les gentils ne sont pas toujours de gauche et les méchants pas uniquement de droite. Ainsi, le maire de Paris, Anne Hidalgo, et ses conseillers ont refusé « la création d’un budget pour la condition animale ». Mauvais point. Mais la mouvance gagne en influence.

Petit à petit, ces vegans, animalistes et autres activistes ont investi la politique locale. Lors des élections municipales de 2020, le maire EELV de Tours, Emmanuel Denis, a fait la promotion de l’initiative « Une ville pour les animaux ». Derrière cet intitulé, une charte écrite à l’initiative de L214. Le site de l’association de « défense des animaux » indique que, parmi les 387 candidats signataires de la charte, 230 sont conseillers municipaux et 55 maires de leur ville. Mais la conseillère municipale d’opposition de Tours, Marion Cabanne précise que le projet « ne s’est pas encore concrétisé par quelque chose de précis ».

Dans cette charte baptisée « Une ville pour les animaux » figure une proposition intrigante : « Promouvoir la coexistence pacifique avec les animaux sauvages et liminaires ainsi que la gestion non létale de leurs populations. » Le terme « liminaire » (pour ne pas user du terme « nuisible ») a déjà été utilisé lors d’une « mission d’information et d’évaluation pour la gestion du rat en ville et des animaux liminaires dans l’habitat » sous la houlette de la ville de Strasbourg. Certains élus écologistes avancent l’idée qu’il faudrait privilégier les nuisibles au détriment des habitants dérangés par rats ou souris.

La cause progresse dans les esprits… et le corps électoral. Le petit Parti animaliste a surgi dans le paysage politique au niveau national, recueillant 2,17 % des suffrages aux élections européennes de 2019, soit l’équivalent de 490.000 voix. Derrière sa candidate Hélène Thouy, ce parti compte bien participer à la course présidentielle et porter les idéaux de l’idéologie antispéciste. Seule contrainte : obtenir les 500 parrainages. Une contrainte de taille… pour l’instant.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/01/2022 à 10:55.
Kevin Tanguy
Kevin Tanguy
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en journalisme

Vos commentaires

31 commentaires

  1.  » coexistence pacifique avec les animaux sauvages  » ? Les antispécistes devraient accepter de servir de nourriture aux fauves… Il est stupide de vouloir transformer un carnivore en herbivore, ou un omnivore en végétalien.

  2. Quand mettra-t-on hors d’état de nuire ces fous furieux qui ne doivent pas avoir la lumière dans toutes les pièces. Entre ça et se balader avec un coran et un couteau de 30 cm dans une église ça n’est plus seulement les places de prison qui vont manquer, celles des asiles psychiatriques aussi …

  3. Tout citoyen étant un consommateur potentiel de viande, d’oeufs, devrait se battre pour la fin des élevages industriels. En effet, même si on est insensible au sort misérable des volailles et des porcs, chacun doit savoir que des produits sanitaires, toxiques, sont employés pour limiter les risques de propagation des maladies, la forte concentration des animaux augmentant le risque d’épidémies. Et ces produits se retrouvent dans votre assiette avec la viande ou les oeufs…

    • Oui. Sauf que les produits bio et éthiques sont plus chers. Sous le seuil de pauvreté, on achète le moins cher possible.

      • Oui. De plus le bio n’existe pas c’est une arnaque. À moins de cultiver ou élever à plus de 60km à la ronde de toute habitation, industrie, pesticide, etc. Peu réalisable.

  4. Personnellement, je suis opposée aux actions que vous citez. Mais je pense que si certains en arrive à ces excès c’est que les revendications raisonnables pour le respect des animaux, leurs conditions d’élevage, leurs modes d’abattage, n’ont pas été entendues par les instances… Cela fait des décennies que l’on se bat pour l’étourdissement dans les abattoirs, contre les élevages industriels, pour l’accès au parcours libre pour les volailles, et les maltraitances continuent…

  5. Ces antispeciste sont des gens manipulés par de grands groupes industriels américains qui ont intérêts à ce que nous ne consommions plus du tout de viande .
    Ces groupes sont en ce moment en train de préparer notre future nourriture , entièrement synthétique .
    A leurs yeux , il nous faut changer nos habitudes de consommation .
    Le grand principe qui dit : qui nourri le monde , dirige le monde nous éclate ici à la figure .

  6. C’est très gentil tout ça, mais si tous les animaux étaient laissés libres à l’état sauvage, vous n’auriez plus de légumes à manger mes petits Vegans.

  7. Bien que l’article ne soit pas rédigé par l’excellent Jany Leroi, j’ose me poser une question : est ce que c’est bon, un antispéciste ? Après tout si nous ne sommes que des animaux comme les autres, on peut se demander à quoi à goût notre viande. Je goûterais bien de l’antispéciste marengo, ou strogonoff… Vous non ? Ceux qui sont au régime peuvent essayer la blanquette de végan à l’ancienne.

  8. Des illuminés dangereux qui au nom d’une idéologie minoritaire mais efficace souhaitent changer le monde – nous aussi nous aimons et respectons les animaux plus qu’eux certainement et ne les faisons pas mourir dans des conditions atroces comme celles qu’ils provoquent lors de leurs interventions innommables.

  9. Le bon sens et la mesure sont chez l’humain la chose la moins bien partagée
    D’un côté il y a une viande élevés aux antibiotiques aux calmants aux anti douleurs et de l’autre des gens dont l’enfer est pavé de bonnes intentions. Au milieu un consommateur exigeant qui n’y connaît rien mais ne veut pas payer le prix.
    Insoluble pour ceux que j’ai été et qui essaient de survivre en élevant avec passion du métier des animaux qu’il aiment.

    • Je me reconnais comme omnivore, j’aime la viande et je préfère en manger peu mais de la bonne, même plus chère. Soutien aux éleveurs soucieux du bien-être et de la santé de leurs animaux .

  10. Le sens de la mesure est ce qu’il y a de moins répandu chez l’humain
    D’un côté on a des élevages intensifs à l’aide de calmants d’antibiotiques et d’anti douleurs ..de l’autre on a des gens dont l’enfer est pavé’ de bonnes intentions..
    au milieu il y a les consommateurs qui ne savent pas faire la différence entre une viande stressée a l’adrénaline et une autre sans stress mais par dessus tout il y a le fric, que les uns veulent engranger et que les autres ne veulent pas sortir.

    • C’est la base même du problème de laquelle découle tout le bla-bla. L’être humain est un animal qui se veut plus malin que les autres car il a inventé « le fric ». La nature, dans sa grande sagesse, remettra chacun à sa place, ce qui donnera l’excuse, au genre humain, d’aller pourrir d’autres planètes.

  11. Je conseille à ces jeunes gens d’aller expliquer au Lion qu’il ne doit plus manger les gentilles Gazelles, là ce serait courageux.

  12. A quand des interventions « coups de poing » semblables pour s’opposer au massacre des bébés à naître ? en leur fracassant le crâne avec des pinces …

  13. il ne faut plus être ni homme ni femme, il faut être IEL, il ne faut plus manger de viande, il faut être vegan (beurk). Les animaux ayant plus de droits que les humains, il semble qu’un petit conflit thermonucléaire répondrait à leurs problèmes distanciels en ne laissant en vie que des cafards ! Mince c’est pas écolo !

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