Enquête contre le MoDem : Bayrou va-t-il s’accrocher comme Fillon et Ferrand ?
La nouvelle est tombée en début d'après-midi, ce vendredi, quelques heures avant que l'on ne puisse plus faire aucun commentaire public sur la campagne des élections législatives de dimanche qui doivent désigner les hommes et le cap politique que veulent les Français. Campagne dans laquelle le MoDem de M. Bayrou, ministre de la Justice, et principal soutien de Macron, avec M. Ferrand, est fortement engagé pour donner une majorité au nouveau Président.
Le parquet de Paris vient donc d'ouvrir une enquête préliminaire pour "abus de confiance" et "recel d'abus de confiance" dans l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, le parti de M. Bayrou. Cette enquête préliminaire a été confiée à l'office anticorruption de la police judiciaire, a précisé le parquet.
Enfin ! serait-on tenté de dire… Les faits ont été dévoilés par Mme Lepage depuis des années, ils ont été rappelés avant la présidentielle. Mais la justice ne bougeait toujours pas, trop occupée à fouetter d'autres chats…
Mais ces jours-ci, des langues se délient, des documents arrivent, d'autres témoignages seraient sur le point de surgir du silence… Il fallait certainement ces éléments nouveaux pour que le parquet se décide. En particulier, un ex-assistant parlementaire de M. Bennahmias, député européen du MoDem, assure avoir bénéficié d’un emploi fictif d’assistant parlementaire alors qu’il travaillait au siège du MoDem.
Le gouvernement Macron-Philippe a fait la part belle au MoDem : outre M. Bayrou, deux autres personnalités MoDem concernées par cette affaire occupent des postes clefs : Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes, et Sylvie Goulard, ministre des Armées.
Au gouvernement, M. Philippe a réagi en estimant que la position de M. Bayrou n'est absolument "pas fragilisée". Dos rond. Langue de bois. M. Philippe est déjà un sacré expert en la matière. C'est d'ailleurs, pour le moment, le seul talent qu'il ait vraiment montré. En un mois à peine, son gouvernement tout neuf tout propre, qui n'a que le mot de « moralisation » à la bouche, a été atteint et dans sa crédibilité et dans son architecture politique par l'affaire Ferrand et, maintenant, par cette affaire d'emplois présumés fictifs du parti de M. Bayrou.
Dans la torpeur de ce dernier jour de campagne, il n'y a guère eu que M. Fenech pour demander solennellement la démission de M. Bayrou. Le député LR du Rhône estime que cette affaire place M. Bayrou dans "une situation flagrante de conflit d'intérêt". Dans son communiqué de presse, l'ancien magistrat et juge d'instruction condamne le fait qu'en tant que ministre de la Justice, François Bayrou dispose de tous les "contre-feux pour échapper à sa responsabilité personnelle et politique". M. Fenech fut l'un des premiers à demander, en mars, le retrait de M. Fillon. Ceux qui en faisaient alors de même - MM. Bayrou, Ferrand et Macron en tête - n'ont pas la même cohérence…
Il est certain que, quels que soient les résultats de ces législatives, le gouvernement ne pourra plus avancer avec ces deux poids lourds, qui sont désormais deux poids morts, politiquement.
Puisque MM. Macron et Philippe tardent à faire le ménage, il faut évidemment éviter de leur donner une majorité de petits Bayrou et de petits Ferrand.
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