En France, on peut mourir pour un regard… mais on ne peut pas appeler sa fille Elizabeth Taylor !

La loi matraque sans pitié ceux qui la respectent déjà. Elle ne s’applique pas à ceux qui n’en ont rien à faire.
@Whitey Schafer, Public domain-Wikimedia Commons
@Whitey Schafer, Public domain-Wikimedia Commons

La famille Taylor est installée à Plancherine, un village de Savoie situé non loin d’Albertville. C’est une petite famille sans histoire, dont la seule particularité est d’avoir un père d’origine britannique, comme son nom l’indique. Les Taylor ont accueilli, le 25 avril dernier, leur deuxième enfant, une fille. Et c’est là que ça se gâte : le couple a eu l’idée de rendre hommage à l’ascendance du pater familias en donnant à cette petite demoiselle le prénom d’Elizabeth, souhaitant ainsi, par la même occasion, rendre hommage à la défunte souveraine du Royaume-Uni. Elizabeth Taylor : c’est bon, vous l’avez ? Ce clin d’œil innocent à la sulfureuse star de l’âge d’or d’Hollywood, dont la petite fille savoyarde est désormais l’homonyme parfait, aurait pu passer inaperçu. Mais c’était sans compter sur la vigilance de la République.

Ce sont nos confrères du Parisien qui racontent la suite de cette histoire combien emblématique. Un matin de juin 2025, un commissaire de justice est venu frapper chez les Taylor, porteur d’une assignation à comparaître devant un juge aux affaires familiales. Les Taylor apprirent à l’occasion que la mairie d’Albertville avait engagé une procédure pour annuler le prénom de leur bébé. L’article 57 du Code civil prévoit ce genre de cas, si le prénom « n’est pas conforme à l’intérêt de l’enfant ». En l’occurrence, la municipalité craignait que la petite Elizabeth ne risquât de subir les moqueries de ses petits camarades, fins connaisseurs des péplums des années 60, comme on s’en doute. Interloqué, monsieur Taylor a déclaré au Dauphiné libéré : « Cette procédure nous semble non seulement disproportionnée, mais aussi source de stress inutile et de frustration pour notre famille. Est-ce que la Justice n’a pas autre chose à faire ? » Finalement, ayant réussi à prouver que des centaines de femmes s’appelaient Elizabeth Taylor sur LinkedIn, le père de famille a eu gain de cause : il pourra appeler sa fille comme il le veut.

Implacable avec les honnêtes gens

Tout est dans cette interrogation de brave citoyen français : « Est-ce que la Justice n’a pas autre chose à faire ? » On se le demande. La Justice ne sait pas faire appliquer les OQTF, la Justice relâche les meurtriers mineurs, la Justice laisse faire les rodéos, la Justice a remis en liberté les émeutiers qui ont fait brûler Paris, le soir de la victoire du PSG, la Justice n’incarcère pas les condamnés pour des peines de moins de deux ans, la Justice n’expulse pas les délinquants étrangers… mais la Justice est implacable avec les honnêtes gens. Gare à celui qui ne porte pas son masque sur la plage pendant le Covid-19, qui dépasse 80 km/h sur une route de campagne, qui oublie de régler ses PV. Maudit soit l’entrepreneur qui ne paie pas la cotisation foncière des entreprises (cette deuxième taxe foncière que l’on paie pour avoir le droit de travailler chez soi) ou le « complotiste » qui tweete des choses que le pouvoir ne veut pas lire. Malheur à ceux qui préfèrent l’école à la maison ou manifestent contre l’augmentation du carburant. Et, donc, honte à ceux qui donnent à leurs enfants des prénoms qui rappellent des stars d’autrefois : en France, on peut s’appeler Kylienzo ou Maevana, on peut porter des prénoms islamiques au mépris du Code Napoléon, mais on ne peut pas appeler sa fille Elizabeth quand on s’appelle Taylor. En un mot : la loi matraque sans pitié ceux qui la respectent déjà. Elle ne s’applique pas à ceux qui n’en ont rien à faire.

Obèse et impuissant, inefficace et dangereux, l’État s’acharne sur les braves gens et laisse courir la racaille. C’est insupportable. Il est temps que cela cesse.

Picture of Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

41 commentaires

  1. J’ai connu un Alexandre Dumas. Je voudrais d’ailleurs le saluer s’il lit Boulevard Voltaire.

  2. Nafissatou Taylor ? Assa Taylor ? Cela sonne quand même mieux qu’Elisabeth (on plus, on sait jamais s’il faut un s ou un z !)

  3. Je vous remercie Monsieur Florac pour cet article vraiment appréciable et qui en dit beaucoup sur notre Justice Française en particulier.
    J’ai hâte de lire vos prochains articles dans Boulevard Voltaire.

  4. Donc c’est facile si l’État le veut d’empêcher des parents de nommer leur enfant avec en premier prénom un prénom étranger !

  5. L’état dysfonctionnel ?
    Comment exprimer la colère que je ressens lorsque je vois toute cette délinquance impunie à longueur d’éditions et que je la compare à l’amende de plus de 100 euros que je vais recevoir dans les prochains jours pour avoir promené mon chien, en laisse certes, mais dans la mauvaise allée du parc Monceau ?
    Les policiers municipaux sont plus mobilisés (réellement ! Ils ont mis en place un dispositif tactique pour prendre les fautifs en tenaille…) pour verbaliser les « bourgeois » que pour arrêter les casseurs !

  6. Ils sont devenus fous… Pourquoi
    Mlle Taylor ne pourrait pas s’appeler Elisabeth, comme la sublime actrice américaine.

  7. L’Etat français n’est plus un Etat de Droit, c’est un territoire avec des états de droits, concrétisé par les nombreux « j’ai le droit » et autres  » vous n’avez pas le droit ». On y juge aussi beaucoup et sans tribunal ni juge, untel est « jugé » responsable de tel ou tel accident par les parents de la victime, par exemple. L’intervention d’untel est « jugée » inappropriée, ou inutile…La demande de la Ville est jugée…La présence d’untel est jugée…Le mot à utiliser est « estimée », et de même les policiers qui pratiquent le mot  » d’accord? » quand ils ordonnent devrait être  » compris? ». Il est possible que ce soit le résultat de manquements dans l’enseignement de la langue, ce qui ne m’étonnerait pas. Ce jour la météo me dit qu’il y a un risque de canicule…Pour moi, il n’y a pas de risque, en ce moment de l’année, c’est courant !

    • Je suis tout à fait d’accord avec vous Paul ter Gheist ! Les mots ont un sens, mais le sens est soit perdu soit malmené, de sorte que beaucoup de concitoyens s’expriment avec un charabia qui leur est propre et s’étonnent de ne pas être compris !

  8. Même si je ne partage pas forcément l’idée de nommer son enfant en faisant un clin d’œil historique et cinématographique , c’est encore un énième exemple d’une situation qui échappe à tout contrôle et qui dénote l’état d’esprit ambiant de petits dictateurs prêts à toutes les dérives pour faire valoir « leurs visions » du bien et du mal aux antipodes de l’intelligence en faisant délivrer une assignation à comparaître , mais qui en même temps , partout en France ignorent par exemple ostensiblement nombre de cas de mal traitance des enfants placés ! Ou laissent prospérer les dealers à chaque coin de rue ! Espérons que aux prochaines élections à Albertville les habitants se souviendront de cette brillante décision de leur municipalité …

    • Ghost vous avez mal lu l’article, cette famille Taylor ne faisait pas un  » clin doeil cinématographique » ils sont d’origine britannique et Elisabeth est le prénom de leur dernière souveraine, quand en France on appelait des petits garçons  » Charles » çà ne posait aucun problème parcequ’à ce compte là si par hasard on s’appellerait  » de gaule » alors il y aurait des prénoms interdit ? Moi j’ai connu enfant un garçon qui s’appelait Alexandre et son patronyme c’était  » Legrand » personne n’y a vu un problème !et en effet tout est contenu dans cette seule phrase :Est ce que la Justice n’a pas autre chose à faire !

  9. On voit les priorités de la justice, en plus E Taylor était une grande et magnifique actrice, ils auraient du l’appeler, Rachida, ce serait mieux passé !! Non mais vraiment, ça devient grotesque

  10. République des juges , république des fonctionnaires bornés , la démocratie subit les assauts répétés de nos « zélites » . Tic tac , tic tac …

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Augmenter le budget de la Défense oui, mais on n’affronte pas la menace intérieure
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois