En attendant notre BoJo français …

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Boulevard Voltaire, grâce à André Archimbaud qui a suivi, pas à pas, l'ascension de Donald Trump, a prédit - rationnellement - sa victoire. De même Thierry Martin a-t-il, toujours sur Boulevard Voltaire, renouvelé l'exploit et annoncé, contre les médias dominants, la victoire de Boris Johnson.

La grande question est désormais : et nous ? Et la France ? Qui sera le BoJo français ?

J'entends d'ici les critiques rappelant les différences des situations, des peuples, des traditions, des mœurs politiques entre USA, Royaume-Uni, etc. Gabrielle Cluzel avait elle-même réfléchi sur les profils de ces différents leaders populistes, émanations profondes - parfois gentiment caricaturales - de leur peuple : un Orbán, un Salvini, un Trump, un Johnson nous disent tous quelque chose de ce qu'est un Hongrois, un Italien, etc. Non seulement traditionnel, caricaturable donc, mais aussi un Hongrois, un Italien, un Britannique, d'autrefois et de toujours, mais surtout qui ne veut pas disparaître. Sous les deux coups de balai qu'il subit quotidiennement de la mondialisation et de l'immigration de masse.

Les Français seraient-ils le seul peuple - ou le dernier - condamné à être dirigé par des énarques, des DRH ne jurant que par ces deux rouleaux compresseurs destructeurs ? En un mot, par des Macron, puisque telle fut la dernière - et peut-être la plus achevée - expression de ce « système » ?

C'est la question, plus ou moins consciente, qui agite le peuple français. Et nous savons tous que le macronisme, avec ou sans Macron, s'effondrera assez rapidement. Mais les Français vivent aussi dans l'angoisse de l'après, du qui et du comment. Le macronisme ou l'un de ses avatars se maintiendra tant que subsisteront dans le champ politique ce vide, cette angoisse.

Alors, puisque le quinquennat d'Emmanuel Macron court de fiasco en fiasco, essayons de dessiner le portrait-robot de ce BoJo que les Français commencent à attendre comme le Godot de Beckett.

Premièrement, sur le plan des institutions, un Trump comme un Johnson ne sont pas sortis de nulle part mais ont surgi dans le parti « de droite » de leur pays, profondément malade de ses divisions et de ses problèmes de leadership. Souvenez-vous des primaires de Trump ! Des luttes de BoJo avec sa majorité indocile et étriquée ! Alléluia, nous avons un tel parti moribond : les LR ! Trump et Johnson s'y sont imposés, non pas grâce aux apparatchiks, mais contre eux ! Cette séquence n'a pas encore eu lieu chez les LR, qui vivent leur fin de vie en excluant pathétiquement tout cadre droitier. Avant le coup d'État ou la reddition devant notre futur BoJo. Pourquoi avoir besoin de cet objet démonétisé ? Il confère un réseau, des cadres, une tradition, une respectabilité indispensables pour gagner. Et surtout pour gouverner ensuite.

Deuxièmement, donc, le nouveau, le renouveau, insufflé par ces leaders populistes, en quoi consiste-t-il ? C'est - cela a été dit et redit - l'alliance du peuple, dans ses aspirations fondamentales à la protection contre la mondialisation et l'immigration, et des classes plus aisées attachées à un certain conservatisme. La géographie électorale de la victoire de Johnson le montre.

Nouvelle façon de dire que la clef de la victoire populiste est dans l'électorat LR. Concrètement, si le RN ne cherche qu'à récupérer l'électorat insoumis et si les LR ne regardent que vers le centre, ils se contenteront de regarder passer le train de l'Histoire. Révélateur est le dernier sondage du Point qui voit l'électorat de droite plébisciter un Nicolas Sarkozy : lui seul avait su faire cette jonction, après une prise de contrôle du parti contre les chiraquiens. Nicolas Sarkozy avait incarné ce moment populiste. Avant de décevoir.

Troisièmement, LA grande question : qui ? Quel profil ? David Goodhart, dans un entretien du FigaroVox, insiste sur deux traits déterminants de Boris Johnson : « On oublie qu’il est le premier Premier ministre depuis plusieurs décennies à avoir dirigé un exécutif local: il a été maire de Londres pendant huit ans, il a donc une connaissance concrète de l’impact des politiques sur la vie quotidienne des gens. [...] Johnson n’est pas intimidé par le politiquement correct : il a notamment comparé les femmes portant la burqa à des “boîtes aux lettres”. C’est une des causes de sa popularité auprès de l’électorat modeste, quelquefois intimidé par le discours des élites sur ces questions. »

Alors, cet élu local de plain-pied avec les problèmes du peuple français et capable de parler cash, le verra-t-on émerger après les municipales ?

Je ne pense à personne. Je cherche juste notre BoJo, car le temps presse.

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