En Allemagne, en Suisse et ailleurs, on manifeste contre les confinements, en France contre le racisme avec Assa Traoré…

manif autriche

Parmi les arguments qui nous sont régulièrement servis pour nous maintenir dans l'obéissance aux injonctions du gouvernement et que vos collègues ou vos proches vous opposent quand vous osez émettre un doute, hasarder une protestation, il y a celui de l'universalité de la pandémie - c'est sa définition, jusque-là, tout va bien - et des mesures prises partout ailleurs : confinements, etc. Et même - mais là, c'est tout le génie français incarné dans la personnalité de Jean Castex, jeudi dernier - nous faisons mieux que les autres. Tellement mieux que Le Monde a quand même dû se coller à un petit check pour nous dire que ledit Castex exagérait, avec de « nouvelles comparaisons approximatives » et des « raccourcis trompeurs ». Ce qui est un peu embêtant quand on veut inspirer confiance à ses concitoyens… Et ne parlons pas de la valse-attestation de ce samedi 20 mars qui aura sans doute confirmé notre supériorité dans la gestion de cette crise…

Mais ce week-end, notre pays s'est encore surpassé. Au premier jour de ce troisième confinement, à Paris, on manifestait « contre les violences policières ». Sur la ligne Assa Traoré et surtout pas Fiorina Lignier, comme il se doit. Le mot d'ordre était clair : « Manifestation contre le racisme et les violences policières. » Ce qui circonscrit tout de suite le sujet. Plusieurs centaines de personnes, selon la presse.

Il se trouve qu'en Allemagne et en Suisse, et dans bien d'autres pays, au même moment, on manifestait aussi. Mais là, ils étaient des milliers. Et là, ils étaient dans le réel du moment.

Le Monde : « Des manifestations ont rassemblé samedi des milliers de personnes en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Bulgarie ou encore en Autriche pour dénoncer la "dictature" des restrictions sanitaires contre la pandémie, et des heurts ont éclaté avec la police dans la ville allemande de Cassel. » Dans la ville suisse de Liestal (15.000 habitants), ils étaient 5.000, dans une manifestation silencieuse, pacifique. À Londres, ils étaient aussi des milliers à protester à Hyde Park et la police a procédé à des interpellations. Ce n'est pas la première fois que des rassemblements d'opposants aux mesures de restrictions ont lieu dans ces pays.

Quoi qu'on pense de l'origine de ces manifestants (extrême gauche ? Extrême droite ? Anti-vaccins ? Un peu de tout ça, sans doute, et d'autres encore), ils sont plutôt rassurants. On se souvient dans ces pays de quelque chose qui s'appelle la liberté, le bon sens, l'esprit critique. On les ressent vitalement. On mesure les reculs historiques qu'ils ont subis depuis un an.

Mais voyez-vous, c'est la France et les Français qui m'inquiètent. Leur passivité, leur léthargie, leur acceptation de certaines consignes absurdes. Sans les cris de quelques-uns sur les réseaux sociaux, la nouvelle attestation en format A3 et en seize points allait passer comme une lettre à la poste.

J'apprends par Ouest-France qu'« environ 150 personnes se sont rassemblées ce samedi 20 mars, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), pour dénoncer ce qu’elles appellent la "coronafolie". Un rassemblement présenté comme "transpartisan", à l’initiative du parti d’extrême droite Les Patriotes (fondé par Florian Philippot), rejoint par d’autres mouvements comme VIA la voie du peuple (parti fondé par Christine Boutin), ou encore des membres de Debout la France et du Rassemblement national. »

Un début ?

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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