Mardi 17 avril, Emmanuel Macron s'est exprimé devant le Parlement européen pour défendre sa politique. Christelle Lechevalier est députée européenne et l'a écouté attentivement. Elle réagit au micro de Boulevard Voltaire.

Vous étiez présente au Parlement européen lorsque Emmanuel Macron a défendu sa politique devant vos collègues députés. Qu’avez-vous pensé de la performance du président de la République ?

Il n’est pas à la hauteur d’un président de la République.
Il ne rassure pas le peuple français qui l’a élu. Il ne le rassure ni sur sa protection, en particulier contre l’immigration massive, ni sur le redressement de l’économie.

Il a défendu le principe d’une souveraineté européenne. Qu’en pensez-vous ?

L’Union européenne est composée de différents pays qui vivent, aujourd’hui, chacun d’une façon différente avec leur histoire, leur patrimoine, leur culture, leur mode de vie et leur nécessité propre. On ne peut pas mettre tous ces peuples dans le même sac et avancer tous ensemble. Ce n’est pas possible. Il faudrait d’abord réussir à lisser chacun des peuples qui forment ces différents pays pour parvenir à cela. C’est évidemment impossible et cela serait tout à fait regrettable, puisque nous avons chacun une identité propre à défendre.

Le Président a notamment dit qu’il fallait entendre la colère des peuples aujourd’hui. Il a pointé le scepticisme grandissant vis-à-vis de l’Union européenne. Il a déclaré, également, que ceux qui font commerce de cette colère exposent l’Europe au déchirement des nationalismes. Vous sentez-vous visée par l’attaque du chef de l’État ?

Non, je ne me sens pas vraiment visée. En tant que parti, aux côtés des différents partis qui progressent aujourd’hui à l’intérieur de l’Union, notamment en Pologne, en Hongrie, en Italie et au Royaume-Uni, nous avons montré que nous étions la seule véritable opposition à cette vision européiste. Nous voulons une Europe des peuples et des nations, contrairement à ce qu’il souhaite avec sa souveraineté européenne. Notre mode de fonctionnement peut, selon nous, servir à l’avancée de cette Europe.
Il s’est, d’ailleurs, adressé à notre groupe en premier. Il a voulu répondre à monsieur Philippot et à Nicolas Bay. Nous pouvons lui donner rendez-vous dans un an aux prochaines européennes pour défendre les deux modèles opposés pour l’avenir de l’Europe. Nous verrons le résultat à ce moment-là.

Le président du PPE a déclaré à Emmanuel Macron qu’il était le Président qu’ils attendaient et qu’il était pour eux une sorte de sauveur. Je suppose que votre jugement est un peu plus nuancé…

En effet, ce n’est pas ce que nous entendons. Certains députés étaient béats d’admiration devant son discours. Je pense, notamment, à madame Grossetête, qui était devant lui et hochait sans cesse de la tête en signe d’accord avec les propos d’Emmanuel Macron, alors qu’il y a bon nombre de Républicains, aujourd’hui, qui ne partagent absolument pas la vision d’Emmanuel Macron. Je pense que cela révélera une fracture qui touche actuellement cette famille politique.

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19 avril 2018 à 8:47

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