Emmanuel Macron et les maires : love story à l’Élysée !

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Quand Emmanuel Macron aura quitté la présidence de la République - ce qui, fatalement, arrivera bien un jour -, on peut imaginer qu’il s’adonnera à ses dadas. Non point la finance, comme d’aucuns le croient, mais plus sûrement la littérature et le théâtre qui, à l’évidence, continuent de le chatouiller. Derrière ses costumes de jeune loup de la finance, cet homme est un artiste du genre lyrique, et quand il s’aventure dans un discours, s’impose aussitôt l’image du poète contemplant une mer de nuages, sanglé dans sa redingote.

Bon, d’accord, j’exagère un peu, mais on le sent bien, la fibre est là… « Nous nous retrouvons mais je ne crois pas que nous nous soyons vraiment quittés. À chaque fois que je me déplace dans l’Hexagone [...] c’est votre visage que je vois parmi les premiers, votre reconnaissance du terrain qui me nourrit », a-t-il dit aux maires de France rassemblés, mardi, à la porte de Versailles. Il y a du Lamartine, dans cet homme-là : « Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours ! »

Car ils se sont retrouvés, les maires et le Président. « Téléphone-moi a-a, appelle-moi et dis-moi a-a-a, que tu m’aimes… » Ah, bien sûr, il y a toujours des sceptiques qui se méfient des réconciliations sur l’oreiller, mais il n’empêche, si les retrouvailles de mardi étaient mitigées, mercredi soir, c’était tout feu tout flamme, à l’Élysée. Une folle soirée paraît-il, et la presse, pour une fois, est unanime : ils le voulaient tous furieusement, leur Macron ! C’est la tradition du quinquennat : chaque année, depuis son élection, le président de la République ouvre les portes de l’Élysée aux maires qui participent au congrès de l’Association des maires de France (AMF), placée sous la houlette de François Baroin. Un grand moment de convivialité républicaine, cette « soirée des maires ». Ainsi, ils étaient, mercredi soir, plus de deux mille à s’y bousculer. Et quand on dit bousculer, le mot est faible. Le journaliste de Ouest-France n’en est pas revenu : « Surréaliste. Il n’y a pas d’autre mot », écrit-il. Au grand soulagement de l’assistance, Emmanuel Macron n’a prononcé qu’un petit discours, introduit par son nouvel ami Baroin. Il a invité les maires à « affronter ensemble » les défis pour mieux construire « la République du quotidien » et « pour construire la grande puissance que la France du XXIe siècle doit être ».

Et puis il a quitté l’estrade pour se jeter dans la foule. Au péril de sa vie ou presque : « Autour de la personne du Président, on ne se presse pas, on se bouscule. Au sens littéral du terme. Les invités veulent tellement l’approcher qu’ils l’écraseraient sans la protection de ses gardes du corps et conseillers, contraints de former une solide ronde autour de sa personne. On joue des coudes, pousse d’un côté, de l’autre, on manque de tomber mais on n’avance pas. » Car ils étaient déchaînés, tous ces maires.

Ils voulaient le toucher, peut-être même en emporter un bout, allez savoir… Le miracle du direct, sans doute : « Fiers et honorés d’être reçus à l’Élysée – souvent pour la première fois, peut-être pour la dernière –, beaucoup de maires présents se laissent porter par l’ambiance. Oubliées les fâcheries et les récriminations : on ne s’oppose plus, on ne critique plus, on recherche – et on savoure – son moment de gloire. Même les plus remontés veulent leur photo souvenir. »

Quand on vous dit que c’était show... pardon, chaud. Ainsi va la politique. Humaine, très humaine...

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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