Emmanuel Macron et Édouard Philippe vont bientôt vous proposer un nouvel emballage
Éric Zemmour étant en train du tuer le match - au moins médiatique - à droite, Sandrine Rousseau assurant le spectacle chez EELV et le Covid déclinant, le camp Macron commence à s'inquiéter de l'état de ses troupes à huit mois de la présidentielle et dix des législatives. Si je vous dis Christophe Castaner, Stanislas Guerini ou François Bayrou, vous avez peine à réaliser que ce sont les piliers de la majorité d'Emmanuel Macron. Soit inconnu, soit fossilisé. Il y avait donc urgence à réveiller la team. D'autant plus qu'elle n'est plus très dream. Sibeth Ndiaye ? Benjamin Griveaux ? Ils ne font plus rêver. Au mieux ricaner. Quant à Jean Castex, on ne voit pas comment il ne serait pas rangé au rayon des objets insolites, avec le passe sanitaire, à côté de Christophe Castaner et de ses attestations. Les figures LREM sont démonétisées. La marque aussi. Les résultats aux dernières élections ont été catastrophiques : aucune mairie d'envergure, aucune implantation dans les régions ou les municipalités. Il leur faut donc trouver autre chose pour rééditer le coup de 2017, un nouvel emballage.
Donc, la machine à éléments de langage tourne à plein : « maison commune », « parti démocrate à la française », « confédération », « rassemblement » ou même « coopérative », dit Le Monde. La réflexion macroniste semble vraiment tomber bien bas... Remarquez, Jean Castex en directeur général d'une coopé, c'est pas mal vu.
Toujours est-il que c'est à cela que pensent les responsables de la majorité. Moi qui nous croyais en guerre, avec des Conseils de défense tous les mercredis, des cartes de France avec zones rouges... J'ai dû rater un épisode, depuis que je n'écoute plus Gabriel Attal.
Mais on comprend cette effervescence de la majorité. D'abord, il y a 348 députés macronistes sortants. Et, toujours d'après Le Monde, ils voudraient quasiment tous se représenter. Ce qui ne va pas sans poser problème car, Emmanuel Macron réélu (simple formalité), il faudra faire de la place, aux législatives, aux ralliements de 20 h 01 : partisans de Bertrand ou de Pécresse, etc. C'est là qu'intervient le joker d'Emmanuel Macron, Édouard Philippe, le très populaire ancien Premier ministre, qui va lancer dans quelques jours son propre mouvement d'élus du centre droit. Et si Bertrand ou Pécresse parvenaient au second tour, le parti des transfuges (ou traîtres, comme vous voulez) d'Édouard Philippe serait tout aussi précieux, comme le confie au Monde un cacique LREM : « Si on a Bertrand ou Pécresse au second tour face à nous, Édouard Philippe devient un élément essentiel pour fixer cette droite modérée entre LR et nous. » Alors, la marque EP, ce sera quoi ? « En piste ! » ?
On sent tout de même que la majorité est plutôt « En panne ! » ou « En perte de vitesse ! » Et ce qui est curieux, c'est qu'ils cherchent à multiplier les chapelles dans un courant déjà très atomisé. Souvenez-vous (si cela vous intéresse encore) : à côté des deux mastodontes LREM et MoDem (2 % aux dernières municipales), on a vu naître « Agir » pour le centre droit, et même « Territoires de progrès » pour le centre gauche ! Visiblement, le problème n'a pas échappé aux plus lucides Marcheurs, comme ce député francilien déclarant au Monde : « On a fait une connerie, celle de laisser la majorité s’archipelliser. Il y a un phénomène de fragmentation de notre message politique. »
On admirera le recyclage du concept d'« archipellisation ». Pour mémoire, il a été inventé pour décrire la désintégration de l'unité française par des minorités ethniques, sociologiques, idéologiques. Pendant que la France se délite un peu plus chaque jour, la majorité LREM réfléchit à sa propre archipellisation.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées