Emmanuel Macron en campagne : quoi qu’il en coûte ?

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Certes, il s’agit d’un grand classique : chaque Président candidat à sa propre succession pratique la politique du carnet de chèques. Depuis la pandémie, Emmanuel Macron nous avait habitués à « l’argent magique » ; il fallait sauver l’économie française, « quoi qu’il en coûte »… Certes, mais le Covid, c’était un peu hier, alors que l’échéance d’avril 2022, c’est demain. Il n’empêche que les mauvaises habitudes consistant à faire vivre la France à crédit sont, elles, manifestement toujours là.

Avec une pugnacité qu’on ne lui connaissait pas, Xavier Bertrand est le premier à avoir dénoncé cette dérive, le dimanche 19 septembre, à l’occasion du « Grand jury LCI-RTL-Le Figaro », dont il était l’invité. D’où ce tweet : « Le "quoi qu’il en coûte" est terminé pour les Français, mais il ne fait que commencer pour la campagne d’Emmanuel Macron. En 15 jours, entre 5 et 7 milliards d’euros ont été dépensés. »

La somme est-elle exagérée ? Non, à en croire les 600 millions d’euros annuels destinés à indemniser les paysans victimes de catastrophes climatiques. Sans oublier 400 autres millions investis dans les transports en commun de province. Puis 500 millions censés financer le prochain « Beauvau de la sécurité ». Et encore 600 millions alloués aux ménages les plus modestes, auxquels viennent s’ajouter deux milliards d’euros, au titre de la rénovation énergétique. Soit 4,1 milliards d’euros. Mais au diable l’avarice, le Président ayant encore promis 1,5 milliard d’euros pour ripoliner Marseille de frais. Soit une ardoise globale de 5,6 milliards d’euros.

Mais quand il n’y en a plus, il y en a encore, le député macroniste Laurent Saint-Martin, rapporteur général du Budget à l’Assemblée, évaluant la totalité de ces dépenses à venir « autour de 16 ou 17 milliards d’euros ». Royal au bar, le Manu…

Et Le Figaro de titrer, ce lundi dernier : « Emmanuel Macron assèche un peu plus les finances de l’État. » Il y avait déjà la facture du Covid, 100 milliards d’euros, qui « a plongé les finances publiques dans le rouge vif avec un déficit qui devrait frôler les 5 % du PIB l’an prochain – après 8,4 % en 2021 – et une dette qui dépassera encore les 110 % ». Résultat ? « S’il est difficile, à ce stade, de connaître la facture finale des dépenses supplémentaires avec lesquelles il faudra composer l’an prochain, il est d’ores et déjà acquis qu’elle s’annonce lourde. »

La facture en question risque d’être d’autant plus salée que la machine à distribuer du cash n’en finit plus de s’emballer, avec 36 milliards d’euros censés bientôt financer le plan « Bâtir la France de 2030 ». Mais de quoi s’agit-il donc ?

Tout simplement du prochain grand chef-d'œuvre de Jean Castex, mais un peu téléguidé par le Château : « Le Premier ministre a présenté le 3 septembre 2020 le plan France Relance, une feuille de route pour la refondation économique, sociale et écologique du pays. Ce plan est le résultat d’une large concertation nationale mise en place pour tirer les enseignements de la crise. L’objectif : bâtir la France de 2030 », nous dit le site du gouvernement. Mieux, « la relance est aussi, et surtout, sociétale. Solidaire, sociale et territoriale. 36 milliards d’euros sont ainsi alloués à l'objectif cohésion du plan (emploi des jeunes, aide aux plus modestes et aux collectivités territoriales, Ségur de la santé…). » Là, c’est le « sociétal » qui est peut-être encore plus inquiétant.

Après, cette stratégie sera-t-elle payante pour Emmanuel Macron ? Sans doute, mais sûrement moins pour le contribuable.

 

 

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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