Emmanuel Macron, la caricature souriante de l’establishment triomphant

Il y a 170 ans, Karl Marx et Friedrich Engels publiaient le Manifeste du Parti communiste qui commençait par la formule qui se voulait ironiquement terrifiante : "Un spectre hante l'Europe : c'est le spectre du communisme." Jusque dans les années 1980, cette vision de l'Histoire a animé des millions de militants, justifié des régimes totalitaires, expliqué la guerre froide entre les deux blocs. Le spectre est aujourd'hui bien mort. Une ombre nouvelle plane, menaçante, sur le monde, et surtout sur les vieilles nations occidentales : le spectre du populisme ! Le premier venait de gauche, le second de droite. Le premier aspirait à la révolution, le second est réactionnaire et appelle une révolution conservatrice. Les référendums perdus par l'idéologie européenne, le Brexit, l'élection de Trump, les remontées identitaires et souverainistes des pays de l'Est européen, tout conspirait à accroître la frayeur. Depuis l'élection de Macron et le triomphe électoral de son parti En Marche !, le monde respire (le journal plus que la planète). Le populisme n'aura pas lieu.

Entre le peuple et l'oligarchie, jusqu'à présent, c'est toujours celle-ci qui gagne. Aux États-Unis, l'argent joue un rôle considérable dans les élections et il est révélateur qu'il ait fallu un milliardaire de l'immobilier, capable d'échapper à la pression financière des groupes dominants, pour incarner le populisme, sans obtenir d'ailleurs la majorité des suffrages populaires. En France, le retournement de situation a été sidérant. On s'attendait à la victoire de la droite. Le Front national était en pleine ascension. Les Républicains n'avaient qu'à intégrer une bonne dose de populisme à leur démarche, comme Sarkozy était parvenu à le faire, et plus rassurants que leur concurrent, ils l'emportaient à coup sûr. Ils sont demeurés le parti bourgeois, celui de la petite et vieille bourgeoisie, et en paient le prix amer. Le socialisme a, lui, explosé à l'atterrissage. Marginalisés par leur défaite, les "extrêmes", comme on dit avec mépris, campent loin des berges. Le palais de l’Élysée et l'Assemblée nationale ont été pris d'assaut par un mouvement qui représente le microcosme triomphant. La jubilation et l'enthousiasme permanents des grands médias ne laissent aucun doute : l'"Establishment" a terrassé la menace populiste. Il n'a pas été renversé. Il a été consolidé à travers un personnage qui en est la synthèse et la caricature souriante.

Ce système consolidé présente deux visages. La politique n'est plus un choix. Les solutions techniques s'imposent, et c'est le gouvernement de la technocratie. Les marges de manœuvre économiques et sociales étant de plus en plus limitées puisque l'État-providence est apoplectique, il faut privilégier la fuite en avant vers des "progrès" politiques, comme la construction européenne, ou sociétaux, et c'est la trame de la pensée unique. Je respectais Simone Veil, que j'ai connue comme ministre de la Ville lorsque je plaidais pour le quartier de la Bourgogne à Tourcoing ou lorsque nous nous battions pour l'élection d'Édouard Balladur, mais la réduire à être l'icône du droit des femmes et de la construction européenne n'est pas neutre. C'est un moyen de répandre la pensée unique par le biais d'une personne qui inspire admiration ou sympathie. Or, cette pensée unique ne vient pas du peuple, mais elle l'élude et contribue même à sa disparition. D'un côté, les "progrès sociétaux" privilégient systématiquement l'individu par rapport à la collectivité, même lorsque le bien commun est une condition nécessaire à la sauvegarde de l'individu et à son bonheur. C'est la seule cohérence qui conduit à préserver la vie d'un assassin quand on empêche des centaines de milliers d'enfants de naître alors que la nation en a le plus grand besoin. De même, on va favoriser une immigration qui va grossir des communautés étrangères dont il faudra respecter les identités parfois envahissantes ou provocatrices quand la laïcité ou le prétendu "antiracisme" censureront l'affirmation légitime de l'identité nationale. Enfin, la "construction" européenne en est venue à soutenir cette idéologie corrosive en même temps qu'elle dissolvait la légitime souveraineté des peuples. L'alliance de Macron avec Merkel, cette conservatrice qui ne conserve rien et vient de laisser passer le mariage unisexe en Allemagne (et tous deux sont partisans de l'ouverture aux migrants) est une étape supplémentaire vers la mise au rancart des peuples, c'est-à-dire vers la fin de l'illusion démocratique. Nations d'Europe, unissez-vous pour faire de la démocratie enfin une réalité !

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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