
Certes, sur les réseaux sociaux, on ne pratique guère, de façon générale, le « beau langage » de Madame de Scudéry. On y trouve des informations intéressantes, des analyses pertinentes mais aussi des invectives et des insultes. On a cependant rarement vu autant de noms d’oiseaux et de propos orduriers que ce matin, sur Twitter. Émanant de comptes ordinaires, pas seulement des trolls habituels.
Des variations, des surenchères, des synonymes et des superlatifs autour du mot « emmerder », comme vous vous en doutez. J’ai pensé, un moment, en relever quelques-uns pour appuyer mes propos, puis ai renoncé. Si vous ne me croyez pas, allez voir vous même, mais éloignez les enfants. Ne citons que le très banal « Je l’emm… aussi ce mer…eux », qui est sans doute parmi les moins créatifs, mais aussi les plus polis.
On peut le déplorer, mais comment s’en étonner ? La vulgarité appelle la vulgarité. Le mépris, la rancœur. L’insulte, une riposte plus grossière encore. La provocation suscite la surenchère. C’est Emmanuel Macron qui a posé le curseur. Et il a mis la barre très haut. Ou très bas, c’est selon. « Quand il s'assoit, ils se couchent », dit un dicton à propos du chef. Dans le climat explosif que l'on sait - de nombreux élus se disent victimes de menaces, voient leurs permanences dégradées... -, Emmanuel Macron a décidé de jouer avec la nitroglycérine. Bien sûr, Georges Pompidou avait utilisé en son temps ce mot trivial, mais c’était pour le contrer, le neutraliser. Il disait « stop », Emmanuel Macron dit « toujours plus ».
Dire que lorsque François Hollande est parti, on a dit qu’au moins, Emmanuel Macron habiterait la fonction. Les cravates de travers, les pantalons en tire-bouchon et les petites blagues avaient finalement plus de classe.
5 janvier 2022
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