Émeutes à Nanterre : quand la poudrière s’embrase

Nahel Nanterre

« Si vous vous rendez seule à Nanterre, soyez prudente, faites attention. Restez en centre-ville, ne vous aventurez pas dans certains quartiers, n’allez pas dans la cité Pablo-Picasso. » En octobre dernier, déjà, alors que BV réalisait un reportage sur des échauffourées aux abords d’un lycée, un fonctionnaire de police nous mettait en garde contre l’insécurité grandissante à Nanterre. Sept mois plus tard, la ville des Hauts-de-Seine est devenue l’épicentre des émeutes en France. La mort tragique de Nahel, originaire de Nanterre, a mis le feu aux poudres. Ces 27 et 28 juin, à la nuit tombée, des centaines de jeunes, habillés de survêtements et capuches sombres, affrontent les forces de l’ordre. En quelques heures, ce 28 juin, Nanterre devient hors de contrôle. Explosions, tirs de mortiers, voitures incendiées… la violence se déchaîne dans les rues de la cité Pablo-Picasso. Soumises à d’importants assauts, les forces de l’ordre finissent par se replier, laissant les émeutiers maîtres de la rue. Au petit matin, les cris et explosions cessent enfin. Sur les trottoirs, les voitures incendiées la veille fument encore. Stigmates de la nuit de violence, les tags hostiles à la police – « Nanterre nike les condés, on va vous faire une Shoah » (sic) - fleurissent sur les murs de la cité. « Nous sommes à deux nuits d’émeutes et la situation est vraiment tendue à Nanterre », nous confirme une source policière. « Des policiers sont à court de munitions », alerte le fonctionnaire de police qui craint de nouvelles nuits d’émeutes dans les Hauts-de-Seine. Ce 29 juin déjà, en marge de la marche blanche d’hommage à Nahel organisée à Nanterre, les affrontements reprennent.

Une ville gangrenée par la violence

« Je ne suis malheureusement pas étonné que Nanterre s’embrase », confie Christophe Versini, délégué départemental du Rassemblement national (RN) des Hauts-de-Seine, joint par BV. « La ville est gangrenée par la violence depuis de nombreuses années », soupire-t-il. Ici, le trafic de drogue règne en maître. Au pied de La Défense, dans la cité Pablo-Picasso, les dealers agissent en toute impunité. « Ils agissent en pleine rue, aux yeux de tous », s’insurge un policier. Ces trafiquants vont jusqu’à imposer aux habitants des célèbres tours Nuages un règlement de bonne conduite« Nous ne sommes pas là pour perturber votre quotidien, uniquement pour travailler. Nous tenons absolument à ce que tout se passe bien pour vous et nous », indique l’affiche placardée dans le hall d’un des immeubles de la cité. Et ce trafic ne date pas d’hier. Au milieu des années 2010, les règlements de comptes sur fond de trafic de drogue se multiplient. Excédés, des riverains finissent alors par se substituer aux forces de l’ordre. En 2019, certains habitants de Nanterre ont ainsi organisé une vaste opération de surveillance afin de démanteler un réseau de trafic de drogue et le livrer à la police.

À cela s’ajoute une forte insécurité. Vols de véhicules, vols violents… en 2022, Nanterre apparaît haut placée dans le palmarès des villes les plus touchées par la délinquance. La presse regorge de faits divers – agression, viols, menaces… - survenus à Nanterre ces dernières années. « Il est, par exemple, très difficile pour des femmes de se promener dans Nanterre à certaines heures », explique Christophe Versini. Il en veut pour preuve l’agression gratuite subie par l’une des filles et le neveu de Marine Le Pen en 2018 à la sortie d’un bowling de Nanterre. Ou celle de Marine, 18 ans, qui raconte avoir été projetée au sol et frappée à la tête alors qu’elle rentrait de soirée avec une amie, en octobre 2021. Une délinquance qui va jusqu’à impacter le campus de la ville où les étudiants dénoncent de fréquentes intrusions de jeunes venus des cités voisines et des agressions. Même les processions catholiques ne peuvent se dérouler dans le calme. En décembre 2021, une procession mariale est prise pour cible par des islamistes. Les fidèles se sont vus insulter et le prêtre en tête de cortège agressé.

Ville populaire de l’Ouest parisien, Nanterre compte, d’après les derniers chiffres de l’INSEE, près de 25.000 immigrés (personne née étrangère à l'étranger et résidant en France), soit 25,5 % de sa population. Un chiffre qui ne comprend pas les descendants d’immigrés arrivés dès les années 1950 dans cette ville. Immigration, drogue, délinquance… il ne manquait plus que la NUPES mette le feu aux poudres pour que Nanterre s’embrase.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Nahel a vécu sans l’autorité parentale de son père qui pourtant ose porter plainte contre la police pour la mort de son fils . C’est un repris de justice qui compte gagner un peu de fric . ~ Sa mère l’a élevé seule sans beaucoup de sévérité ni contrainte . Comment à 17 ans peut-il louer une Mercédès de luxe pour parader en ville ? D’où vient l’argent ? Coutumier des refus d’obtempérer et autres délits , sa mère le laisse faire ? Quelle éducation !

  2. La mort est toujours quelque chose de tragique surtout lorsque c’est un enfant. Mais qui est le ou la première responsable de ce laisser-aller? Les parents sont les premiers à blâmer.

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