Élection présidentielle en Italie : votez Rocco !

ROCCO

La nouvelle n'avait pas été relayée en France, jusqu'à ce qu'une journaliste de France Info n'évoque le sujet ce matin, en passant... et pour dire que, malgré le caractère un peu médiocre de l'offre politique en Italie, la France elle-même, avec « Face à Baba », ne pouvait guère donner de leçons sur la dignité du débat politique. Les réseaux sociaux sont décidément, en effet, le chemin le plus court vers la démocratie postmoderne. À preuve, donc, cette déclaration de l'artiste italien Rocco Siffredi, pionnier du spectacle vivant, le 20 janvier dernier, sur son compte Instagram. L'acteur porno le plus célèbre du monde, désormais retiré des affaires, y a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle italienne. Une semaine plus tard, devant le nombre de réactions enthousiastes, il a confirmé, dans une vidéo, qu'il était bel et bien candidat à la magistrature suprême.

En Italie, le système n'est pas exactement le même que chez nous, comme on le sait, et le rôle du président, élu au suffrage indirect par un collège de grands électeurs, est essentiellement honorifique. Rocco Siffredi pense le mériter, avec un argument imparable : « Je me suis cassé le dos pendant vingt ans pour vous divertir » et « j'ai plus fait pour le bien-être des gens que les politiciens de ces trente dernières années ». Répliquer à tant de candeur nous emmènerait peut-être assez loin du terrain politique. Passons donc. En cas d'élection, en tout cas, Rocco, s'il était président, comme dans une version licencieuse de la chanson de Gérard Lenorman, « recevrait la nuit le corps diplomatique », mais c'est tout. Il n'aurait pas le pouvoir de déclencher la guerre ou de dissoudre l'Assemblée nationale. Je dis cela parce qu'on a connu des présidents qui rentraient à l'heure du laitier, entretenaient leurs maîtresses aux frais de l'État, sautaient sur tout ce qui bouge, apportaient les croissants à leur petite amie en scooter... et possédaient de telles prérogatives.

« On ne s'attendait pas au deuil d'Électre, mais quand même ! » dit Alain Delon (dans Mort d'un pourri) à Stéphane Audran, qui danse ivre morte dans un bar après la mort de son mari. Nous, c'est pareil : on ne s'attendait pas à un match César/Cicéron, mais quand même.

Je trouve la journaliste de France Info un peu injuste, par ailleurs. Oui, « Face à Baba » est un titre ridicule. Oui, c'est racoleur. Oui, Cyril Hanouna est un pitre, un peu vulgaire et probablement inculte. Mais il fait mieux son travail dans cette émission politique que la plupart des journalistes professionnels.

Quant à la candidature de Rocco... Ils avaient Marc-Aurèle et nous avions Hugues Capet. Ils ont une star du X et un escroc hors d'âge. Et nous, qu'aurons-nous ?

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

16 commentaires

  1. N’y a-t-il pas un pays d’Afrique dont le Président est un ancien joueur professionnel de football ?
    Rocco, s’il est élu, aura peut-être envie de prendre les nombreux problèmes de son pays à bras-le-corps.

  2. ….et bien nous aurons quelqu’un, dont vous dites qu’il ne sera pas comme celui des italiens! Le leur est celui qui fut décrété en 1875 pour la IIIème, la IVème et par la Vème pour 1958, modifié par 60% des citoyens par un referendum d’octobre 1962, qualifié par la Gauche de Dictatorial ! A juste titre et ce que nos jeunes Scienceposés ne savent même pas! hier soir entendu chez Cnews: « le système de la Vème »…..Debré lui-même y fut réfractaire!

  3. « Retiré » des …. Affaires ! Mais qui veut « Rentrer » dans cette pauvre République qui en a vu tant d’autres depuis … Jules Cesar avec Cléopatre !

  4. Eh bien quand on voit ce que notre pays a connu depuis Mitterand on ne peut que saluer cette décision de Rocco , ça ne peut pas être pire que les clowns et les petits coqs de basse cour que nous avons eu .

  5. Entre le repris de justice et mr « sang contaminé » au conseil constitutionnel, on n’est pas mal non plus!

  6. N’ oublions pas la version féminine italienne députée européenne, membre du parlement italien la cicciolina

  7. En politique il faut des « corones » et savoir tenir la barre, il serait injuste de dire qu’il n’a ni l’un ni l’autre…

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