Le Président jupitérien ayant empli tout l’espace politique et médiatique lors de son audience accordée au château de Versailles, il fallait bien abandonner quelques miettes de pouvoir régalien à Scapin ; comprenez Édouard Philippe. D’où ce discours de politique générale du Premier ministre.

Qu’en ressort-il ? Ma foi, rien de très probant. Une batterie de vaccins obligatoires pour nos chers petits. En attendant le verre de lait que Pierre Mendès France, alors président du Conseil, obligeait les enfants à ingurgiter quotidiennement à l’école, dès potron-minet ? Depuis le scandale du vaccin contre le virus H1N1 – époque Roselyne Bachelot –, les Français sont eux aussi un peu vaccinés contre de type de mesures…

Le prix du paquet de cigarettes qui devrait passer à dix euros ? Quelle originalité ! Plus le coût du clope augmente et plus la consommation de tabac chez les jeunes crève le plafond. Sans compter l’explosion des trafics ; cartouches tombées du camion au mieux, vente de contrefaçons au pire. Mais Édouard Philippe promet de "lutter sans merci contre ces trafics"… Et contre celui de drogue ? Pas un mot.

Il est un fait que, bientôt, le joint coûtera moins cher que le bon mégot de l’herbe à Nicot, et que le dealer, dernier commerçant de proximité en certaines contrées, risquera plus - pénalement, s’entend - à refourguer du tabac que du shit. Ainsi va l’ubérisation du monde.

En matière scolaire, le grand flou, toujours. Un baccalauréat censé être réformé pour 2021 ? Voilà qui laisse du temps au temps et à l’eau celui de couler sous les ponts, même s’il est question de "resserrer" les liens entre les lycées professionnels et le monde de l’entreprise. Quelle nouveauté ! En 1983, alors que j’obtenais mon CAP d’arts graphiques au LEP Corvisart à Paris, on nous chantait déjà la même ritournelle.

En attendant, il paraît que nos compatriotes, qu’ils soient retraités ou handicapés, devraient être mieux traités. Mais où vont-ils chercher tout ça ? Idem pour la justice, sachant qu’Édouard Philippe promet une loi qui permettra au garde des Sceaux "d’engager un vaste mouvement de dématérialisation, de simplification et de réorganisation". Laquelle, "loi de programmation", ne devrait pas être présentée avant 2018. Une fois de plus, ce genre de déclaration laisse du temps au temps et, surtout, ne mange pas de pain.

Pour ce qui est de la fiscalité, il est toujours aussi urgent d’attendre, sachant que pour déshabiller Jacques et rhabiller Paul, il faudra attendre 2022, entre hausse de la CSG et possible suppression de la taxe d’habitation, tout en assurant que les comptes de la Sécurité sociale puissent être remis à flot deux ans plus tôt. Comment ? Édouard Philippe ne le dit pas, évitant surtout de constater que le trou financier en question est dû principalement à des fraudes en bandes organisées. Mais ne stigmatisons pas… D’ailleurs, dans son pensum, pas une seule phrase relative à l’insécurité grandissante et à l’immigration galopante.

En revanche, ceux qui risquent de mettre la main à la poche dans les plus brefs délais sont les ex-heureux propriétaires de voitures roulant au diesel, leur fiscalité devant être bientôt alignée sur les véhicules carburant à l’essence. Soit la France des plus démunis, des artisans et des petits entrepreneurs : tout le monde n’a pas la chance et le privilège de rouler en Tesla, bagnole 100 % électrique et à plus de 80.000 euros l’unité. Bref, pas exactement la chignole de Monsieur Tout-le-Monde…

Comme tout cela paraît à l’évidence un brin léger, Emmanuel Macron, grand manieur de symboles, vient d’annoncer la prochaine sacralisation de Simone Veil ; façon "santo subito", tel que vu du temps de Jean-Paul II…

Une Simone Veil qui était pourtant partie prenante de la Manif pour tous au Panthéon ? En attendant, c’est Édouard Philippe qui nous joue de l’accordéon…

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05 juillet 2017 à 19:18

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