[EDITORIAL] Tant qu’il y aura, en France, des Dorian Damelincourt

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Il s’appelait Dorian Damelincourt, venait d’avoir 24 ans - le 4 juin dernier - et, ce 3 juillet, appelé pour combattre un incendie dans un parking de Saint-Denis, dans le 93, il est mort au feu. Ce jeune Savoyard - par ailleurs pompier volontaire dans sa région natale - s’était engagé à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris à l’âge de 20 ans. Le 1er avril 2022, il avait été promu caporal-chef.

L’annonce de son décès a suscité une grande émotion. Le tweet du chef d’état-major des armées rendant hommage à Dorian Damelincourt a été « liké » près de 40.000 fois, retweeté près de 10.000. D’aucuns ont rapidement rapproché ce décès des événements des derniers jours, mais l’enquête est en cours et, pour le moment, aucun lien n’est établi entre les émeutes et l’incendie, d’après l’AFP qui tient ses informations de la BSPP (brigade des sapeurs-pompiers de Paris).

Mais peu importe, au fond, que l’incendie soit consécutif ou non aux émeutes. Le contraste parle de lui-même. Tandis que certains allument des brasiers, d’autres les éteignent - ceux-là ou d’autres - au péril de leur vie. Les premiers se servent (dans les commerces aux vitrines brisées), les deuxièmes servent (la France). Les premiers prétendent pleurer leurs morts en saccageant, les deuxièmes, pour le dernier hommage à leur frère d'armes, seront au garde-à-vous, en uniforme, autour du cercueil couvert du drapeau tricolore, et repartiront, tristes mais silencieux, vaquer à leurs activités : « Sauver ou périr. » Mais parfois, aussi, se faire caillasser ou insulter par ceux qu’ils viennent aider.

Kylian Mbappé ne le comparera pas à un « petit ange parti trop tôt ». Vincent Kassovitz ne l’évoquera pas sur Instagram avec des trémolos dans la voix. Son prénom tombera vite dans l’oubli, comme celui des 18 pompiers - en moyenne - qui meurent chaque année. Quand ceux de Zied, Bouna, Adama, et à présent Nahel, sont désormais entrés dans la postérité. On peut trouver son sacrifice bien inutile et vain dans un pays ingrat, qui ne le mérite pas. Pourtant, dans un contexte sombre, désespérant et désespéré, sentant la cendre comme les gravats abandonnés par les émeutiers, il est la lumière au fond du tunnel. Cette jeunesse-là, en France, existe donc encore ! Une dernière fois, en somme, comme il a appris à le faire, il vole au secours des Français : « Ne lâchez pas, tenez bon, regardez-moi, ne regardez pas en bas, je suis là ! »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:23.
Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Nos dirigeants veulent-ils vraiment faire la différence entre les jeunes qui s’engagent et oeuvrent avec les pompiers et ceux qui les sapent et les assaillent ? Je n’en suis, hélas, pas convaincu. Pleure, ô pays bien aimé.

  2. Que ce jeune homme repose en paix.
    On peut lire par ailleurs dans d’autres journaux que ce jeune pompier serait décédé d’un malaise cardiaque.

  3. Dorian avait un idéal auquel il a donné sa vie beaucoup trop tôt. Tous ses frère d’arme sont comme lui, ils ont le dévouement chevillé au corps. Pompier ce n’est pas un métier, c’est un sacerdoce.

  4. Bravo et merci Madame Cluzel, pour ce bel hommage à un garçon dont le regard disait toute la droiture, celle qui manque à tant d’esprits lâches, fourbes ou malveillants au point de causer des champs de ruine à travers tout le pays, prétendument par révolte contre la mort, certes fâcheuse, d’un jeune voyou surpris en pleine infraction, après beaucoup d’autres.

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