Soirée Macron sur TF1 : un Président à la peine, sans flamme, fidèle à ses erreurs

La grande émission montée par TF1 ce 13 mai, taillée sur mesure pour le président de la République, manque... de hauteur
Capture d’écran (5)

C’est une dérive terrible de la politique et des médias, une maladie destructrice : cette absence de hauteur de vue, de grandeur, de dégagement, d’idéal, cet ennui massif qui tombe sur le pauvre Français volontaire pour suivre une émission politique. Il s'attèle à une succession d’expertises contradictoires, saute sans ordre d’un détail tiré de son contexte à un chiffre aussitôt contredit par un autre, assiste à des duels sans fin tirant à hue et à dia. La grande émission montée par TF1, ce 13 mai, taillée sur mesure pour le président de la République, sombre d’emblée dans le règne de la technique.

Notre ami Florac avait imaginé le ton du débat à grands traits, un Macron droit dans ses bottes répétant ce qu’on sait déjà. On n’y est pas tout à fait. On a vu un Président débordé par les questions, englouti sous le poids du désastre. Un Président discourant, sautant du coq à l’âne, défendant des arcanes sans vision d’ensemble, sans génie, sans mots, sans appréhension du destin national. On a parlé de la dette. Agnès Verdier-Molinié a été brillante, précise, mordante et souriante à la fois. Mais elle interroge le conseiller finances d’une commune moyenne.

C'est commode, l'Europe

Curieuse idée de démarrer cette émission sur l’international, par définition moins intéressant pour les téléspectateurs. On parlera de l’immigration et de l’insécurité, défi majeur de la France, bien plus tard… Il faudra attendre 22 heures pour partir sur les points de deal à Morlaix. Et entendre Macron vanter le bilan de Darmanin et les opérations Place nette dont on connaît les insuffisances.

L’international, donc, devrait favoriser la prise de hauteur du Président. Mais on a droit au réflexe macronien, accroché à l’Europe comme une bernique à son rocher. « L’Europe de la défense est indispensable », dit le Président, apparemment pressé de lâcher le peu de souveraineté qui reste à la France. Il insiste : « Si les Européens veulent rester libres », il faut s’armer, dissuader, dit-il. Et la France ? C’est commode, l’Europe, pour écarter les reproches et les responsabilités.

Le Président paraît plus humble, moins vibrionnant, mais il a perdu sa combativité, cette morgue, cet orgueil de jeune banquier gâté et sûr de lui. Face à Sophie Binet, la patronne de la CGT, Macron semble peiner, rappelle qu’il a créé 2,2 millions d’emplois depuis 2017, mais on connaît l’argument, sa voix donne l’impression qu’il n’y croit pas lui-même. Il s’enferre dans le dossier Arcelor, explique que « la crise de l’énergie a attaqué la compétitivité de beaucoup de secteurs ». Il y a du fatalisme, dans la voix du Président. « On apportera cette réponse européenne », insiste Macron. Décidément...

Agnès Verdier-Molinié marque des points sur le système kafkaïen et l’enfer bureaucratique, sur la folie normative qui paralyse la France. Macron évacue : il a fait le prélèvement à la source, pense qu’il faut « réduire ces codes : les règlements, les lois, on en a beaucoup trop ». Il a demandé un travail massif de simplification… Javier Milei, sors de ce corps !

Une conviction intangible, l'immigration

Il est 22h30, Robert Ménard aborde l’immigration, enfin : 500.000 personnes entrent en France, c’est la ville de Toulouse. « C’est trop, on ne les accueille pas bien », explique Ménard. Les mamans voilées lui réclament des petits Français dans des classes où il n’y en a pas. Le regroupement familial, vous l’avez élargi, constate Ménard. « Vous pensez que c’est vraiment une bonne idée ? » Macron se réveille un peu. « Regardez les chiffres, on a ce débat depuis les années 1970. » Il ne veut pas remettre en cause le regroupement familial, essentiellement des Français et des Françaises qui épousent des étrangers.

« L’immigration française, nous la pilotons », jure Macron. Il parle des OQTF. Le problème, c’est qu’on met toujours les gens qui arrivent au même endroit, dans les mêmes communes. Ce débat n'est pas bon pour la République… Le mondialiste reste immigrationniste, c'est sa nature.

À 22h40, on aborde le voile. Puis la fin de vie. Une loi pour abréger la vie ? « Je le souhaite », dit-il, après la question du journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot.

Il évoque un éventuel référendum, si jamais, si besoin… Un « référendum multiple », « constitutionnel », sur des grandes réformes, « éducatives, économiques ou sociales ». « Ce n’est pas très précis », remarque Gilles Bouleau. C’est peu de le dire. Macron n'est plus vraiment là...

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

144 commentaires

  1. Après avoir joué avec les millions des autres chez Rothschild, il a gaspillé les milliards des Francais! Maintenant il aimerait bien voir ce que ca fait de dilapider des centaines de milliards européens.

  2. Dès le début, juste après le micro-trottoir initial, Monsieur Macron a adroitement déclaré, en sbstance : « …je sais que depuis quelque temps les Français se complaisent à se dénigrer eux-mêmes… » ! Mais qui, par exemple, s’est rendu en Algérie pour demander pardon de la colonisation avec cette insupportable manie de repentance. Qui nous dénigre le plus ? Notre propre président ou nous-mêmes ?

    • Il faut dire que vu l’état de notre pays et les comportements de nos « zélus et zélites », il est difficile d’en être fier! Merci à Francois Zéro et à Manu 1er.

  3. Je ne l’ ai pas regardé (j’ ai essayé une fois en 2017 et ma télé n’ a pas survécu à l’ expérience). Des extraits vus sur CNEWS (et sur ordi), il me fait l’ impression d’ un boxeur qui a fait le combat de trop; parfois presque hagard (la technique du serpent Kaa à l’ évidence ne fonctionne plus) il a paru groggy dans son coin du ring, pour finir KO debout sous les directs, crochets et uppercuts de l excellente Agnès Verdier-Molinié… Bref, comme une sorte d’ astre mort, ces étoiles qui sont encore là pour plus ou moins longtemps mais n’ irradient plus. Il est vrai que ce Président Narcisse, ivre de sa propre image, n’ a surtout depuis huit ans ébloui que son miroir…

  4. Je sui dubitatif, ou il n’est pas conscient de la situation qu’il n’a fait qu’aggraver ou il n’est pas en capacité de le faire.

    • Il n’a pas la capacité de le faire. Minc et Attali (Attila pour l’économie Française) nous ont vendu un petit génie. Mais on ne peut pas être intelligent lorsqu’on sort de l’ENA. On est, au mieux ou plutôt au moins pire, qu’un singe savant.
      Il suffit de regarder la liste des ministres et les sujets qui intéressent Macron. Par exemple, sa politique énergétique qui a consisté à démolir méthodiquement notre industrie nucléaire en suivant les pas de Jospin-Voynet, de Hollande, puis Macron-Borne-Pannier-Runacher. Pour de misérables alliances électorales ces gens ont détruit des dizaines d’années de connaissances scientifiques et industrielles. Mais pas que. Macron est réellement convaincu qu’il faut mettre des éoliennes partout. Il le répète chaque fois qu’il peut. Macron est fondamentalement un escrolo dans son for intérieur. Il en va de même pour sa politique agricole. Il ment délibérément aux paysans. D’ailleurs ses « con-seillers » en la matière sont deux journalistes escrolos qui connaissent l’agriculture comme moi je connais l’astrophysique… Car Macron avance masqué. Ce type est non seulement incompétent, mais c’ est également un idéologue socialiste qui se fait passer pour un libéral qu’il n’est pas. La démonstration, implacable, d’Agnès Verdier-Molinier sur l’accumulation des normes depuis que Narcisse 1er gouverne, démontre que ce personnage passe son temps à mentir car s’il avait réellement voulu stopper l’inflation législative, il pouvait le faire quand il avait une majorité parlementaire.

  5. Si cet individu avait un tant soit peu d’honneur ,il démissionnerait . Il faut qu’il sache le cuistre Macron ; Que la FRANCE ne lui appartient pas .En plus il veut partager NOTRE dissuasion nucléaire ; elle ne lui appartient pas , elle appartient au peuple FRANCAIS . La FRANCE appartient au peuple FRANCAIS . Et les FRANCAIS veulent avant tout un référendum sur l’immigration . On en a plus que marre de cette invasion migratoire qui coûte des milliards aux CONtribuables .Tout le reste c’est de la diarrhée verbale . Macron doit partir ; quelle que soit la façon , démission , destitution ….Il a fait assez de dégâts à notre pays , notre nation , notre patrie . Qu’il sache également que nous sommes FRANCAIS et NON européens . Son europe est une utopie , on en veut pas .

    • Etrange les associations d’idées. Tenez. Vous évoquez par exemple les mots de démission et de destitution. Et bien moi, soudainement je me mets à penser à Lee Harvey Oswald et à Dallas. :)

  6. Je ne l’ai pas écouté . sa logorrhée cache ou son impuissance ou son obstination à cultiver le déni.

  7. L’art d’occuper 3h d’antenne pour qu’il s’écoute parler, et surtout ne pas écouter le peuple. En résumé lui est parfait, nos inquiétudes nos demandes sont nuls et non avenus. Je n’oublie pas que Mozart a composé la marche funèbre, notre Mozart de la finance lui a décomposé le pays le peuple.

  8. Cet homme est un péril mortel pour la France. Il faut qu’il parte. Pour cela, un moyen et un seul: censurer tous les Premiers ministres qu’il lui plaira de nommer. Combien de temps peut durer un président qui n’a pas de gouvernement? La constitution n’a pas prévu ce cas. Et Wauquiez, interviewé sur Europe1 ce matin, rappelle qu’il ne censurera en aucun cas « pour éviter le chaos ». Il ne peut y avoir de chaos dans un pays suradministré, les fonctionnaires tiendront les rênes aussi longtemps que nécessaire. Et quelle alternative? Wauquiez ne veut pas d’entente « d’appareils », c’est à dire entre partis, il veut « des associations de personnes ». Quelle candeur! Ne voit-il pas qu’une personne n’apporte que son éventuelle compétence, quand un parti apporte des millions de voix? Non, décidemment, les LR ne sont pas un alternative crédible, même si leur discours présent ressemble à celui de Z. Comme toujours, rien ne vaut l’original.

  9. Sur mon commentaire d’hier dans cette rubrique je pariais à 100 contre 1 qu’il ne ferait rien sur l’immigration !
    Gagné! D’ici son départ on peut considérer que 1 millions d’immigrés supplémentaires avec visa arriveront dans notre pays …plus 4 à 500.000 clandestins….Bravo l’

  10. Ne voulant me prêter à l’assommoir de ce mardi 13 mai sur Tf1 , j’ai pu néanmoins en juger les extraits rapportés sur la chaine Cnews par ses chroniqueurs , et outre les sempiternelles rodomontades du chef de l’Etat, j’ai pu être amusé avec la gestuelle de Bouleau pareil à ses habitudes donner le ton ou le couper dès lors que le contradicteur risquait de mettre en difficulté son mentor. Personne n’a pu ou su rappeler à M. Macron le bilan dont il est l’artisan (immigration incontrôlée on parle de 3.5 millions de migrants sous son octennat , avec une explosion de l’insécurité dans tout le pays due en grande partie à cette invasion migratoire, un déficit public jamais inégalé 1000 milliards de dettes avec son « quoiqu’il en coûte » , une agriculture en jachère , une désindustrialisation avec des millions d’emplois perdus, etc…,etc…) .

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