Du « côte-à-côte » au « face-à-face » : Gérard Collomb commente sa prophétie

gérard collomb

Sa déclaration avait fait grand bruit, lors de son départ du ministère de l'Intérieur. Un bruit tel que, dans notre société où un événement chasse l'autre, au rythme de la connexion Internet et des chaînes d'information en continu, tout le monde se souvient encore des propos de Gérard Collomb, lors de sa passation de pouvoir à Edouard Philippe, en 2018. « Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain, on vive face à face », affirmait-il en parlant des banlieues où la loi ne s'applique plus. Quatre ans plus tard, où en est-on ?

Interrogé sur Europe 1, dimanche 15 mai, l'ancien ministre, quasiment retiré des affaires, s'est livré au difficile exercice de commenter sa propre pensée. Il a d'abord commencé par analyser les élections présidentielles : sans grande originalité, il constate l'émergence de trois blocs irréconciliables. Il s'attarde ensuite sur la dynamique du vote musulman en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Il en conclut que « jamais la France n'a été aussi divisée qu'aujourd'hui ». Certes.

Gérard Collomb, toutefois, ne s'arrête pas en si bon chemin : il sait parler du « problème des banlieues qui n'a toujours pas été résolu » ; il rappelle le flou des chiffres des entrées clandestines, en particulier les 20.000 et quelques « migrants » qui ne sont pas officiellement logés. Il cite, enfin, le préfet de Seine-Saint-Denis qui, à l'époque où Collomb était ministre, ne savait même pas combien d'habitants comptait son département, tant ceux-ci étaient bien souvent sous les radars de la légalité. Pour conclure son propos, même si ce n'est pas un vrai scoop, l'ancien ministre révèle qu'il a quitté le gouvernement parce que ces problèmes n'étaient pas traités avec la diligence nécessaire.

Gérard Collomb a probablement été bouleversé par la rencontre entre ses convictions et le réel. Seul poids lourd politique d'un gouvernement « nouveau monde », il était sans doute le seul, également, à mesurer l'impact de l'angélisme en politique. Abreuvé de notes et de rapports qui pointaient impitoyablement la tiers-mondisation du pays, il s'est heurté à l'idéologie stérilisante du monde macroniste : ne pas stigmatiser, vivre ensemble, richesse dans la diversité. Tout cela a volé en éclats très rapidement face à la vérité de la vie quotidienne. On a rapidement remplacé monsieur Collomb, efficace et (sur le tard) réaliste, par des arrivistes bien moins dérangeants : Christophe Castaner puis Gérald Darmanin. À part « se rendre sur place », « saluer le travail des forces de l'ordre » et « condamner avec fermeté », ils n'ont rien fait contre la partition.

À l'automne de sa vie, l'ancien locataire de Beauvau a-t-il des regrets ? Oui, peut-être. Mais sa famille politique est tellement responsable du résultat catastrophique de trente ans de « plans banlieues » que le décalage doit être difficile à vivre pour lui.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Il a fait comme François Rebsamen en son temps.
    On cède à l’attrait d’un ministère et quand on est confronté aux dures réalités, on retourne tranquillement dans sa bonne ville, Lyon pour l’un, Dijon pour l’autre.
    Ni sérieux ni moral, tout ça.

  2. Pour le moment, la France est divisée, comme l’a dit Mr Collomb. Mais d’ici quelques années, grâce aux dirigeants qui se sont succédés depuis 40 ans, et grâce à la macronie, dans quelques temps, la France sera unifiée dans l’islamisme, et vous verrez, il n’y aura plus de problème.

  3. Il a eu raison trop tard mais encore fallait-il pendant son mandat avoir le courage de sa pensée et imposer sa vision des choses – il est vrai que Macron l’a fortement aidé à se retirer de la vie politique, c’est le sort qui attend ceux qui oseraient désobéir.

  4. Bien beau tout ça ! Mais pour qui Monsieur Collomb a-t-il voté au premier comme au second tour de élection présidentielle ? Je lui pose la question.

  5. Au fait on n’entend plus parler le président « normal » « qui ne devrait pas dire ça » et de sa prédiction sur la partition de la France…
    Devenu muet tout à coup?
    Affirmation gravissime que personne n’a entendue bien sûr… De fait nous y sommes.
    Circulez , ya rien à voir !

  6. Depuis 40 ans nous sommes gouvernés par des idéologues inconscients associés à des opportunistes malhonnêtes. Certaines catégories de Français patriotes ne supporteront pas indéfiniment l’effondrement de notre pays et de sa culture, cela se terminera inévitablement dans le sang.

    • Ce sont tous des mafieux, opportunistes malhonnêtes qui jouent les idéologues inconscients pour masquer leurs turpitudes.

  7. Pour les face-à-face, certains commissariats et de nombreux policiers ont compris ce que c’était. Pour Dupont-Moretti ce n’est qu’une rumeur …

  8. 72% des Français (38,5 ont revoté pour Macron + 34% d’abstentions, bulletins nuls, blancs), confirment leur adhésion à ce système qui dépèce la France depuis 40 ans. Masochisme, engourdissement pathologique, lavage de cerveau ?
    Macron est en train d’éradiquer la classe moyenne, celle qui contribue le plus aux impôts, qui entretient les bénéficiaires des aides sociales, la classe politique et autres profiteurs. Une fois la poule aux œufs d’or kaputt qui va payer toutes ces sangsues ?

    • L’existence d’une classe moyenne est incompatible avec tout régime communiste, même macronien. La Chine est en train de s’en apercevoir.

  9. Et pourtant , il y croyait à son Macron ! il en versait des larmes d ‘ émotion lors de sa 1ere élection ;
    Q u ‘ il ait déchanté depuis , forcément vu le désastre macronien mais il en a tout de même bien profité sans beaucoup agir lui même …

  10. C’est un peu facile de pleurnicher maintenant après avoir collaborré et s’être enrichi pendant toute sa carrière à la destruction de la France !

  11. En tant que maire de Lyon pendant 18 ans, il a laissé se développer un islamisme rampant dans sa propre ville. Que n’a-t-il mis en place les recettes qu’il préconise. Pour tous ceux qui ont connu la capitale des Gaules, cette ville compte de moins en moins de gaulois et de plus en plus d’immigrés d’Afrique, sans compter les déconstructeurs du pays,islamo-gauchistes, et autres écolos bo-bio.
    Ce pur produit de la gauche molle n’a rien apporté à sa ville ni à son pays.

    • « Pour tous ceux qui ont connu la capitale des Gaules, cette ville compte de moins en moins de gaulois et de plus en plus d’immigrés d’Afrique, » La vallée du Rhône, voie royale historique des invasions sarrasines depuis le VIIè siècle. Rien n’a changé.

  12. Trop facile d’admettre les vérités une fois qu’on est plus au pouvoir et retiré de la politique, les socialistes ont fait tellement de mal à la France, Collomb n’était pas le pire mais on voyait bien que c’était jupiter le chef.

    • Collomb n’était pas le pire ? Il a cautionné la candidature Macron en 2017. Rien que ça, ça le range dans la catégorie des faiseurs de catastrophe. Il avait tout pour savoir qui était Macron. Mais il croyait aussi faire une bonne affaire : ministre d’État, ministre de l’Intérieur. Ce qu’il n’aurait jamais été avec les socialistes …. Alors oui, il a été rattrapé par les réalités et par sa conscience. Mais le mal est fait et il est immense.

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