Le Dr Bertrand Legrand réagit à la déclaration de Gabriel Attal pour qui la vaccination est une « réussite française ».

L'occasion d'évoquer avec lui l'opportunité de la vaccination pour les enfants et de faire un état des lieux sur le nombre de cas Covid et les risques d'une reprise de l'épidémie.

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est félicité de la réussite française, c’est ainsi qu’il a appelé la campagne de vaccination. Vous êtes médecin du côté de Tourcoing, vous avez une patientèle de 3.000 personnes, constatez-vous une efficacité de cette campagne de vaccination ?

On peut dire, aujourd’hui, que l’efficacité, c’est le score obtenu du nombre de personnes vaccinées. On est sur des scores très hauts. On est dans les têtes de peloton au niveau mondial. Le gouvernement a obtenu un taux de vaccinations très important. En métropole, on s’aperçoit que cette vaccination est efficace et limite le nombre de cas sévères et le nombre de contaminations chez les vaccinés.

Sur votre cas précis, avez-vous constaté une nette baisse de cas de Covid graves depuis que la vaccination est effective ?

J’ai une très grosse patientèle, puisque je travaille dans un endroit où personne ne veut aller. J’ai plus de quatre fois la patientèle moyenne et je n’ai pas constaté de cas graves depuis que l’on a terminé la vaccination dans mon cabinet. Les seuls cas graves que j’ai eus étaient des gens non vaccinés. Lorsque cela se voit à l’échelle d’un médecin, c’est que c’est quelque chose de très visible.

Cela fait-il sens de continuer les mesures coercitives et le passe sanitaire, dans la mesure où on commence à atteindre une proportion de vaccinés ?

Le fond de la question est, justement, l’immunité collective. Si, au départ, nous nous étions dit que nous pourrions atteindre cette immunité collective, on sait bien qu’aujourd’hui, il n’y aura pas d’immunité collective. Le gouvernement agit en bon père de famille en poussant les gens, même récalcitrants, à se faire vacciner. Le vaccin est la solution pour éviter les cas graves. Il n’y aura pas de protection fondée sur les autres. Dans ce cadre-là, on aurait du mal à imaginer un gouvernement abandonner les 10 ou 15 % de Français qui n’ont pas envie de se vacciner.

Ces 12 ou 15 % de Français sont en grande partie des jeunes ou des enfants qui ont une chance infinitésimale de développer des cas graves.

Si on parle des enfants entre 12 et 18 ans, la part de cas graves n’existe pas. Par conséquent, le bénéfice est assez faible. En revanche, si on parle de gens qui se pensent à l’abri, qui ont plus de 18 ans avec une seule comorbidité, cela suffit pour aller en réanimation. Le critère d’âge n’est donc plus « suffisant ». Pour les personnes de plus de 18 ans, c’est une évidence.

Craignez-vous une reprise de l’épidémie telle qu’on a pu la connaître l’hiver dernier ?

Nous n’avons pas de signes avant-coureurs. Je vous rappelle qu’en septembre dernier, je tirais la sonnette d’alarme en disant que des cas bizarres étaient constatés. Aujourd’hui, on voit le retour des maladies hivernales, des angines, des rhinopharyngites et des gastros. Avant l’épidémie de coronavirus, toutes ces maladies disparaissent, privées de leur écosystème. J’aurais tendance à être plutôt rassuré. De plus, cela ne touchera malheureusement que le très faible nombre de gens non vaccinés. On est tout à fait capable de gérer ce flux dans les hôpitaux. En tant que médecin je ne le redoute pas, mais je le regrette pour ceux qui ne sont pas vaccinés.

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23 septembre 2021 à 10:10

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