Discourtoisie et ostracisme à l’égard des élus du Rassemblement national : est-ce une attitude démocratique ?

députés rn

La petite chronique de la vie politique fait régulièrement écho de postures d’élus généralement de gauche mais aussi macronistes, qui se traduisent par un ostracisme à l’égard des députés du Rassemblement national ou des attitudes discourtoises qu’une simple civilité devrait proscrire.

Ainsi, le 27 septembre, les députés LFI, PS et une partie des députés Renaissance ont décidé de ne pas participer à un match de football caritatif au motif qu’y prendraient part quatre de leurs collègues du Front National.

Pendant l’été, le député Renaissance Rémi Rebeyrotte avait été sanctionné pour avoir fait un salut nazi vers un élu RN

À Blois, lors de la cérémonie d’hommage aux harkis du 25 septembre, le maire socialiste Marc Gricourt a protesté contre la présence de la conseillère régionale RN Marine Bardet, à qui il a été intimé de retirer son écharpe d’élue, qui représentait le député RN Roger Chudeau retenu en un autre lieu.

À Laon, la présence de Nicolas Dragon, député de l’Aisne, à la cérémonie d’hommage aux victimes de l’antisémitisme du 16 juillet dernier avait causé une polémique. Qu’en aurait-il été s’il n’était pas venu ?

La litanie pourrait être allongée de ces fausses indignations, de ces polémiques surjouées et de ces manques à la courtoisie élémentaire. Mais derrière l’aspect anecdotique, pour désagréable qu’il soit, se cache une vraie question démocratique : y aurait-il des députés de seconde zone ? Des députés qu’il conviendrait de frapper d’ostracisme comme dans les cités antiques ?

La fiction juridique républicaine postule que tout député représente l’ensemble de la nation. Les députés RN comme les autres. Et s’il existe des députés de seconde zone, y aurait-il aussi des électeurs de seconde zone ?

Cette question avait été déjà posée en 1998 quand Jacques Chirac avait condamné l’élection de cinq présidents de région UDF avec des voix d’élus FN, préférant laisser les régions à la gauche. Il avait au demeurant reçu un vibrant satisfecit de François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste ! On aurait pu demander au président de la République de s’appliquer à lui-même les règles qu’il édictait pour les autres, car il avait été indubitablement élu avec des voix d’électeurs frontistes. Car il ne s’agissait même pas d’accords de majorité mais seulement d’accepter des voix.

Il est clair que rien ne peut justifier, en droit, le fait d’exclure ou même de souhaiter l’absence d’élus de la République de certaines cérémonies officielles. C’est, de surcroît, un manque de civilité pour ne pas dire de civilisation. C’est, en fait, instiller un esprit de guerre civile dans une société déjà très divisée contre elle-même.

Cette attitude est en réalité totalement contraire aux principes démocratiques et constitutionnels. Rappelons que l’article 4 de la Constitution énonce : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. » Le Rassemblement national est un parti légalement autorisé et a toujours respecté la légalité républicaine et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette formation a toujours défendu avec vigueur le principe de la souveraineté nationale, indissociable de la démocratie. Jamais ses membres n’ont refusé le verdict des urnes ni tenté de perturber l’activité d’autres formations politiques. Tous ne peuvent en dire autant, notamment à l’extrême gauche.

Nul n’est forcé d’adhérer aux idées du RN, mais le jeu démocratique suppose respect des adversaires et courtoisie, si on considère que la vie politique doit être civilisée. Le plus indécent, c’est qu’à l’origine de cet ostracisme se trouvent des formations ou des personnes qui se réclament ou se sont réclamées de l’idéologie marxiste-léniniste ou de ses variantes dont le bilan, depuis 1917, s’élève au bas mot à 100 millions de victimes. Ce qui, évidemment, qualifie pour faire des vocalises sur les droits de l’homme. Cette outrecuidance gauchiste est habituelle. Le plus affligeant c’est que Renaissance emboîte le pas. Apparemment, certains ont vocation à jouer le rôle des « idiots utiles » chers à Lénine.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

34 commentaires

  1. excellent article …Très juste; ..Un minimum de courtoisie même avec un adversaire politique doit pouvoir être exigé dans un pays civilisé

  2. excellent article …Très juste; …..Un minimum de courtoisie même avec un adversaire politique doit pouvoir être exigé

  3. Les nouveaux fachos , c’est la NUPES . Ils ne tolèrent pas les idées d’autrui . Seuls eux ont LA vérité , la bonne politique . Tous les autres doivent se taire et disparaître . Souhaitons que ces minus habens s’enfoncent dans leur insignifiance .

  4. On assiste au spectacle désolant d’une mafia défendant son territoire contre toute intrusion externe. Rien de plus, rien de moins.

  5. Trois des quatre anecdotes ont pour toile de fond l’antisémitisme. L’enjeu n’est pas la courtoisie : l’enjeu c’est l’exhibition d’une communauté de façon plus ou moins directe. Comme le personnel politique ne compte plus aucun antisémite pour justifier des exhibitions régulières de la communauté, on fait monter sur scène des figurants politiques d’une loyauté républicaine irréprochable qui n’ont rien de révisionnistes ou de négationnistes. Ils sont de gauche assumée (Rebeyrotte) ou transfuge de gauche (Odoul) ou transfuge du RPR (Dragon). Une fois l’exhibition de la communauté terminée et le rideau baissé, les figurants retournent dans l’ombre, sauf Odoul, qui assure le service après-vente sur les plateaux télé (assistée par son assistante parlementaire, Julie Gahinet Benguigui).

  6. Il faut reconnaître que ces élus RN se comportent parfaitement bien à l’Assemblée : ce n’est pas le cas des représentants de la nupes et même de la macronie

  7. Non seulement la courtoisie mais également le patriotisme et le panache ont déserté les rangs de nos compatriotes , en particulier depuis mai 1968 . A cette date , l’élite de notre pays a été brutalement submergée par cette frange de population véreuse qui existe à l’état latent dans toutes les nations . Ces citoyens s’infiltrent partout , pourrissent leur entourage et deviennent très difficiles à contrôler . Nos vrais patriotes , intimement français , parviendront-ils à se réveiller avant que la débâcle soit totale ?

  8. Cette frange de députés vulgaires et insolents ne va pas cracher sur 254 € d’augmentation, il est vrai que quand l’on empoche plus de 7000 €/mois pour vociférer on a bien besoin de cette rallonge pour remplir son frigo…

  9. Ce fameux article 4 de la Constitution « …Ils doivent respecter les principes de souveraineté nationale et de la démocratie… »
    Pas sûr que tous ces députés européistes soient en conformité avec cet article…

  10. Pour comprendre la gauchosphère, il faut avoir à l’esprit que lorsqu’elle parle de démocratie, elle sous-entend que celle-ci est à son usage exclusif. Les luttes qu’elle mène lui servent à accéder au pouvoir, et une fois qu’elle s’y trouve, elle fait tout ce qu’elle peut pour empêcher ses adversaires de prendre ce pouvoir. Pour cela, elle ne recule devant rien en matière de manipulation, de stigmatisation, et d’amalgame. Quand il s’agit de représentants de la droite patriote, on peut se permettre de les traiter de fascistes et de nazis. Le ´´ padamalgam ´´ qu’ils utilisent pour défendre les musulmans, ne s’applique pas quand il s’agit d’élus patriotes. Quand je parle de la gauchosphère, j’englobe naturellement la macronie.

  11. Où sont les républicains, où sont les démocrates ? Manifestement, ils ne son pas de gauche; un républicain et un démocrate se distinguent , en principe, par l’acceptation des résultats du vote majoritaire des citoyens; quand on ne l’accepte pas, cela signifie qu’on n’est ni républicain, ni citoyen

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