Villepin fait ressortir la nullité crasse du gouvernement Macron

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L'ancien ministre des Affaires étrangères était l'invité de l'émission « Quelle époque ! », samedi 11 février, sur France 2. Il a livré sa vision de la diplomatie dans le contexte de la guerre en Ukraine. On avait presque oublié ce que c'était qu'un diplomate. Avec une hauteur de vue qui fait plaisir à entendre, il a commencé par rappeler que, pour la majorité des pays du monde, cette guerre était « une guerre de Blancs, entre Européens ». Raison pour laquelle la ridicule « condamnation par la communauté internationale » de l'invasion russe ne fait trembler que ceux qui la prononcent. Notre vieux monde fatigué, qui donne encore des leçons malgré quarante ans d'engagement derrière les mensonges américains, se prend pour ce qu'il n'est plus. Dominique de Villepin cogne où ça fait mal : il rappelle que Lavrov a été accueilli triomphalement en Afrique, que nous-mêmes en avons été chassés. Il rappelle également, en ces temps de centralisation du pouvoir partout en Europe, que la diplomatie est une affaire... de diplomates. L'ectoplasmique Catherine Colonna, pourtant reconnue dans sa branche, a été à ce point marginalisée que Villepin ne prononce même pas son nom.
Dominique de Villepin est peut-être l'homme d'une victoire, mais pas n'importe laquelle. Lorsqu'en 2003, il a déployé sa haute taille à la tribune des Nations unies pour s'opposer à la stupide et - on le sait désormais - mensongère guerre en Irak des États-Unis, il a ressuscité, pour un instant, la voix unique de la France, singulière, martiale, historique. Dans un discours objectivement superbe, dont la BD Quai d'Orsay a, depuis, dévoilé avec humour les conditions d'écriture, il a su incarner la voix de ce « vieux pays » qui est le nôtre. On peut trouver Villepin grandiloquent, narcissique et pointer ses échecs en politique intérieure, comme les émeutes de 2005 ou le CPE. Tous ces défauts, à l'heure de Macron, nous semblent aujourd'hui bien excusables.

Évidemment, on lui demande pourquoi il n'a pas partagé ces conseils avec Macron. Dominique de Villepin révèle alors qu'il attend depuis un an que le président de la République lui donne audience. Pas le temps, sans doute : quand on reçoit McFly et Carlito ou qu'on décore Zelensky (en survêt') de la grand-croix de la Légion d'honneur, on a un agenda un peu full, bien sûr. On n'a pas de temps pour tout le monde. Or, on l'a dit, si le bilan de Villepin en politique générale peut être remis en question, on ne peut pas lui enlever son professionnalisme en politique étrangère. Mais bon... il doit y avoir des conseillers quelque part pour faire le job.
La « discrétion » de Macron en dit long. L'accaparement des affaires régaliennes par le président lui-même est révélateur de deux choses qui devraient nous inquiéter. La première, qui ne surprendra personne, est son narcissisme infantile, en quoi il est encouragé par la guerre de la communication qui a remplacé le sérieux politique. Cette communication quotidienne exige, chaque jour, ses 280 signes sur Twitter et ses annonces fracassantes. Qu'il s'agisse de la gratuité des préservatifs ou de la négociation avec Poutine, au fond, peu importe. Macron ne fait confiance à personne d'autre qu'à lui et à une poignée de fidèles.
L'autre motif d'inquiétude, corollaire du premier, est la nullité intellectuelle crasse du personnel politique macronesque. Charles Gave avait bien dit, il y a quelques années déjà, qu'il n'y avait rien de bon à attendre d'un homme politique qui s'entourait de gens moins intelligents que lui. Un bon chef ne choisit que des gens plus brillants que lui. Or, autour de Macron, il n'y a que des ternes : vieux chevaux de retour des LR ou du PS, jeunes ambitieux qui ne connaissent rien d'autre que la politique politicienne, arrivistes vénaux et seconds couteaux vaniteux venus du privé. Il dit qu'il doit tout faire lui-même, mais il en a crée les conditions et cela le ravit. Il n'y a malheureusement pas grand-chose à attendre d'une telle configuration.
Dominique de Villepin est-il venu tenter un come-back diplomatique ? Peut-être. La soupe est bonne et la politique est un virus. Ou alors, peut-être le discours de 2003 était-il comme la scène de fin du Guépard (le livre, pas le film). À la fin du roman, quand les filles de feu le prince Salina jettent par la fenêtre du palais le corps empaillé de Bendico, le chien de chasse favori, l'animal semble se dresser une dernière fois pendant sa chute, comme s'il était vivant, dans la force de l'âge, au temps de la splendeur, puis s'écrase par terre dans « un petit tas de poussière livide ». Et puis, il ne reste plus rien. L'avenir nous dira si Villepin était de Gaulle ou Bendico, mais on ne peut s'empêcher d'avoir déjà sa petite idée.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

62 commentaires

  1. L’hôpital qui se moque de la charité… pour laquelle il a appelé à voter !
    Villepin est un fumiste, et ce n’est pas parce qu’il a bien lu un beau discours une fois dans sa vie (l’avait-il seulement écrit lui-même ?) qu’on va oublier ses échecss qui ont un peu plus enfoncé la France.

  2. « … et pointer ses échecs en politique intérieure, comme les émeutes de 2005 ou le CPE. … » … « … Punir la France ».

    Dans les archives, dans les mémoires, dans les aveux des vieux … il faudra retrouver l’histoire des « gavroches et des gavrochettes » qui faisaient la sortie des lycées, et les bonheurs des plateaux (Gavrochette Clémentine Autain). Pourquoi s’étonner qu’il exista aujourd’hui une NUPES avec la nullité crasse d’enfants terribles et que soit installé sous les ors de la République l’infantilisme de drogués à l’atlantisme, à l’OTAN et à la servilité de l’UE..

    Concernant Villepin, il est le dernier a avoir fait entendre la voix de la France, il y a tout juste 20 ans, le 14 février 2003. Il sait très bien contrairement à d’autre qu’il ne peut y avoir de victoire en solitaire.

    Quant au chien BENDICO, ils l’ont laissé tombé … et il est devenu poussière.

    Monsieur Florac, retrouvez le long discours de DE GAULLE du 14 juillet 1943 à Alger … et mesurer la difficulté à faire exister la France. Et pourtant …

  3. en fait nous sommes descendus si bas qu’à l’heure actuelle, n’importe quel  » éléphant » d’avant ferait figure d’intellectuel brillant !

  4. Et pourtant, il y a tous ces « Mineurs-Non-Accompagnés » Africains qui se ruent vers la France honnie, râciste, colonialiste, ….

  5. Tout simplement les bien-pensants bobos ont réélus une BANDE D’ INCAPABLES par peur du RN et nous voyons le résultat dans pratiquement tous les domaine.

    • En République n’importe qui peut accéder au Pouvoir à condition de faire parti de la bande de copains du président.

  6. Bon, en mettant de côté les aigreurs des uns et des autres, il n’en reste pas moins que en 2003 il a redonné à la France une voix, une vision, un panache que la France n’a plus connu depuis lors. Et il est vrai que la diplomacie n’est pas affaire de naïfs comme depuis son leadership de l’époque. On se souvient de Talleyrand, de Couve de Murville, ou Hubert Védrine illustres prédécesseurs de Dominique de Villepin mais après ça, de bien pâles représentants ! Shuman qui fut lui aussi Ministre des affaires étrangères était déjà acquis à l’Amérique (et peut-être même payé par la CIA…) Alors, Macron…

  7. « nullité intellectuelle crasse du personnel politique macronesque »
    Mais qui vote pour eux ? qui s’oppose à eux ? Tout le monde court derrière LFI ……

  8. À première vue une bonne analyse, à ceci près, que je croyais que Villepin avait soutenu la candidature de Macron… Je me trompe?
    Par ailleurs il est noté nulle part que sa politique de dépeçage de la France au profit des petits copains était la même que Macron, notamment avec cet exemple des autoroutes.
    Il serait intéressant de l’écouter se justifier sur ces sujets…

  9. Eh oui, tous les hommes de cette génération avaient été à l’école, eux !
    Ils avaient appris l’Histoire, la Géographie, la Littérature, la Philosophie…

  10. « autour de Macron, il n’y a que des ternes : vieux chevaux de retour des LR ou du PS, jeunes ambitieux qui ne connaissent rien d’autre que la politique politicienne, arrivistes vénaux et seconds couteaux vaniteux venus du privé. »
    Que cela est bien écrit.
    J’adore cette vérité si bien écrite.
    Merci M Florac

  11. Rien à attendre de ce vieux cheval de retour qui veut juste exister, qu a t il fait jusqu à présent bla-bla-bla comme les autres, et tous s efforcent de ressortir des cendres et étouffer les patriotes qui de leur côté ferait mieux de s’unir pour gouverner ce pays en pleine décadence et qui sombre tous les jours un peu plus asphyxié par la dette et bientôt peut être la guerre

    • On attend tout de gens comme vous !! qu’attendez vous pour vous présenter comme député ? Vu le niveau des LFI vous n’aurez pas de peine à faire mieux ou alors plus mal !!!

      • En France si voter servait à quelque chose on s en serait déjà aperçu, c est au peuple de reprendre le pouvoir qui leur est confisqué à coups de 49/3

    • Ce vieux cheval de retour a de réelles compétences et un expérience diplomatique reconnue mondialement, comme d’ailleurs Hubert Védrine. Pensez d’eux tout ce que vous voulez, mais soyez bien certain que nous ne serions pas dans la merde comme nous le sommes dans cette affaire ukrainienne -qui va au minimum nous coûter un bras si tant est qu’elle ne débouche sur une guerre nucléaire- si des gens comme lui étaient aux manettes de la diplomatie française.

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