Deux siècles d’antichristianisme face aux mensonges de LFI

L’Histoire de France contredit nettement les propos de Mme Aubry sur les actes antichrétiens dans notre pays.
Photomontage d'Eugène Appert mettant en scène l'exécution des otages lors de la semaine sanglante de la Commune de Paris - Photo dans le Domaine public
Photomontage d'Eugène Appert mettant en scène l'exécution des otages lors de la semaine sanglante de la Commune de Paris - Photo dans le Domaine public

La déclaration de Manon Aubry selon laquelle « l’assassinat du père Hamel est le seul acte antichrétien depuis la guerre de Vendée » révèle, en vérité, une forte ignorance historique qui en dit long sur la déconnexion qu’entretiennent certains de nos élus avec notre identité culturelle. Car entre les colonnes infernales et le martyre du père Jacques Hamel, deux siècles d’hostilité envers le christianisme ont semé leur lot de persécutions, de discriminations et de violences. Entre des communards anticléricaux, une IIIe République militante et une christianophobie contemporaine, l’Histoire de France contredit nettement les propos de Mme Aubry.

Les martyrs chrétiens de la Commune de Paris

La Commune de Paris, qui dura du 18 mars au 28 mai 1871, fut un événement marqué par un anticléricalisme virulent. L’Église catholique, assimilée à l’ordre bourgeois et à la répression, devient la cible de représailles féroces. Très vite, les églises sont profanées, les objets liturgiques détruits, les processions interdites et les ecclésiastiques arrêtés voire pire. Ainsi, le 24 mai, l’archevêque de Paris, Mgr Georges Darboy, fut fusillé avec cinq autres ecclésiastiques à la prison de la Roquette. Deux jours plus tard, rue Haxo, cinquante autres otages sont exécutés, dont trente-six gendarmes, quatre civils et dix religieux. Parmi eux, le père Henri Planchat ainsi que plusieurs membres des Pères de Picpus, reconnus martyrs puis béatifiés par feu le pape François en avril 2023.

Encore aujourd’hui, cette haine communarde à l’encontre des chrétiens persiste dans l’esprit de certains revanchards, comme Thomas Guénolé, qui, assumant leur ressentiment contre l’Église et n’acceptant pas leur ancienne défaite idéologique, demandent que la basilique du Sacré-Cœur soit rasée, signe ostentatoire de la victoire d’une France sur une autre.

Une IIIe République bouffeuse de curés

Cependant, si la IIIe République n’a pas versé dans la violence insurrectionnelle de la Commune, elle a néanmoins déployé une stratégie plus froide mais tout aussi déterminée pour affaiblir l’Église. L’œuvre de Jules Ferry, dans les années 1880, inaugure un processus de laïcisation agressif. L’école publique devient non seulement gratuite et obligatoire, mais surtout laïque, au prix de l’éviction brutale des congrégations religieuses de l’enseignement. Les religieuses, qui tenaient les écoles depuis des siècles, se voient ainsi interdire toute fonction éducative, tandis que les écoles confessionnelles ferment par centaines.

Cette politique se radicalise au tournant du siècle. Les gouvernements de Pierre Waldeck-Rousseau puis d’Émile Combes intensifient la lutte contre les congrégations, jusqu’à expulser manu militari les religieux de leurs monastères. La fermeture de la Grande Chartreuse, en 1903, et l’expulsion des moines sous escorte de gendarmes et de soldats, comme s’il s’agissait de dangereux terroristes, symbolisent l’ampleur de cette politique antireligieuse.

À la même époque, l’affaire des fiches éclate : des officiers catholiques sont fichés par l’armée afin de bloquer leur avancement, simplement à cause de leur foi. L’État laïque verse alors dans la discrimination systématisée.

La loi de 1905, qui proclame la séparation des Églises et de l’État, achève ce cycle de confrontation. Présentée comme un compromis, elle ouvrira la porte à de nombreux différends, notamment à propos de la gestion des biens de l'Église qui fera naître la Querelle des inventaires. Derrière le masque de la neutralité, la République, influencée par « les bouffeurs de curés », a mené une véritable guerre contre le catholicisme, au nom du progrès et de la raison.

Encore aujourd’hui …

À rebours de la thèse d’un antichristianisme relégué au passé, les faits récents prouvent également que les chrétiens sont encore aujourd’hui la cible d’actes hostiles, parfois violents. Contrairement aux idées reçues, la majorité des actes antireligieux recensés chaque année en France visent le christianisme. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, en 2023, près de 1.000 actes antichrétiens ont été recensés, en 2023. Hosties profanées, tabernacles brisés, croix renversées, statues détruites : ces gestes trop souvent qualifiés simplement de vandalisme relèvent, aux yeux des croyants, d’un véritable sacrilège.

À cela s’ajoutent des incendies criminels de plus en plus fréquents. Chaque semaine ou presque, des chapelles rurales ou urbaines sont dégradées dans l’indifférence médiatique, sans parler des calvaires, des statues religieuses que des associations militantes voudraient faire disparaître de la voie publique au nom de la laïcité. Enfin, les agressions physiques contre les chrétiens se multiplient. Le cas du père Jacques Hamel, assassiné en pleine messe en 2016 par un djihadiste, est emblématique, mais non isolé et malheureusement pas le dernier. En effet, le 17 mars dernier, un prêtre de 96 ans a été violemment agressé à Cambrai par de sinistres individus. Plus récemment, le 10 mai, à Avignon, un autre prêtre a été copieusement insulté par une bande de jeunes qui n’ont pas hésité à proférer des menaces d’incendier son église.

Ainsi, l’affirmation de Manon Aubry ne résiste pas face à la vérité historique. Elle ne se contente pas d’ignorer deux siècles de persécutions : elle efface une réalité contemporaine inquiétante. En niant l’existence d’une christianophobie prouvée, elle contribue à renforcer une forme d’aveuglement idéologique et une logique perverse qui consiste à ne reconnaître qu’un seul type de haine religieuse - l’islamophobie, dans le cas de LFI - pour des raisons purement électorales. Or, le mépris du christianisme, qu’il soit ancien, institutionnel ou contemporain, mérite lui aussi d’être connu et dénoncé, par respect pour toutes les victimes d’hier, d’aujourd’hui et malheureusement de demain.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

25 commentaires

  1. A propos des fiches dans l’armee on raconte que le commandement aurait demandé au colonel Foch de désigner ceux de ses officiers qui allaient à la messe et qu’il aurait répondu: je suis toujours au premier rang et je ne me retourne pas.

  2. Ecouter ces LFI c’est franchement ne rien avoir d’autre à faire. Menteurs, falsificateurs. Ce parti fait tout pour détruire notre pays et conduire à des faits gravissimes qui, ils l’espèrent les amèneront au pouvoir.

  3. Ah…les Inconnus et leur célèbre sketch sur « les bons et les mauvais chasseurs »…Là, pour LFI (qui, au passage, en connaît un brin sur la consommation des drogues dures…), il y a le bon et le mauvais « opium du peuple », en quelque sorte…

  4. Le I de LFI ne veut pas dire Intelligent, ça se saurait et puis quand on veut vraiment rien savoir c’est facile, ;la mauvaise foi et les mensonges sont leurs marques de fabrique, rien à attendre de ces gens , qui en plus falsifient l’histoire à leur guise et ça c’est grave

  5. L’île Madame : Au sud-est de l’île, une grande croix de galets posée à même le sol, marque l’endroit où furent ensevelis 254 des 829 prêtres réfractaires déportés et morts en 1794. Ce site est la destination d’un pèlerinage tous les ans au mois d’août : les participants traversent la passe aux Bœufs à pieds avec un galet en main qu’ils déposent à l’arrivée sur la croix. 829 prêtres réfractaires, ayant refusé de prêter serment à la constitution civile du Clergé, furent emprisonnés à bord des pontons de Rochefort, puis au large de l’île d’Aix enfin sur l’île Madame. 547 d’entre eux moururent de maladie et d’épuisement, 254 sont enterrés sur l’île Madame, 226 sur l’île d’Aix, et 67 à Rochefort. 64 prêtres réfractaires, dont Jean-Baptiste Souzy, nommé par l’évêque de La Rochelle, vicaire-général, pour soutenir ses compagnons, ont été béatifiés par le pape Jean-Paul II en 1995.

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