Le déclin français est-il définitif ?

Deux données chiffrées devraient inquiéter les Français. Elles contiennent cependant une bonne et une mauvaise nouvelle. Commençons par la bonne : le tourisme international a repris le chemin de notre pays. On peut espérer 88 ou 89 millions de touristes étrangers en France en 2017. L'horizon 2020 se situe à 100 millions, ce qui devrait conduire à 50 milliards d'euros de recettes et à la création de 300.000 emplois. Globalement, le tourisme français se porte mieux cette année, avec 97 millions de nuits d'hôtel sur le premier semestre - le record de la décennie. C'est un secteur économique qui représente 8 % du PIB et occupe deux millions de travailleurs. Le cocorico doit s'arrêter, car d'autres font mieux que nous.

Surtout, ces chiffres sont en contraste avec ceux de notre balance commerciale, qui devient catastrophique sans que l'on s'en préoccupe beaucoup. Le creusement du déficit commercial de la France a atteint 8 milliards sur les six premiers mois de l'année pour un total de 34,4 milliards d'euros de déficit - un record. C'est l'industrie manufacturière nationale qui représente la plus grande part de ce recul, avec 3,8 milliards. En second lieu, ces mauvais résultats tombent après la mise en place timide et tardive d'une politique de l'offre avec le CICE et le Pacte de responsabilité et de solidarité. Ce changement majeur de la gauche sur l'économie a été insuffisant dans sa mise en œuvre. Cet échec que traduisent les chiffres de notre commerce extérieur est d'autant plus grave qu'on peut aujourd'hui considérer que notre déficit n'est pas conjoncturel mais structurel, qu'on aura le plus grand mal à y remédier, compte tenu de ce que sont l'économie et la société françaises. Lorsque la croissance repart, modérément, l'amélioration du pouvoir d'achat et la hausse des investissements engendrent une augmentation de nos achats à l'étranger.

En troisième lieu, la comparaison européenne est humiliante et angoissante. La France est distancée par l'Allemagne, dont elle s'écarte pour se rapprocher des pays du Sud. L'Allemagne a engrangé 122,5 milliards d'euros d'excédents sur les six premiers mois de l'année, en léger recul, car les Allemands, s'ils ont exporté plus que l'année dernière, ont aussi importé davantage. Or, notre part du marché allemand recule au profit des pays de l'Est européen et d'Asie. La réputation de la qualité allemande jointe à la modération des coûts favorisée par les réformes courageuses menées entre 2002 et 2005 déséquilibrent nos échanges avec l'Allemagne. Dans le passé, la dévaluation pouvait compenser. Ce n'est plus possible.

On pourrait maudire les gouvernements de gauche comme de "droite" qui, par idéologie ou par démagogie et lâcheté, n'ont pas opéré le redressement préconisé par certains. Je pense toujours à la TVA sociale, que j'ai toujours soutenue. Le drame, c'est qu'en tergiversant, en faisant le contraire ou autre chose, de manière plus compliquée, nous avons été doublés par tous nos partenaires et concurrents qui ont augmenté la TVA et baissé le coût du travail. Aujourd'hui encore, les socialistes au faux nez libéral qui nous gouvernent veulent augmenter la CSG et non la TVA afin que la baisse du coût du travail soit financée par les Français uniquement et non par les touristes étrangers et les importations aussi. Notre relative réussite touristique, handicapée par le coût de nos services, jointe à notre débâcle industrielle pourrait être caricaturée : la France, vaste zone de loisirs, à côté d'une Allemagne maîtresse de l'industrie, n'est-ce pas ce dont rêvaient les nazis dans les années 1940 ?

Plus que jamais, c'est une révolution qui s'impose. Certes, notre industrie a amélioré ses marges en priorité et s'équipe - surtout à l'étranger - pour rebondir, mais si la France veut échapper au déclin, des réformes structurelles considérables s'imposent, avec pour premier objectif la baisse de la dépense publique dans tous les domaines non régaliens. Un effort doit être fourni dans le domaine de la recherche en lien avec l'agriculture et l'industrie. Pour que cette révolution salvatrice ait lieu, il est nécessaire qu'un changement politique radical ait lieu. Le narcissisme du "chef", l'amateurisme et la confusion des troupes ont sans doute déjà gâché l'occasion de la dernière élection.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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