Le discours de Gérald Darmanin avait bien commencé. Lors de la cérémonie en hommage au père Hamel assassiné il y a cinq ans, derrière son pupitre, le ministre de l'Intérieur est à la hauteur de l'émotion de ce triste anniversaire. Le ton est juste. Les mots appropriés au drame qui choqua les Français : « Assassiner un prêtre dans son église, n'est-ce pas profondément toucher l'âme de la France ? » Jusque-là, tout va bien.

« En touchant l'Église catholique, les terroristes n'ont pas simplement touché ceux qui croyaient en Dieu, mais ils ont évidemment touché tous les Français. » On ne pourrait mieux dire. Quel talent ! Quelle plume !

La tenue de l'intervention ministérielle commence hélas à donner quelques signes de faiblesse avec l'évocation d'autres attentats islamistes… « La barbarie auquel nous nous confrontons depuis de nombreuses années… » Accident de plume. Ce sont des choses qui arrivent. La grammaire arrivait de la droite, l'auteur ne l'a pas vue venir. Boum ! Tant pis, il faut continuer vaille que vaille. Le discours est un peu cabossé mais il peut tenir jusqu'à destination. Allez… reprenons le fil de notre pensée.

Et tous ces crimes et exactions (le ministre fait allusion à Mohammed Merah et aux assassinats de policiers) sont une « barbarie qu'il est bien difficile de combattre, tant elle n'a pas de nationalité et, oserais-je dire… » Le ministre s'interroge à haute voix et se jette à l'eau : « et, oserais-je dire… pas de religion ». Effectivement, il fallait oser, mais le ministre a le mérite d'avoir prévenu qu'il allait tenter l'impossible. Les âmes sensibles avaient le temps de quitter la salle…

Devant un public constitué de proches du père Hamel et après avoir clairement pointé du doigt l'islamisme, affirmer que tout lien avec une religion est inexistant constitue l'exploit du jour.

Mine de rien, Gérald Darmanin vient d'inventer le concept de l'athée qui fait cinq prières par jour. De Tahiti, Macron l'appelle et le félicite. Il lui ramènera des fleurs. La trouvaille est de taille. Du « en même temps » de compétition !

Désormais harcelé par les historiens qui tiennent à connaître la couleur exacte du cheval blanc d'Henri IV, le ministre a fait savoir qu'il livrerait le fruit de ses recherches avant la prochaine cérémonie en hommage aux morts encore vivants de l'honnête délinquance de banlieue.

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28 juillet 2021 à 10:05

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