On attendait avec impatience le retour du ministre de l'Education nationale et son nouveau protocole sanitaire de rentrée. Le terrain avait été un peu déblayé puisqu'on nous avait dit que le passe sanitaire ne s'appliquerait pas à l'école. Dans la Macronie, on tient à certains principes. Vous savez, ces principes d'il y a deux mois qui disaient qu'on ne saurait discriminer les citoyens, ni restreindre les libertés de certains, etc. Donc pas de passe sanitaire ni dans les écoles, ni dans les collèges ni dans les lycées ni dans les universités. Et en effet, ce 28 juillet au matin, Jean-Michel Blanquer est venu réaffirmer le principe : "Le passe sanitaire n’a pas vocation à exister dans les établissements scolaires".

Mais, dans un "en même temps" de très haut vol, il a annoncé la création de facto d'un passe sanitaire pour les collégiens et lycéens. Certes il a déclaré au micro de France Info : "Pour l'enseignement primaire, quand il y aura un cas de contamination, on fermera la classe." Jusque là, tout va bien, c'est l'ancienne règle qui s'applique, puisque la vaccination n'est pas ouverte aux moins de douze ans. Mais c'est le traitement du cas des collégiens et lycéens par le ministre qui a surpris les auditeurs : "S'agissant de l'enseignement secondaire, s'il y a un cas de contamination, ce sont les élèves non vaccinés qui seront évincés, mais pas les élèves vaccinés. C'est évidemment une forte incitation à être vacciné. Je précise que ceux qui ne seront pas vaccinés seront en enseignement à distance."

La journaliste a immédiatement pointé "l'inégalité" que va créer cette mesure. On pourrait y ajouter la question du secret médical, et du passe sanitaire : qui saura, contrôlera dans les établissements que tel élève est ou n'est pas vacciné puisque, apparemment, le passe sanitaire n'est pas de mise dans le milieu scolaire ? D'autant plus que le ministre a bien confirmé que les non-vaccinés n'auraient pas non plus accès aux sorties scolaires : cinéma, expositions, etc.

A quelques jours d'une nouvelle manifestation anti-passe sanitaire, ces nouvelles restrictions qui équivalent à une extension de fait du passe sanitaire et à une pression supplémentaire en faveur de l'obligation vaccinale des mineurs, avec les reniements et l'hypocrisie qui les accompagnent, risquent d'attiser un peu plus la colère.

Il sera intéressant d'observer comment vont se positionner à la fois les associations de parents d'élèves, mais aussi les syndicats d'enseignants. Peut-être que la défenseure des droits aurait aussi son mot à dire, non ?

On pourrait aussi questionner le ministre sur ses non-dits : et les professeurs non vaccinés ? les adultes de l'établissement ? Passe ou pas passe ? Ou passe sans le dire, en mode "évincés" ? Là encore, sur l'obligation vaccinale pour les professeurs que l'on voit bien venir, le "en même temps" a été de mise : "A ce stade, ça ne nous paraît pas indispensable. Le pourcentage de professeurs se vaccinant est très important, je pense que ça a dépassé les 80 %. Il faut que ce chiffre aille le plus possible vers 100 % pour que nous ne devions pas aller vers l’obligation vaccinale, c’est le dernier recours. Si le pourcentage est trop faible, de professeurs vaccinés, on devra aller vers cela."

Surtout, on retiendra la syntaxe et le vocabulaire particulièrement stigmatisants de notre ministre : "Ce sont les non vaccinés qui seront évincés".

Évincer, selon le Petit Robert, c'est : 1) Déposséder juridiquement 2) Déposséder quelqu'un par intrigue d'une affaire, d'une place (chasser, écarter, éliminer, éloigner, exclure).

8143 vues

28 juillet 2021 à 11:16

Pas encore abonné à La Quotidienne de BV ?

Abonnez-vous en quelques secondes ! Vous recevrez chaque matin par email les articles d'actualité de Boulevard Voltaire.

Vous pourrez vous désabonner à tout moment. C'est parti !

Je m'inscris gratuitement

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.

Les commentaires sont fermés.