Crise sanitaire : qui sont les gagnants ?
La pandémie de Covid-19 a montré à quel point un virus respiratoire peut bouleverser les mœurs sociales. Du reste, elle a révélé le vrai visage des sociétés libérales et démocratiques, tant leurs points forts que leurs points faibles. Puis on comprend mieux de quelle manière la mondialisation fonctionne : via la haute finance totalement déconnectée de l’économie et de l’industrie. La preuve : dès le mois de mars, les banques centrales étaient promptes à se porter garantes des dettes d’État, notamment à l’endroit des pays européens, particulièrement impactés par ce virus chinois. Comme en 2008, le procédé reste le même : la production massive de liquidités. Voilà pourquoi les marchés ont continué à opérer sans difficulté durant les périodes de confinement.
En France, 32.365 décès sont recensés, ceci montrant les grandes failles de notre système de santé. Sans oublier le divorce entre les médecins-chercheurs et les modestes soignants. Certes, il aura été plus aisé de préconiser des « gestes barrières » que de monter au créneau contre les hauts fonctionnaires, ceux qui n’auront eu de cesse de supprimer des lits et de nous gaver de spots anxiogènes : la dure victoire de la comptabilité sur la santé. Un bal de faux-culs ! Car le rôle des médecins est de sauver des vies, mais certainement pas en annihilant la vie. En résumé, nos soignants, comme nos enseignants d’ailleurs, ne sont que de la chair à canon, des êtres corvéables à merci et coincés entre ces deux alternatives : le silence au mieux, ou le suicide au pire. Définitivement, la haute fonction publique est, et sera, une machine à produire des normes et à broyer les personnes. Ou quand les technocrates de Bercy mènent encore la danse.
Seulement, le supposé « progressisme » ne s’est pas arrêté là : les plates-formes numériques n’auront jamais autant accumulé de data et de profits (des hausses de 15 à 20 %, en mai dernier), tous les échanges se réduisant à la télétransmission ou à la commande à distance. En outre, le fossé a atteint une profondeur inégalée entre les plus riches et les plus pauvres : il était si simple de dévaliser les supermarchés de campagne, ou bien de se faire livrer de son appartement à tour de bras. Plus généralement, l’économie occidentale s’est intégralement mise dans la main de la Silicon Valley. Parce qu’in fine, les « applis » et le télétravail sont les dernières trouvailles du capital tel que Marx l’avait pensé. En l’occurrence, faire accomplir les tâches à domicile augmente considérablement les heures d’activité. Pire encore : les locaux de l’entreprise peuvent être cédés. Conséquence : les bénéfices sont considérables pour le grand patronat et les grandes enseignes (de restauration rapide, par exemple).
Mais qui auront été les perdants ? La Chine au niveau mondial, puis la Macronie au niveau national. La première se serait bien passée de cette terrible contre-publicité, principalement depuis le soft power qu’elle avait amorcé en 2008, avec les Jeux olympiques de Pékin. Quant à la dernière, celle-ci n’aura fait que briller par ses multiples tergiversations ainsi que par sa lâcheté : « jamais masqués », « toujours masqués », centralisme, décentralisation, etc. En bref, l’imitation en matière de coercitions au nom du principe de précaution. Du moins, tant que continuera cette tragique revanche du microcosme contre le macrocosme…
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