Crise sanitaire dans les collectivités territoriales : qui paiera la facture ?

masque jeté

La facture du Covid est tombée pour les collectivités territoriales, et elle est salée. Pour la seule ville de Paris, elle s’élève à 1,2 milliard d’euros : 800 millions d’euros en 2020 et 400 millions d’euros en 2021. Entre les plans de soutien pour les familles démunies et les dépenses supplémentaires liées à la protection des habitants de la ville, il n’est pas étonnant que le montant soit astronomique. Ce qui l’est plus, c’est la manière dont ces frais ont été gérés : le financement de ces dépenses a en effet été laissé en quasi-totalité aux communes françaises, qui encaissent maintenant, livrées à elles-mêmes, le contrecoup d’une politique sanitaire dont la gestion reste mitigée. Nombreux sont les maires qui déplorent cet abandon des collectivités locales par l’État, à l’exemple du maire de Combs-la-Ville (77), Guy Geoffroy, également président Les Républicains de l'Association des maires de Seine-et-Marne. Sollicité par Boulevard Voltaire, celui-ci explique que « l’État a beaucoup soutenu les entreprises qui risquaient de se trouver en grandes difficultés du fait de l’arrêt de leur activité, tandis que le monde des collectivités locales n’a pas été bénéficiaire d’une telle aide » « Durant deux ans, nous avons dû regarder de très près la moindre recette d’un côté et la moindre dépense de l’autre. Il faudra un recul de plusieurs années pour mesurer l’impact financier exact de la crise sanitaire sur les collectivités », ajoute-t-il. S’il reconnaît un excellent fonctionnement du duo maire-préfet durant la crise sanitaire, les représentants de l’État faisant montre d’une grande disponibilité envers les collectivités locales, Guy Geoffroy évoque une gestion plus chaotique au niveau national. « Au plan local, les outils de l’État ont bien compris qu’on avait des difficultés et qu’on s’inquiétait. Au niveau national, l’État a une fois de plus décidé que les collectivités locales avaient les moyens de faire face à tout ça. Nous nous sommes donné les moyens par déduction de crédits affectés à d’autres effets. Nous avons, au plus gros de la crise sanitaire, ressenti un véritable abandon de l’État. » Pour exemple, sur les 17.000 euros engagés dans l'achat de capteurs de CO2 imposés dans les salles de classe, 5.000 euros ont été pris en charge par l'État. À l’heure actuelle, impossible de déterminer combien les mesures mises en place ont coûté à la commune. Pour sa part, le maire de Combs-la-Ville a pris le parti de ne pas faire peser sur ses habitants le contrecoup de la crise : « Dans ma commune, j’ai fait le choix d’extrême prudence qu’il y ait un rétablissement avant même qu’on s’aperçoive qu’il y ait des déséquilibres. On a finalisé 2021 dans un équilibre qui a permis de sauvegarder notre politique budgétaire. Je n’ai pas voulu m’engager sur la voie qui aurait consisté à augmenter les impôts locaux. Je ne touche pas à la taxe foncière. Je ne jette pas la pierre à ceux qui ont dû appuyer sur le levier fiscal, ils le font en conscience. En ce qui me concerne, les équilibres ont pu être maintenus », conclut-il.

D’autres communes n’ont, quant à elles, eu d’autre choix que de mettre à contribution leurs habitants pour sortir de ce bourbier des plus inconfortables. Un recours que les Français pourraient commencer à trouver répétitif… Ainsi plusieurs maires envisagent-ils d’augmenter la taxe foncière, déjà considérablement alourdie par la suppression de la taxe d’habitation enclenchée en 2019. C’est le cas à Évry-Courcouronnes (Essonne), Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ou encore Roissy-en-France (Val-d’Oise). D’autres communes augmentent les tarifs sur le scolaire ou le périscolaire, comme Triel-sur-Seine (Yvelines)… Des solutions cache-misère qui font à nouveau porter aux Français le poids d’un désintérêt des politiques pour leur pouvoir d’achat.

Travailler dans un cabinet de conseil semble être, par les temps qui courent, une option plus lucrative : les collectivités locales ont travaillé d’arrache-pied durant deux ans pour mettre en œuvre les directives contradictoires - et parfois ubuesques - du gouvernement, pour payer ensuite de leur poche les menues dépenses, quand d’autres ont fourni des résultats plus que médiocres pour un financement qui dépasse l’entendement. Le compte en banque de l’État n’est pas un puits sans fond, et il faut bien décider à qui vont les milliards. Sur la manière dont ils sont distribués, bien sûr, on pourrait discuter…

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

13 commentaires

  1. La gestion désastreuse de la crise sanitaire ( pourtant gérée par l’onereux cabinet Mc Kinsey ) va commencer à se faire lourdement sentir…. Les con tribuables devront payer l’incompétence et les aberrations de ce gouvernement qui dilapide et ruine la France depuis 5 ans.

  2. Pourtant il suffit de demander et d(appeler à voter Macron. Le carnet de chèque est sorti. Cela ne coûte rien, c’est l’Etat- c’est-à-dire nous – qui paye !

  3. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs… A quand une vraie décentralisation?
    Ces dernières années, plus on en a parlé, plus l’Etat s’est arrogé tous les pouvoirs…

  4. Qui paie ? Mais la réponse est toujours là même. Invariablement, le con-tribuable !
    Selon le vieux principe, les uns dépensent sans compter (ce n’est pas leur pognon !), les autres paient.

  5. On ne va pas pouvoir cacher beaucoup plus longtemps la réalité sur la gestion de la crise sanitaire, pour constater que toutes ces dépenses qui endettent lourdement notre pays pour plusieurs générations, nous asservissant délibérément à la BCE, n’avaient aucune justification sanitaire réelle.Macron y a vu l’opportunité, sur les conseils de McKinsey sans doute, d’accélérer le processus visant à l’avènement d’une Europe fédérale et politique… dont il se verrait bien être le Président !

  6. Ben c’est nous et les générations futures qui paieront les errements de ce quinquennat et très cher.

  7. Les mêmes qui crachent déjà dans les bassinets de l’Etat pour payer les retraites des fonctionnaires qui partent aujourd’hui encore entre 55 et 58 ans avec des avantages loin de ceux qui les financent. C’est cela le service au public, il ne marche plus que dans un seul sens. Le monde est devenu fou.

  8. Qui paiera la facture ? Nous, les cochons de payants avec l’explosion de la taxe foncière et autres impôts divers. L’imagination de l’État à ce sujet est sans limites.
    Ils viendront jusqu’à chercher notre dernier sac de farine planqué dans le grenier.

  9. Oui, c’est clairement un scandale, sachant que les dépenses continuent. Maintenant que la peur est bien instillée partout, difficile de ne pas répondre aux demandes de gels, gants ou masques en tout genre, afin de rassurer les publics et agents qui s’y sont habitués… Une manne énorme pour les officines qui ont fait entrer leurs produits dans le quotidien de beaucoup de personnes. La société du « care  » et du risque zéro, on sait à qui ça profite et où ça mène….

    • Ce n’est pas aux communes de régler les factures de gels, gants ou masques, ces produits sont en vente libre dans les commerces et pharmacies, c’est aux citoyens de se prendre en charge et d’assumer leur peur.

  10. Pfizer, Mckinsey et compagnie ont couté cher aux français pour un résultat médiocre .Macron , encore une fois , délaisse le peuple au profit des petits copains , sur le dos du peuple bien sur ,qui paie .Que d’argent dilapidé inutilement .Ne pas oublier que nous sommes le pays le plus taxé alors nous demandons des explications claires à ce gouvernement d’incapables .

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