Crise des sous-marins : la politique de la crise d’adolescence

fureur
Face à la gifle monumentale administrée à notre industrie par l'administration Biden, le moins que l'on puisse dire est que la main de la France n'a pas tremblé. Premier acte de ces mesures de rétorsion impitoyables (éloignez les enfants de l'écran) : l'annulation d'un cocktail prévu par l'ambassade de France à Washington. Rien que ça. Immédiatement prévenu par une ligne sécurisée, Joe Biden a desserré sa cravate et avalé sa salive avec angoisse. Le ton de notre ambassadeur ne laissait guère de place au doute : « If iou canceul ze submarines, oui canceul ze sneïls" (« Si vous annulez les sous-marins, nous annulons les escargots »). Fair enough, comme on dit là-bas.

Deuxième temps de ce calendrier d'airain (attention les yeux) : le rappel de nos ambassadeurs, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Australie. Quelque part dans les couloirs du Kremlin, et au siège du Parti communiste chinois, les analystes se perdent en conjectures sur la signification de gestes politiques apparemment excessifs, prélude à un possible emploi de l'arme nucléaire. La sueur perle sur les fronts. Jean-Yves Le Drian dit qu'il y a crise parce qu'« il y a eu mépris ». Il est aussi fort en syntaxe que son ancien patron. On dirait Benoît Poelvoorde, dans le rôle de Monsieur Manatane, éructant « Je suis colère les enfants, je suis colère ! Je suis violence parce que je suis trahison ! » Impayable Jean-Yves.

Voici maintenant qu'on apprend que l'irréparable, ou presque, vient d'être commis ; jugez plutôt : le ministre des Armées, Florence Parly, vient d'annuler une rencontre prévue cette semaine avec son homologue Ben Wallace. On murmure que certains paparazzi ont surpris Mme Parly sortant d'un magasin de fermetés avec un imposant paquet à la main. On imagine d'ici, dans la boutique, le dialogue avec le marchand d'indignations :
- « Que prendrez-vous, Madame? Une grande fermeté, comme d'habitude ? Monsieur Darmanin en est généralement très content ; il s'en sert à chaque fois pour condamner les viols et les caillassages. »
- « Non, pas cette fois ; cette fois, c'est différent. Il me faudrait quelque chose de spécial. C'est pour les Anglo-Saxons. »
- « Ah, je vois. Dans ce cas, je vais aller chercher mon échelle. Nous avons, en haut de l'étagère (le marchand baisse la voix) la plus grande de toutes les fermetés. »

Le masque martial du ministre se plisse de contentement. Ils vont voir ce qu'ils vont voir, les rosbifs. On va les condamner avec la plus grande fermeté.

Ils sont amusants, vus de l'extérieur, les Français. Rebelles mais dérisoires. Trépignant d'impuissance comme des enfants de deux ans dans leur parc. Ou plutôt comme ces ados qu'on voit dans les séries, vous savez, ceux qui sentent des pieds et claquent les portes, en laissant à l'entrée de leur chambre un mot « Interdit aux parents » alors qu'ils sont totalement incapables d'aller vivre ailleurs. Ainsi de la France avec l'OTAN et les États-Unis. « Laissez tomber, diront les parents américains, dans la salle à manger, aux grandes sœurs australienne et anglaise. C'est votre petit frère français qui se sent trahi. Quand il grandira, il comprendra. »

Quelle dose de bêtise, d'idéalisme, d'atlantisme niais a-t-il fallu à la France, depuis Sarkozy, pour croire que les États-Unis avaient besoin d'alliés ? Il ne leur faut que des vassaux. Depuis l'opération Overlord (qui, au passage, signifie « suzerain »), Washington cherche à faire du Vieux Monde une colonie culturelle, militaire et économique. Quelle clé de lecture notre personnel politique, qui connaît tout cela par cœur depuis la classe prépa, n'a-t-il pas voulu utiliser?

On attend avec gourmandise, en tout cas, la suite de ces terrifiantes représailles. Ca doit bien rigoler, de l'autre côté de l'Atlantique...

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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