Couvre-feu pour les mineurs à Joué-lès-Tours : cette mesure n’est même plus efficace

voiture brûlée

Après Marmande et Montceau-les-Mines, Joué-lès-Tours vient d'expérimenter, cette année, un couvre-feu pour les mineurs de moins de 17 ans. Lundi, le maire LR a signé un arrêté leur interdisant de circuler, dans "des zones sensibles de la ville", entre 22 heures et 6 heures, s'ils ne sont pas accompagnés d’un adulte : une mesure qui devrait s'appliquer jusqu'au 24 janvier. Les agressions commises depuis novembre, les incendies de voitures l'ont convaincu qu'il n'y avait guère d'autre solution. Mais, au point où on en est, cette mesure ne suffit même plus.

Cette atteinte à la liberté de ces chers petits a ému les âmes sensibles de gauche : empêcher de jeunes mineurs de commettre des délits à 2 heures du matin, quel crime abominable ! L'opposition socialiste critique cette mesure de facilité. La gauche, depuis Jospin, a rarement troqué son angélisme contre une pincée de réalisme. Seul Chevènement avait osé parler de « sauvageons » pour désigner les délinquants, provoquant un scandale.

Un conseiller municipal a déclaré que "punir a toujours été plus facile que trouver des solutions efficaces et durables pour retrouver l’apaisement". Un autre estime que "le couvre-feu n’est pas la réponse durable aux actes d’insécurité" : pour remédier à ce fléau, il faut "mobiliser et accompagner les parents en difficulté, protéger les jeunes des dérives délinquantes". Bref, pas de répression mais de la prévention ! Comme si la répression excluait toute prévention.

Le maire explique sa décision : "Je ne suis pas le shérif de la ville [...], mais je dois la sécurité à mes administrés." Quoi de plus sensé ? Il ne dit pas autre chose qu'un conseiller du Rassemblement national, qui use d'un langage plus cru, voyant dans cette mesure un signal fort envoyé à "cette racaille impunie" : après tout, il ne fait que reprendre le terme employé par Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, le 25 octobre 2005 : "Vous en avez assez, de cette bande de racaille ? Eh bien, on va vous en débarrasser !"

Bien sûr, la gauche trouve des excuses à la délinquance des quartiers, qui s'amuse, notamment dans les périodes de fêtes, à brûler des voitures, souvent celles des plus modestes – les autres ont un garage et n'habitent pas dans les zones visées. Il faut bien que nos jeunes trouvent des occupations car, comme chacun le sait, les gouvernements ne font aucun investissement pour qu'ils puissent se distraire. Les élus locaux singent les instances nationales : l'idéologie travestit la réalité.

Quelques maires ont fini par tirer la sonnette d'alarme. Ils ont compris que la délinquance, petite ou grande, n'avait pas que des causes sociales. Curieusement, c'est une catégorie de jeunes qui s'y adonne le plus. On n'a pas le droit de les citer : ce serait de la discrimination ! Et pourtant, c'est un fait. Les raisons en sont multiples : la victimisation, la culture de l'excuse, l'absence de peines dissuasives, la haine de la France...

Le couvre-feu pour les jeunes mineurs n'est pas la panacée. C'est un pis-aller. Mais si des maires y ont recours, c'est parce qu'ils ont le devoir de protéger leurs concitoyens. Les coupables de cette situation, ce ne sont pas les édiles qui montrent un peu de fermeté, ce sont tous ces bien-pensants, le plus souvent de gauche, qui préfèrent les coupables aux victimes.

Malheureusement, le couvre-feu, même s'il permet de réduire les violences, ne suffit pas à maintenir le calme : dans la soirée de Noël, quinze véhicules ont encore été incendiés à Joué-lès-Tours ; les policiers ont réussi à interpeller un adolescent, malgré l'hostilité du groupe. D'ici que nos angéliques bien-pensants en tirent un argument supplémentaire pour dénoncer toute forme de répression !

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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